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La Maison du bonheur porte bien son nom

Faire ou ne rien faire. Parler ou ne rien dire. Etre ensemble.
© David Prêtre

Faire ou ne rien faire. Parler ou ne rien dire. Etre ensemble.

Depuis quinze ans, l’ONG Parrainage Africa Suisse vient en aide à des enfants vulnérables. Reportage à l’occasion de la fin des travaux de son centre d’accueil au Togo

«Bonne arrivée!» C’est avec ces quelques mots qu’enfants et adolescents accourent et enlacent le visiteur à l’entrée de la «Maison du bonheur». Une chaleur humaine qui s’ajoute aux températures déjà tropicales. Le petit bâtiment rose saumon, centre d’accueil de l’ONG Parrainage Africa Suisse (PAS), fait figure d’oasis dans la banlieue de Lomé, capitale du Togo. A l’intérieur: trente-deux enfants orphelins ou issus de familles démunies. En Suisse, autant de parrains et de marraines leur permettent d’étudier, de se nourrir et d’avoir un toit. Vivant pour sa part dans un mobile-home à Chessel, la présidente vaudoise Maria Chevalley voue tout son temps, depuis quinze ans, à son association, de la recherche de fonds et de parrainages à l’organisation de marchés artisanaux en passant par les repas de soutien. A ses côtés, un comité suisse s’engage bénévolement lui aussi. Sur place, une équipe togolaise salariée, dynamique et fidèle, encadre les enfants logés dans le centre, ainsi que les quelque 60 autres jeunes parrainés vivant dans leurs familles, solution privilégiée quand l’environnement le permet.

Au total, ils sont donc, actuellement, une centaine à bénéficier d’un soutien financier, dans un pays frappé par la crise. Au Togo, pays étroit de l’Ouest africain, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le revenu minimum n’est que de 35000 francs CFA (une soixantaine de francs suisses), montant insuffisant pour nourrir une famille souvent nombreuse (généralement de plus de cinq enfants). Beaucoup vivent encore sans eau courante ni électricité ni assurance maladie. Le paludisme tue, le sida, les accidents cardiovasculaires et la route aussi. L’espérance de vie ne dépasse pas 60 ans, et la mortalité infantile reste très élevée.

Entre les déchets et les trous dans les pistes qui sillonnent les quartiers et les villages, Yao Sezhoulon, le chauffeur et logisticien de l’association zigzague. «C’est la danse du canard», rigole-t-il. L’humour, une arme pour mieux supporter la misère?

C’est cette pauvreté qui a choqué Maria Chevalley lors de son premier voyage en terre togolaise il y a plus de quinze ans. Elle décide alors de prendre sous son aile quelques enfants. Peu à peu, celle surnommée «maman poule» trouve dans son entourage d’autres parrains et marraines… Le nombre de filleuls augmente, une maison est louée pour accueillir une quinzaine d’orphelins. Puis des donateurs privés, des fondations et des communes vaudoises vont permettre de construire la Maison du bonheur.

Maison baptisée

Ainsi, depuis 2012, les enfants se partagent six chambres colorées meublées de lits à étage surmontés de moustiquaires et de ventilateurs, un réfectoire et une cour au rez-de-chaussée. Au 1erétage, les travaux pour un cybercafé, une salle de réunion, une salle de jeux et des studios pour les parrains et les marraines – afin de faciliter les rencontres et de renforcer les liens – viennent de se terminer. L’inauguration a eu lieu le 30 octobre dernier, l’occasion pour des membres du comité, des parrains, des financeurs, des officiels togolais et des chefs traditionnels de se rendre sur place. La veille, les enfants répétaient encore leur spectacle, pendant que tous contribuaient à la confection du repas et aux derniers préparatifs, tout au long de la nuit.

Entre les nombreux discours, tous pétris de reconnaissance, les enfants ont interprété des danses traditionnelles explosives et des chants religieux emplis de douceur.

Après le coupé de ruban, le prêtre a béni les lieux. «Quand il s’est mis à asperger d’eau les ordinateurs, j’ai eu peur», sourit Maria Chevalley, honorée par tous les orateurs. Comme le disait avec malice l’animateur de la journée, il faut une turbine pour faire avancer le bateau: «Et le moteur, c’est elle!» A sa capacité d’action s’ajoute un sixième sens pour prendre les bonnes décisions et pour s’entourer de personnes de confiance.

