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La grève féministe entre dans l’histoire!

Manifestantes à Sion.
© Thierry Porchet

L’égalité un point c’est tout. Les femmes ont donné de la voix à leurs revendications.

Plus de 500 000 femmes se sont mobilisées partout en Suisse pour défendre leurs droits et exiger une réelle égalité

Une vague violette, une marée violette, un océan violet! Le 14 juin, les métaphores sont allées crescendo pour qualifier une journée historique. Celle de la plus grande mobilisation sociale qu’a connue la Suisse, après la grève générale de 1918 et la grève des femmes du 14 juin 1991. Une journée ayant débuté au milieu de la nuit déjà pour certaines, avec des actions symboliques comme l’illumination de la cathédrale de Lausanne, celle de la tour Roche à Bâle, ou encore un jet d’eau de Genève se colorant lui aussi de la couleur de la grève.

Selon l’Union syndicale suisse (USS), plus de 500 000 personnes ont été comptabilisées dans les manifestations s’étant déroulées dans toutes les grandes villes du pays: 160 000 à Zurich, 60 000 à Lausanne, 40 000 à Berne, autant à Bâle, 20 000 à Genève, 12 000 à Fribourg et à Sion, 10 000 à Neuchâtel, Bellinzone et Winterthur… Un demi-million de femmes et d’hommes solidaires, auxquels s’ajoutent toutes les personnes ayant marqué cette journée d’une autre manière à leur poste de travail ou à la maison.

Grève victorieuse à Lucerne

Les revendications concernant le monde du travail ont été largement portées, dans des entreprises et dans la rue. Plus de 500 horlogères de la Vallée de Joux ont lancé le mouvement en fin de matinée (ici). Au même moment, un demi-millier de vendeuses ont interrompu leur travail dans la vieille ville de Berne pour exiger reconnaissance, davantage de salaire et des heures d’ouvertures des magasins permettant de concilier vie de famille et vie professionnelle. A Nyon aussi, les vendeuses sont sorties très nombreuses dans la rue, en fin de journée, contre l’extension des horaires (ici). Des pauses prolongées ont aussi eu lieu chez Nivarox au Locle et chez Zimmer à Winterthur.

A Lucerne, des nettoyeuses ont obtenu gain de cause après trois heures de grève. Elles avaient croisé les bras en début de matinée pour exiger le paiement d’un quart d’heure de travail gratuit effectué pour la préparation du matériel, celui du temps de déplacement pour les mandats hors de la ville, et pour l’arrêt du harcèlement et des insultes faisant partie de leur quotidien. Les grévistes, soutenues par Unia, ont forcé le propriétaire de la société à négocier. Il s’est engagé à payer intégralement le temps travaillé et les déplacements à ses quelque 24 collaboratrices.

Grèves et débrayages étaient aussi à l’ordre du jour dans les services publics. Avec, par exemple, un arrêt de travail de 500 employées du CHUV à 11h et une grève suivie par plus de 2000 enseignantes et enseignants dans le canton de Vaud. Dans une douzaine d’écoles, la grève a été totale, informe l’USS.

Le début d’un mouvement plus fort

«L’égalité de traitement des femmes dans la vie professionnelle et dans la société doit, et va, avancer», lance la faîtière syndicale, saluant les nouveaux réseaux créés dans la préparation de la grève des femmes de 2019. Cette dernière «marque ainsi le début d’un mouvement pour l’égalité, mieux interconnecté et donc plus fort». Unia se félicite aussi de cette mobilisation exceptionnelle. Vania Alleva, présidente d’Unia et vice-présidente de l’USS, résume: «C’est une journée forte, qui donne un signal clair: les femmes en ont assez, il faut du concret. Comment? Dès demain, nous continuerons de demander du respect, du temps, de l’argent. Et cet automne déjà, lors des négociations salariales, nous nous battrons pour des augmentations pour tous et des hausses supplémentaires pour les femmes.»

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