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"Je souhaite que les militants fassent avancer la cause des travailleurs"

Portrait d'Anna Gabriel Sabate.
© Olivier Vogelsang

«Je suis syndiquée depuis mes 16 ans, être membre d’un syndicat, participer à des manifestations et à des actions en faveur des salariés fait partie de mon ADN» indique Anna Gabriel Sabate.

Anna Gabriel Sabate est la nouvelle secrétaire régionale d’Unia Genève. Pour la première fois, une femme prend la tête de la direction d’une région qui sera entièrement féminine

Anna Gabriel Sabate est la nouvelle secrétaire régionale d’Unia Genève, elle a été élue la semaine dernière par l’assemblée régionale des délégués. Depuis le départ d’Alessandro Pelizzari en juin 2020, la région forte de quelque 14000 membres était dirigée par intérim par Aldo Ferrari. L’ancien membre du comité directeur d’Unia a été remercié par l’assemblée régionale pour le travail réalisé depuis une année et demie.

La direction d’Unia Genève sera désormais entièrement féminine puisque Anna Gabriel Sabate pourra s’appuyer sur Audrey Schmid, responsable de l’encadrement individuel des membres; Manuela Chittaro, en charge de l’administration et des finances; et Anne Quaegebeur, du personnel. Une équipe que vient renforcer Helena Verissimo de Freitas, élue secrétaire régionale adjointe par l’assemblée régionale.

Famille ouvrière

Agée de 46 ans, Anna Gabriel Sabate est arrivée à Genève en 2018 et a commencé à travailler au sein d’Unia dans la foulée. Elle bénéficie d’une longue expérience syndicale acquise dans son pays d’origine, l’Espagne. «Je suis syndiquée depuis mes 16 ans, être membre d’un syndicat, participer à des manifestations et à des actions en faveur des salariés fait partie de mon ADN, explique la Catalane dans un français parfait. Je suis issue d’un milieu ouvrier et d’une famille imprégnée d’une très forte tradition syndicale. Une partie de ma famille est originaire d’Andalousie et l’autre de Catalogne. Des deux côtés, les hommes étaient mineurs. J’ai grandi dans un village avec des mines et des conditions de travail très difficiles et dangereuses. Lorsque nous entendions la sirène, nous savions qu’un grave accident s’était produit et que nous aurions certainement des victimes à déplorer.» Son père était ouvrier de la métallurgie, tandis que sa mère travaillait dans l’industrie textile. «J’ai été la première représentante de ma famille à entrer à l’université.» Après ses études, elle exercera le métier d’éducatrice et donnera des cours de droit à l’université. «J’ai fait partie de commissions de personnel et de comités de grève. J’ai participé à toutes les grèves générales et à toutes celles que nous avons organisées à l’université.»

Alors, bientôt une grève générale au bout du lac? «Ce qui me frappe en Suisse, c’est la crainte qu’ont les salariés de se mobiliser. Je peux le comprendre, car pour le moment, nous ne disposons pas de protection efficace pour les délégués syndicaux et contre les licenciements abusifs. Mais il faut tâcher de dépasser cette peur. Ce n’est que par la mobilisation que nous avons pu obtenir des acquis sociaux.»

Elargir les bases militantes

En plus de redonner confiance au monde du travail, une autre tâche d’importance attend la nouvelle et dynamique secrétaire régionale: «Nous devons élargir nos bases militantes, notamment en direction du tertiaire, c’est un gros défi qui implique de renouveler nos pratiques et nos formules. Nous devons nous montrer créatifs pour attirer les salariés vers l’engagement syndical.»

Pour réaliser ce dessein, elle se félicite de pouvoir compter sur une direction entièrement féminine: «C’est une chance. Genève est la première région d’Unia dans ce cas. Je vais tout faire pour que cette direction soit collégiale et qu’elle travaille de manière soudée avec les membres.» Si la direction professionnelle est féminine, notons toutefois que le président d’Unia Genève est un homme… Il s’agit de Xavier Henauer. Ce délégué de Givaudan siège au bureau régional avec deux collègues de la construction et une camarade du tertiaire. Outre le bureau, les militants sont encore présents et représentés au comité régional et à l’assemblée régionale des délégués. «Ces instances militantes ont un rôle essentiel à jouer, conclut Anna Gabriel Sabate. C’est à elles de fixer les grandes lignes de la politique syndicale et de nous guider. Je souhaite que les militants et les militantes se montrent actifs et critiques avec une forte volonté de faire avancer la cause des travailleurs.»

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