Son défi actuel? L’autonomisation de la Maison du bonheur. L’association a donc acquis une ferme afin de nourrir les enfants (maïs et viande surtout) et vendre le surplus sur les marchés. Les clients du cybercafé et les locataires occasionnels de la salle de réunion et du bus représentent aussi un potentiel de ressources. «La prochaine étape, c’est la pose de panneaux solaires afin d’économiser les 400 à 500 francs suisses par mois que nous coûte l’électricité (très chère dans le pays, comme l’essence, en comparaison du niveau de vie, ndlr), relève Maria Chevalley. Il nous faut aussi réduire peu à peu le nombre d’enfants aidés, car l’autonomie ne sera pas réalisée avec autant de filleuls. Une cinquantaine serait idéale.» Norbert Kpehounsi, codirecteur, coordinateur des jeunes, ajoute: «La demande est très grande, mais comme le dit l’adage: qui embrasse trop, mal étreint.»

Des chemins tortueux

Chaque enfant a son histoire, son propre parcours, tumultueux, douloureux. Il y a Abraham qui a soigné ses parents jusqu’à ce que le sida les terrasse. Juliette, orpheline de père, qui a grandi dans l’ONG internationale SOS Villages, avant d’être transférée à la Maison du bonheur. Prosper, qui a bénéficié du soutien de Terre des hommes, grâce à l’entremise de PAS, et traversé six opérations nécessaires à sa survie. Dela qui a pu être soignée au niveau auditif et oculaire. Ange, 8 ans, dont l’albinisme demande des soins particuliers. Et tous les autres…

Atsoupé, recueillie avec ses deux frères jumeaux, Pierre et Paul, raconte les difficultés rencontrées après le décès de son père. «Au village, il n’y a pas de lumière, l’eau est au puits, on doit travailler aux champs. C’est difficile d’étudier. On avait faim», se souvient-elle, les yeux embués, la peur de la sorcellerie en toile de fond.

Une adolescente raconte qu’à la mort de son père, sa mère, ayant refusé de devenir la femme de son beau-frère comme le veut la tradition, a dû quitter la cour familiale.

D’autres jeunes ne veulent pas parler de leur passé. «Mais on n’oublie pas», précise Rachel, 17 ans, pleine, comme ses camarades, d’une gratitude infinie envers la Maison du bonheur et leur «maman Maria». «Ici, on vit très bien. On nous protège et on nous respecte», relève Eric, 12 ans. «On trouve de la joie, de l’amour, mentionne Milena, 17 ans. Mon rêve, c’est d’aider l’association, les enfants en difficulté.»

Tous se disent friands de recevoir des nouvelles de leurs marraines ou de leurs parrains.

L’un d’eux, Bertrand Pilloud, polymécanicien de métier et membre du comité suisse, explique: «J’essaie de venir tous les deux ans pour voir mon filleul qui vit dans sa famille au village de Vogan. Pour moi, le lien est important. Je lui ai fait construire une chambre et acheté un lit. Je n’arrivais pas à dormir dans le mien en l’imaginant couché par terre. Je lui ai aussi offert un vélo pour faire les trois kilomètres qui le séparent de l’école.» 

Justin, le cuisinier de l’association, ancien enfant soutenu par PAS, raconte: «L’association m’a aidé et toujours encouragé. Mais je n’ai pas eu de contact avec mon parrain et j’étais un peu jaloux de ceux qui recevaient de leurs nouvelles.» Il n’a que 4 ans lorsque son père décède. «Ma mère trouvait de quoi nous nourrir, mais c’était difficile au niveau de l’école et de la santé», se souvient-il. 

Un tremplin

La Maison du bonheur représente une étape de vie. A la fin de leur formation, les enfants parrainés devront se débrouiller. Norbert Kpehounsi développe: «Certains seront autonomes, d’autres devront retourner dans leurs familles, comme ils le font déjà pendant les vacances afin de ne pas perdre pied avec leur milieu d’origine. Car, ici, en comparaison, c’est le luxe. D’où l’importance qu’ils lavent leurs vêtements, fassent la vaisselle, cuisinent et participent aux travaux de la ferme.»

La petite Ange, du haut de ses 8 ans, explique un brin espiègle, l’éponge à la main: «Ici on apprend à nettoyer, surtout les garçons…» L’égalité dans le partage des tâches et l’importance pour les jeunes filles d’avoir un métier sont des thèmes que Norbert Kpehounsi expose souvent à ces adolescents qui rechignent parfois à la tâche. «Quand on leur demande de nous aider à la cuisine, les voilà qui bourdonnent», lance Justin. «Nous leur rappelons souvent de penser en arrière, de se rappeler d’où ils viennent. L’argent ne tombe pas du ciel. Les gens en Suisse travaillent dur pour qu’ils puissent vivre ici», relève Audrey, femme de ménage lumineuse et «gardienne» des enfants le week-end. Tout le monde l’appelle maman, comme sa collègue Pyalo, de laquelle émane une patience infinie. Orpheline, elle aussi. «Très jeune, j’ai été placée dans des familles où je devais garder leurs enfants. En ce temps-là, je n’étais pas payée.»

