Chaque année, le 7 octobre, la Journée mondiale d'action pour le travail décent est l’occasion pour les travailleurs et les travailleuses et leurs organisations syndicales de lancer un appel pour un accès à des emplois convenablement rémunérés, à la sécurité sur le lieu de travail et à la protection sociale ou encore à respecter la liberté d’exprimer des revendications. Cette année, la Confédération syndicale internationale a décidé de consacrer la journée à la justice salariale et aux millions de salariés, qui, aux quatre coins du monde, la réclame. Il semble en effet que les injustices n’ont jamais été aussi criantes. Depuis deux ans et le début de la pandémie, la fortune des milliardaires a augmenté davantage qu’au cours des deux dernières décennies. Et ce n’est pas près de s’arrêter: selon le dernier indice Janus Henderson Global Dividend, les dividendes mondiaux ont bondi de 11,3% à l'échelle internationale pour atteindre un montant trimestriel record de 545 milliards de dollars au deuxième trimestre 2022. Pendant ce temps, un million de personnes basculent toutes les 33 heures dans l’extrême pauvreté, d’après une estimation de l’ONG Oxfam.
En Suisse, si nous ne connaissons pas la misère d’autres pays, nous avons aussi notre lot d’inégalités et d’injustice salariale. Qu’on songe d’abord aux femmes, dont les fiches de paie affichent toujours une différence non expliquée de 8,1% par rapport à celles des hommes. Selon l’Office fédéral de la statistique, elles sont ainsi privées chaque mois en moyenne de 686 francs qui devraient leur revenir. Autre scandale, celui du travail gratuit, des faibles rémunérations et de l’absence de sécurité sociale dans l’économie de plateforme. Uber, Smood, DPD… Par les luttes engagées par Unia, nos lecteurs connaissent bien ces entreprises, dont les actionnaires accumulent les millions dans les paradis fiscaux tandis que les travailleurs tirent la langue. Autres luttes relevant de la justice salariale, celles des employés des Transports publics genevois et de la fonction publique du bout du lac privés d’une compensation complète du renchérissement. Totalement injuste sachant que, dans le même temps, les membres du Conseil d’Etat ont demandé une augmentation de leur rémunération, plaçant Genève au niveau d’une république bananière.
L’exacerbation des injustices, de la cupidité des riches et des entreprises peuvent toutefois conduire à une prise de conscience et à une mobilisation permettant d’engager un tournant décisif. C’est même une nécessité face à la crise écologique et aux conflits armés menaçant l’humanité. La justice salariale doit être l’une des bases du nouveau contrat social dont le monde a besoin.