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Les rédactions romandes de Tamedia débrayent

Banderole avec le texte: Saignez l'info, voilà l'intox.
© Olivier Vogelsang

Le personnel de Tamedia s'est réuni à Lausanne et à Genève ce jeudi 12 septembre pour protester contre la restructuration annoncée.

Pour protester contre la restructuration radicale annoncée dernièrement par l’éditeur zurichois, des actions ont eu lieu à Genève et à Lausanne.

Après le choc des mauvaises nouvelles, la riposte. Les rédactions romandes de Tamedia ont débrayé ce jeudi 12 septembre, pendant une heure, pour dénoncer la restructuration sans précédent qu’a annoncée récemment l’éditeur zurichois. Celle-ci va biffer 200 emplois dans les imprimeries de Bussigny et de Zurich, qui seront fermées, et 90 postes dans les rédactions. 

Sur le coup de 11h, deux actions simultanées sont lancées à Lausanne, devant la Tour Edipresse, siège romand de Tamedia, et à Genève, devant les locaux de la Tribune de Genève. Une cinquantaine de personnes y participent de part et d’autre. Outre le personnel des journaux concernés, des représentants des milieux politiques et des syndicats, dont Unia, sont présents. A Lausanne, une délégation des employés de l’imprimerie de Bussigny a aussi fait le déplacement. Un soutien d’autant plus apprécié que les imprimeurs sont eux-mêmes en pleine phase d’élaboration d’une liste de mesures alternatives aux licenciements, et cela dans un délai très court.

Respecter la CCT

Deux lieux, mais une même revendication : que la direction suspende le processus en cours pour s’asseoir à la table des négociations avec les représentants du personnel, qui selon la Convention collective de la presse romande, doivent être consultés avant toute restructuration d’ampleur. Or, cela n’a pas été le cas. 

A Genève, l’émotion est palpable. La Tribune de Genève, principal quotidien du canton, semble en effet menacée à terme de disparition pure et simple du paysage médiatique, vu qu’elle ne figure pas parmi les quatre titres phares désignés par Tamedia (le Tages-Anzeiger, la Berner Zeitung, la Basler Zeitung et 24 Heures). Les collaboratrices et collaborateurs de la Julie ne croient pas un instant aux dénégations répétées de la CEO de Tamedia, Jessica Peppel-Schulz. «On nous dit que la Tribune de Genève va continuer à exister, tant sur le papier que sur le web, mais les coupes prévues dans les effectifs ne permettront pas de continuer à faire un journal, assène le président de la Société des rédacteurs et du personnel du quotidien genevois, Rocco Zaccheo. Nous savons que ce plan d’économies scélérat signe la mort annoncée de la Tribune de Genève. On est au-delà de la ligne rouge. Nous avons déjà perdu un tiers de nos effectifs depuis 2016», relève-t-il, en référence aux nombreux plans sociaux «qui nous ont laminé».

Alors qu’une cinquantaine de licenciements ont été annoncés le matin même à la RTS, Rocco Zaccheo en appelle à la mobilisation de tous les acteurs des médias en Suisse romande pour faire front commun contre ces vagues de licenciement.

Fort soutien syndical et politique

Des représentants de plusieurs syndicats – dont Arnaud Bouverat, secrétaire régional d’Unia Vaud – sont venus tant à Lausanne qu’à Genève apporter leur soutien aux employés romands de Tamedia, les appelant à lutter collectivement et solidairement contre cette restructuration.

Dans un communiqué commun, les deux syndicats de journalistes Impressum et Syndicom, ont manifesté leur «refus de la stratégie délétère d’un groupe de presse qui, après avoir acquis la majorité des journaux de Suisse romande, et bien que largement sain financièrement, œuvre depuis plusieurs années à leur destruction. Ceci dans un irrespect total de leurs responsabilités sociales.» 

A Lausanne, la présence de la conseillère d’Etat en charge de l’Economie, Isabelle Moret, et de la Municipalité lausannoise presque complète a donné «un message fort», se félicite Erwan Le Bec, président de la Société des collaborateurs de 24 Heures. «Cette fois, on sent une réelle inquiétude des politiques. De plus, le mouvement a été remarquablement suivi dans les rédactions, ajoute-t-il. Cela prouve que les collègues ont encore une grande capacité à se mobiliser. Tamedia saucissonne ses mesures d’économie pour nous diviser, mais ça ne marchera pas. Ces journaux ont encore un énorme potentiel, nous pouvons encore gagner des lecteurs.»

De nouvelles annonces seront faites dans les rédactions le mardi 17 septembre. On devrait y apprendre comment se répartissent les 90 postes qui seront supprimés de part et d’autre de la Sarine.
 

Vidéo Olivier Vogelsang

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