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La crise touche aussi les médias

Une femme lit le journal.
© Thierry Porchet

«Depuis le début de cette crise sanitaire, la demande d’information journalistique de qualité a explosé, mais cela n’a pas généré beaucoup de revenus supplémentaires», note Stéphanie Vonarburg, responsable du secteur médias et vice-présidente de Syndicom.

La chute des recettes publicitaires en lien avec le Covid-19 met les médias suisses à rude épreuve. Pourtant, maintenir une information de qualité est plus que jamais nécessaire

La crise sanitaire actuelle a affecté de nombreux secteurs d’activité, et notamment celui des médias. En cause, la chute des recettes publicitaires, devenue une vraie menace pour les titres. Curieux, quand on voit que la population a rarement autant consommé d’information que maintenant, et ce sur tous les supports. En effet, cette situation inédite aura montré que le besoin d’être bien informé et d’avoir des médias divers et critiques est vital. Malgré tout, Le Régional a été le premier à en faire les frais. Déjà en difficulté, l’hebdomadaire basé à Vevey a dû cesser son activité début mai, laissant une vingtaine de professionnels des médias sur le carreau.

Stéphanie Vonarburg, responsable du secteur médias et vice-présidente de Syndicom nous éclaire sur la situation actuelle.


En quoi la pandémie de coronavirus a-t-elle empiré la situation des médias?

Les revenus issus de la publicité ont fortement baissé, cela se voit à l’épaisseur des journaux, ou même à la télévision, où les pubs se font de plus en plus rares depuis février. Cette tendance n’est pas nouvelle, mais la crise actuelle a accéléré les choses. Pour 2020, les recettes publicitaires ont baissé de plus de 50%. Pour beaucoup de médias, notamment dans le print, la publicité est un pilier pour leur financement: ils se retrouvent donc fragilisés. Le paradoxe, c’est que, depuis le début de cette crise sanitaire, la demande d’information journalistique de qualité a explosé, mais cela n’a pas généré beaucoup de revenus supplémentaires.

Une aide d’urgence a-t-elle été formulée par les syndicats de la branche?

Oui, celle-ci se décline en trois axes. D’abord, à travers l’aide indirecte à la presse, c’est-à-dire que nous demandons que les tarifs postaux soient diminués, voire intégralement pris en charge par la Confédération, tout comme les frais d’abonnement à l’ATS pour les autres médias. Enfin, nous réclamons une aide financière ponctuelle de 30 millions de francs pour les radios et les télévisions locales. Pour Syndicom, il est important que ces subventions aillent aux médias qui se conforment au Conseil suisse de la presse, qui imposent des conditions de travail décentes et qui respectent un vrai partenariat social et signent une convention collective de travail (CCT).

Les Chambres fédérales ont avalisé cette aide d’urgence il y a deux semaines de manière très unie. C’est maintenant au Conseil fédéral, qui s’y opposait, de reprendre le flambeau.

D’autres mesures fédérales devraient-elles être prises?

En dehors du contexte actuel, un paquet de mesures visant les médias devait être présenté en juin. Nous avons demandé que la procédure soit accélérée, ce qui a été fait, même s’il n’entrera pas en vigueur avant 2021. Le paquet avalisé le 29 avril propose que l’aide indirecte à la presse passe de 30 millions de francs à 50 millions, ce qui est une très bonne chose. Cela dit, l’élargissement de cette aide aux grands titres nationaux qui dépassent les 40000 exemplaires n’est pas une bonne nouvelle. Il y a un risque de concentration accélérée de la presse au détriment des petits et moyens acteurs.

Par ailleurs, une nouvelle aide pour les médias en ligne a été proposée, à hauteur de 30 millions de francs par an. C’est un bon début, mais nous demandons qu’on revienne au montant annoncé préalablement, soit 50 millions de francs, afin qu’il y ait un équilibre entre le soutien à la presse écrite et aux médias sur le web. Enfin, on peut souligner une hausse du soutien à l’ATS ainsi qu’aux institutions de formation et de formation continue mais aussi au Conseil suisse de la presse.

Néanmoins, concernant la presse associative, dont fait partie L’Evénement syndical par exemple, aucun changement n’a été prévu. Pour nous, ces titres contribuent aussi à la diversité de la presse de notre pays, et nous demandons que l’aide qui leur est accordée passe de 20 à 30 millions de francs.

Le projet a été transmis en Commission parlementaire, nous espérons maintenant que les Chambres seront aussi convaincues et unies que pour l’aide d’urgence.

Quel avenir peut-on envisager pour les médias suisses?

Ils n’auront un avenir que s’ils parviennent à trouver leur public tout en pouvant fournir un journalisme de qualité sur des bases reconnues et dans le respect des conditions-cadres pour les employés. Rappelons tout de même qu’en Suisse alémanique et dans le Tessin, il n’y a plus de CCT depuis quinze ans et les négociations sont rudes. Plus généralement, ce temps de crise aura prouvé que les médias sont un vrai service au public, devenus vitaux pour la population. Les gens ont besoin de savoir ce qu’il se passe et d’être bien informés.

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