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La santé au travail dans le viseur des socialistes

Le Parti socialiste vaudois s’inquiète de l’incidence du travail sur la santé. Plusieurs interventions parlementaires en témoignent

«Des actes, pas de blabla!» Revendiquant la pertinence de son slogan, le Parti socialiste vaudois (PSV) a développé le 17 avril dernier devant le Grand Conseil quatre interventions parlementaires visant chacune à améliorer la santé au travail. Député et vice-président du Groupe socialiste au Grand Conseil, Jean Tschopp, juriste à Unia, a déposé une interpellation réclamant un «droit à la déconnexion». Dans cette dernière, l’élu évoque les différents avantages de la révolution numérique – «accès étendu à l’information, développement de réseaux, communication horizontale, simplification de toute une série de démarches pratiques» – mais aussi les risques qu’elle génère. Dont une dépendance aux objets connectés et, partant, l’érosion de la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle. Un danger encore accru lors de télétravail, susceptible d’entraîner un surmenage particulièrement nocif pour l’employé concerné. Dans ce contexte, Jean Tschopp demande au Conseil d’Etat de se positionner sur la question. Il l’interroge notamment sur les contours du droit à la déconnexion et les mesures préconisées aux entreprises pour éviter «un envahissement du temps de travail dans la vie privée et le temps libre» des salariés. Avec des exemples de moyens à la clef comme celui introduit par le syndicat allemand IG Metal qui, dans l’entreprise Wolkswagen, a obtenu qu’entre 18h15 et 7h30, les collaborateurs ne reçoivent pas de mails sur leur portable grâce un configuration spéciale du serveur...

TMS: 26% des absences

Une autre interpellation porte sur les troubles musculo-squelettiques (TMS) signée Amélie Cherbuin, députée et vice-présidente du Groupe socialiste au Grand Conseil. Cette dernière relève que 24% de la population active masculine et 16% de celle féminine souffrent de TMS qui seraient à l’origine de 26% des absences. Une situation qui a un coût chiffré à 3,3 milliards de francs par an en termes de perte de productivité et à près d’un milliard de francs imputé aux absences. Amélie Cherbuin rappelle les différents facteurs susceptibles de provoquer des TMS: postures pénibles, utilisation régulière de la force, mouvements répétitifs mais aussi causes psychosociales (manque d’autonomie, stress, etc.) Avec, à la clef des douleurs chroniques, au dos ou à la nuque notamment. La députée souhaite dès lors connaître le nombre de contrôles effectués annuellement par le Service de l’emploi relatifs à l’ergonomie de l’environnement de travail et la santé psychique, et leurs résultats. Les éventuelles sanctions et obligations de remédiation figurent également au rang des requêtes comme les campagnes d’inspection et les actions de prévention envisagées.

Allaitement toujours compliqué

Deux postulats toujours sur la santé émanent encore du PSV. L’un, déposé par Carine Carvalho, porte sur les réelles possibilités d’allaiter sur le lieu de travail. Et l’élue de demander entre autres au Gouvernement d’analyser sa pratique comme employeur et de définir des mesures visant à mieux informer des dispositions légales en la matière. Sachant que, depuis 2014, les travailleuses ont droit à des pauses allaitement rémunérées durant les douze premiers mois de l’enfant. «Mais ce changement de législation fédérale, qui inclut la possibilité de rentrer chez soi ou d’aller à la crèche pour allaiter ou tirer son lait pendant le temps de travail, est resté lettre morte depuis son entrée en vigueur.» Les raisons? Méconnaissance de la loi de la part des employeurs, organisation du travail rendant difficile la prise de pauses ou encore absence de locaux adéquats.

Les ravages du stress

L’autre postulat a trait au stress. Se référant aux chiffres de la Suva, l’auteure, Pauline Tafelmacher, précise son coût – 4,2 milliards de francs par an – et les conséquences pour la santé des victimes qui se déclinent en burn-out, dépression, mais aussi AVC et infarctus. Une situation qui porte également préjudice à l’entreprise. Et la députée de citer «des pertes de productivité en raison des absences du personnel, un risque accru d’accident, des taux de fluctuation élevés, des charges supplémentaires au niveau du recrutement et souvent une baisse du chiffre d’affaires en raison de clients insatisfaits». Il serait toutefois possible, note-t-elle, de prévenir le mal. Les entreprises soucieuses d’offrir un environnement professionnel sain et sûr peuvent par exemple recourir à des spécialistes de l’Institut universitaire romand de santé au travail ou aux outils conçus par ce dernier. Aussi, Pauline Tafelmacher demande au Conseil d’Etat de présenter un plan d’action pour la prévention du stress incluant «un monitorage de la sinistralité par entreprise» et l’accès aux données récoltées – qui doivent rester confidentielles et anonymes – à une commission multipartite réunissant des professionnels de la santé au travail, des représentants de l’Etat et des partenaires sociaux.

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