Dans le réfectoire, les enfants vont et viennent. L’horaire du repas est souple, au gré de la faim de chacun, de leurs devoirs respectifs, des répétitions de danse et de chants, nombreuses en prévision de l’inauguration de la Maison du bonheur. Autant d’occasions de se réunir autour d’une activité commune. Friands, les enfants semblent intéressés par toute animation, de l’atelier improvisé d’avions en papier aux exercices de mathématiques proposés par leur camarade Prospa, jeune parrainé particulièrement studieux.

Leur enthousiasme est communicatif. Reste que les larges sourires cachent les difficultés. «Même quand ça ne va pas, on dit que ça va», explique Yao Sezouhlon. Pour ne pas déranger, ou parce que la foi permet d’accepter et d’espérer. Le dimanche, à 6h du matin, la majorité des enfants se rendent dans leur Eglise respective (catholique ou évangélique). Sauf quelques-uns, telle Milena: «Je préfère prier Dieu à la maison. Dans les Eglises, je ne sais pas ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent…»

A la question de leur avenir, des métiers s’esquissent tels que couturier, coiffeuse, commerçante (pour les plus courants) ou encore footballeur, hôtesse de l’air, laborantin, journaliste, sociologue… Malgré leur jeune âge, fonder une famille reste essentiel. Diane, 16 ans, dit vouloir peu d’enfants. Combien? «Cinq, répond-elle en riant. Mais c’est Dieu qui décide!» 

Plus d’informations : africa-pas.org

 

Quand étudier relève du parcours du combattant

Parallèlement au travail de l’ONG, la générosité de Maria Chevalley et d’autres membres du comité s’exprime ailleurs de manière personnelle. La présidente a soutenu notamment la construction d’une école primaire privée à deux pas de la Maison du bonheur. «Lorsque j’ai hérité de mon père, je me suis acheté en Suisse ce dont je rêvais depuis longtemps: une Mercedes! Puis j’ai vu l’école de Monsieur Dagadou en ce temps-là littéralement dans la boue. J’ai alors vendu ma bagnole pour construire l’établissement scolaire près d’ici.» La présidente de PAS raconte, l’air de rien, sa vie tumultueuse. Elle soupire en remarquant l’inscription peinte sur le mur de l’école primaire du quartier: Maria Chevalley. Une femme battante qui œuvre inlassablement pour la cause et le bonheur des enfants démunis.«Pas besoin de pub!» lance la jeune retraitée au franc-parler. Les plus petits de la Maison du bonheur fréquentent cette école privée, les plus grands l’école publique. Le directeur de l’établissement, Emmanuel Dagadou, affirme, en aparté: «Je ne vais jamais cesser de l’admirer. Elle a tant fait pour nous. Parfois, on propose à l’association des enfants, ceux qui sont mal nourris, pas propres, dont la famille ne s’occupe pas souvent, à la suite d’une séparation des parents ou d’un décès… Les jeunes au PAS ont de la chance.» 

Une enseignante, son nourrisson âgé de 3 semaines dans les bras, interpelle l’un des membres du comité suisse. Un enfant de sa classe dont elle s’occupe (en plus de sa progéniture), orphelin de mère et dont le père se soucie peu, doit se faire opérer de la cataracte. Elle ne sait pas comment payer cette opération. Au Togo, tous les soins se règlent cash avant chaque acte médical. Une situation dramatique pour la majorité de la population qui a tout juste de quoi se nourrir.

Manque de formation

Chaque matin, après la levée du drapeau et l’hymne chanté par les enfants, ceux-ci rejoignent leurs classes au pas militaire. Ils sont une quarantaine par salle – moitié moins que dans le public. Les ventilateurs ne tournent pas. «Des petits voleurs ont coupé les câbles électriques», se désole le directeur. Les élèves répètent en chœur les mots du professeur. Emmanuel Dagadou confie devoir calmer parfois les enseignants «pour qu’ils n’utilisent pas le bâton». Et d’ajouter: «J’essaie de leur apprendre la patience.» «L’enseignement ici fait penser à celui des années 1950 en Suisse», résume en aparté un enseignant du canton de Vaud, présent pour l’inauguration.

Au Togo, où le taux d’alphabétisation est de moins de 70%, les professeurs ne sont pas toujours bien formés, généralement mal payés et les écoles privées, aux tarifs très variables,  nombreuses. 

