Philippe, 54 ans, employé de Carrefour
«Déjà que nos salaires sont bas et n’évoluent plus, maintenant on veut nous imposer des retraites de misère, c’est inadmissible! Cela fait 24 ans que je travaille chez Carrefour, et je gagne 1400 euros par mois sans les primes. Quand on sait qu’elle fait partie de ces entreprises nourries par le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les aides de l’Etat, c’est scandaleux.»
Rachid, 52 ans, délégué syndical CGT Carrefour
«De nombreux collègues qui ont entre 20 et 25 ans d’ancienneté sont juste au-dessus du SMIC. D’ailleurs, beaucoup ne peuvent pas être là aujourd’hui, car ils ne peuvent pas se permettre financièrement de faire la grève. On est tous nivelés vers le bas, on ne fait que s’appauvrir. Avec la nouvelle réforme des retraites, on sera tous perdants, ceux du privé comme ceux du public: chez nous, une caissière perdrait jusqu’à 200 euros de pension par mois.»
Pierre, 82 ans, retraité de la Direction départementale de l’équipement (DDE)
«J’ai toujours été un militant de gauche et, aujourd’hui, je suis là en solidarité avec les travailleurs, mais aussi pour m’opposer à la politique du président Macron. Il est en train de détruire notre société démocratique et républicaine, et veut nous imposer un libéralisme financier débridé et inhumain. Il veut nous construire une société à l’américaine, dans laquelle les patrons et la finance sont rois et dans laquelle on détruit les services publics et la protection sociale, mais qui est une vision déjà dépassée.»
Karelle, 43 ans, professeure des écoles
«La réforme va toucher tous les salariés et tous les fonctionnaires, mais nous, enseignants, sommes les grands perdants de cette réforme. Notre retraite ne sera plus calculée sur les six derniers mois de notre carrière mais sur son ensemble. De plus, notre pension sera calculée sur la base de nos salaires, sans prendre en compte nos primes. Selon nos calculs, on pourra perdre jusqu’à 1000 euros par mois. Quant aux femmes, ce seront aussi les grandes lésées, car beaucoup ont des carrières échelonnées et il leur manquera des trimestres pour toucher une retraite complète. Sans parler de la volonté du gouvernement d’augmenter l’âge de la retraite à 64 ans… La retraite est un droit pour lequel nos grands-parents se sont battus et on veut avoir des prestations dignes. De l’argent, il y en a dans les caisses de l’Etat!»
Ode, 59 ans, Gilet jaune
«Nous, on est tous les jours dehors. On se bat pour un meilleur pouvoir d’achat, pour que les hôpitaux obtiennent plus de moyens et pour le bien-être de tous en général. On lutte aussi pour maintenir l’accès de tous aux services publics. Aujourd’hui, on se mobilise évidemment contre cette réforme des retraites, et c’était important pour nous d’être présents dans la rue, surtout en Haute-Savoie où la mobilisation est faible en général. Il faut être nombreux pour marquer les esprits.»
Célia, Mathilde, Gaïa, Inès et Andy, entre 22 et 23 ans, enseignants stagiaires
«C’est maintenant ou jamais qu’il faut se bouger. Nous commençons tout juste notre carrière mais nous tenions à être solidaires du mouvement. Nous sommes évidemment contre ce projet, notamment car la valeur du point pourra varier et on se doute bien que, dès que la situation économique sera compliquée, la valeur du point sera gelée, et donc les retraites affectées. Plus largement, nous sommes là car nous sommes souvent entendus mais pas écoutés, et qu’il est urgent que notre métier soit revalorisé.»
Vincent, 52 ans, sapeur-pompier, membre du conseil syndical du SNSPP-PATS
«Aujourd’hui, nous avons droit à un régime spécial qui nous permet de partir à la retraite à 57 ans, même si de nombreux collègues rempilent pour des questions financières. D’après notre ministre Christophe Castaner, celui-ci ne serait pas impacté par la réforme, mais nous n’avons pas plus de détails. Au vu de notre métier, il arrive un âge où il est compliqué d’intervenir en toute sécurité pour la population et nous-mêmes. On demande donc à vraiment pouvoir partir à 57 ans, et on est aussi là en soutien des autres corps de métiers.»
Jeannette, 80 ans, retraitée, Gilet jaune et militante d’Attac
«Je suis contre la privatisation des services publics, mais aussi des aéroports de Paris. En France, tout ce qui est public est en train de disparaître, et nous, citoyens, on nous taxe toujours plus. Aujourd’hui, tout le monde est là derrière les syndicats, et c’est beau à voir.»
Bertrand, 48 ans, cheminot membre de la CGT
«Nous sommes contre cette réforme, on en veut une qui soit vraiment juste. Avec la fluctuation du point, et les possibles baisses de pensions, on ne pourra plus se projeter. Nous allons tous y perdre! Je pense que le gouvernement dramatise la situation financière et que l’objectif est, comme toujours, de baisser le coût du travail. Quant au rail, on veut un vrai développement du ferroviaire pour être dans les clous des exigences de la COP21, mais aussi un vrai service public: les usagers veulent des renseignements et du service, pas des machines! Moi, par exemple, je travaille à l’entretien de l’infrastructure et de plus en plus de tâches sont sous-traitées alors que la direction a reconnu que celle-ci coûtait entre 10 et 15% plus cher et que le travail était moins bien fait...»