En pleines négociations, le cigarettier a annoncé avoir soumis son plan social à l’arbitrage, faute d’accord. Une décision irresponsable et irrespectueuse selon Unia
A peine un mois après le début des négociations du plan social, faisant suite à l’annonce de la suppression de 268 des quelque 1100 postes fixes à Genève, Japan Tobacco International (JTI) crée la surprise. Alors qu’une nouvelle rencontre avec la délégation du personnel était prévue en début de semaine, la direction a annoncé le 7 novembre sa décision de rompre les négociations en cours et de soumettre le plan social au Tribunal arbitral, «avec pour objectif de parvenir à un jugement juste et raisonnable», selon leur communiqué de presse. «Malgré le fait que la valeur totale de la dernière proposition de la société pour les indemnités de départ représente une augmentation d'environ 40% par rapport à nos pratiques en place depuis 2016, et en se référant à ce qui existe dans d’autres compagnies de taille similaire, il subsiste un écart très important entre les attentes des représentants des employés et ce que JTI peut raisonnablement offrir», a déclaré Howard Parks, Senior Vice President de JTI, qui juge «regrettable que nous n'ayons pas pu parvenir à un accord à l'amiable».
Fuite en avant
Si l’offre initiale de plan social était largement insuffisante, selon les employés, que ce soit comparé à ce que la multinationale offre aux salariés de leurs autres pays ou bien par rapport aux standards habituels de l’industrie genevoise, la mobilisation du personnel et l’engagement des délégués avaient fait bouger les lignes et évoluer le plan social. «Une solution semblait à portée de mains», commente Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia Genève en charge du dossier. «Par cette fuite en avant, la direction semble vouloir court-circuiter le personnel et plonge les employés dans une longue période d’incertitude.» Effectivement, une telle procédure risque de durer plusieurs mois, alors que la restructuration, elle, suit son cours et que des personnes ont déjà été ou vont être licenciées dans les prochaines semaines. Et le syndicaliste de conclure: «Cette décision est d’autant plus irresponsable et irrespectueuse qu’une résolution vient d’être déposée au Grand Conseil, soutenue par une large majorité de partis, demandant au Conseil d’Etat d’intervenir dans ce conflit afin de trouver une solution amiable et respectueuse du personnel.»
Pour leur part, les employés décideront ces prochains jours de la suite à donner à cette situation.