Norbert Kpehounsi, codirecteur de PAS, diplômé en psychologie et en sciences de l’éducation, illustre: «Beaucoup de professeurs ne comprennent pas qu’un enfant inattentif a peut-être des problèmes à la maison, ou rien mangé le matin. Des universitaires se tournent vers l’enseignement faute de débouchés, mais ils n’ont souvent ni envie d’enseigner ni pédagogie.» Et comment s’occuper de tous, lorsque dans les écoles publiques, le nombre d’enfants peut dépasser la centaine d’élèves? «Dans ma classe, au lycée, nous sommes 122. Je me lève tôt pour avoir une place devant. Derrière on n’entend rien», relève Juliette, habitante de la Maison du bonheur, ses cheveux coupés court à la garçonne comme toutes les étudiantes des écoles publiques. «C’est pour éviter que les professeurs ne les draguent…» explique Yao Sezouhlon, chauffeur et logisticien de PAS. Norbert Kpehounsi confirme ce règlement ahurissant: «Mais c’est aussi pour empêcher les maux de tête liés au tressage.» Avec son discours souvent imagé, il ajoute: «Avec les tresses, le cerveau n’est pas aéré!»

Apprentis pas payés

A chacun ses étonnements. Les jeunes professionnels togolais sont, quant à eux, bouche bée en apprenant que les apprentis en Suisse sont payés durant leur formation. Au Togo, c’est au contraire à l’apprenti de verser une somme d’argent à son patron au moment de signer son contrat. Puis de travailler gratuitement en échange de sa formation pendant trois ans au moins. Il n’est pas rare qu’ils continuent même de rendre service à leur supérieur une fois le diplôme en poche, par fidélité, voire gratitude. Traditionnellement, les jeunes diplômés doivent aussi organiser une fête en l’honneur de leur formateur. «Mais, précise Norbert Kpehounsi, au vu du coût engendré, cela se fait de moins en moins.»

3000 dans une classe

Dans les universités, les élèves doivent payer un écolage et jouer des coudes. «Nous sommes 3000 en sociologie. L’amphithéâtre le plus grand peut accueillir 1500 élèves. Mais nous nous retrouvons aussi dans des salles de 500, et même de 150, explique Marceline, soutenue par PAS. Je me lève vers 4 ou 5 heures pour avoir une place.» Face à cette situation précaire, l’association loge ses étudiants dans des chambres près du campus, le transport n’étant de surcroît pas assuré depuis les villages et les quartiers excentrés. Par conséquent, le montant du parrainage est plus que doublé pour les universitaires, passant de 40 francs à 105 francs par mois. «En général, on essaie de trouver un deuxième parrain. Et dans tous les cas, l’association compense. Même un parrainage de 40 francs ne suffit souvent pas, car les frais médicaux sont importants», détaille Elizam Banla, trésorier de l’association, arrivé en Suisse il y a treize ans pour ses études. Aujourd’hui ingénieur civil, il a le délicat rôle de pont culturel entre sa patrie d’origine, le Togo, et sa terre d’accueil, la Suisse. 

Norbert Kpehounsi admet ne pas pouvoir toujours répondre aux demandes venant de Suisse aussi rapidement qu’il le souhaiterait. «Ici, même si on veut aller vite, on se retrouve toujours à faire la queue.» Et d’ajouter, philosophe: «Vous avez la montre. Nous, nous avons le temps!» AA

 

Que sont-ils devenus?

 

Emmanuel, soudeur:«Je salue PAS pour m’avoir permis de développer ma vie. Depuis 2005, l’association me soutient. J’avais mon père, mais plus ma mère. Si je suis devenu un grand patron de soudure, c’est grâce à PAS. J’ai fait les escaliers et les barrières ici.»

Edwige,mécanicienne auto:«J’ai vécu chez mes parents, mais j’ai été parrainée. Mon papa est mécanicien auto aussi. Il est fier de mon parcours même si, pour lui, ce n’est pas un métier de femme. J’aimerais maintenant pouvoir passer mon permis de conduire, mais il faut que je me débrouille pour trouver l’argent (environ 200 francs suisses, soit quatre mois de salaire minimum).»

Nestor, menuisier alu:«L’association PAS m’a donné beaucoup pour ma scolarisation, ma santé, ma nourriture. C’est mon grand frère, forgeron comme mon père, qui nous a élevés après le décès de nos parents. J’ai fait ma formation de menuisier. Ma marraine m’a aussi aidé à ouvrir mon atelier. PAS m’a ensuite donné l’occasion de poser les fenêtres et les portes de la Maison du bonheur. Si je suis devant vous, c’est grâce à PAS. Et à Dieu aussi.»

Sedonou,électricien et spécialiste en climatisation:«PAS m’a donné du travail dans la construction de la maison. Actuellement, je travaille encore pour mon patron d’apprentissage pour le remercier. Parfois, il me donne un peu de sous. J’aimerais créer mon propre atelier. Mon grand-père disait qu’un grand homme n’a pas de repos. Il faut chercher son avenir chaque jour. Je tiens à remercier Madame la présidente et l’association PAS.» AA

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