En plus d’un cabinet de réflexologie et de massages, la thérapeute et coach Patrizia Monastra a ouvert avec un de ses fils un café hors des sentiers battus
C’est un lieu inqualifiable. Un bistrot, mais pas seulement. Un espace où l’on peut parler, bénéficier d’une écoute active et bienveillante et trouver des solutions à des douleurs physiques et émotionnelles. Un endroit où se déroulent conférences et ateliers, notamment de peinture et où l’on peut aussi acheter des spécialités du cru et des articles artisanaux. Le petit établissement «Chez Saty», récemment ouvert dans les hauts de Lausanne, a été pensé par Patrizia Monastra et son fils aîné Sam. La Jurassienne de 48 ans, qui partage sa vie entre Boécourt et la capitale vaudoise, nous accueille dans ces nouveaux murs qui lui ressemblent, ses explications sur la vocation de cet original café-boutique se confondant rapidement avec sa personnalité. Créative. Joyeuse. Et résolument optimiste, même si, ce matin-là, les clients ne se bousculeront pas au portillon. Qu’importe. Patrizia Monastra est une battante. Elle croit à ce projet multiforme audacieux. Insiste sur la nécessité «d’oser être soi, de sortir des cases, d’apporter de nouvelles choses». Et ne doute pas de sa destinée, elle qui consacre sa vie à aider les autres, à les amener à adopter «d’autres angles de vue» quand la voie semble bouchée ou sombre. A les soutenir en matière de développement personnel. Avec une énergie et un allant communicatifs. En abordant les personnes qui la sollicitent comme des partenaires – «Seule, je ne peux pas agir». Et avec des outils acquis au fil de son parcours.
Un sas de décompression
Educatrice sociale de formation, cette maman de deux grands fils a élargi ses connaissances à la réflexologie, aux massages thérapeutiques, au coaching personnel et familial et au magnétisme. Des prestations qu’elle propose dans son cabinet à Boécourt, localité où elle exerce également un mandat politique de conseillère municipale. «Dans le parti du Centre, et non dans les extrêmes, parce que c’est là où l’on peut faire bouger les choses, aux niveaux social, féministe et culturel», affirme cette meneuse. Le café «Chez Saty», «un sas de décompression, de rencontres, une bulle hors du temps» lui donne l’occasion de planter davantage de graines, en clair, d’idées de partage et d’entraide avec l’espoir de parvenir symboliquement à une terrasse aussi fleurie que celle qu’elle partage les moitiés de semaine avec son compagnon, à Lausanne. «Si je ne crée pas, je meurs», lance Patrizia Monastra, qui justifie par ses racines latines sa nature extravertie et solaire, son plaisir de la vie à l’extérieur ainsi que l’importance accordée à la famille, aux relations et au travail. Fille d’immigrés italo-espagnols, la dynamique quadragénaire précise encore avoir hérité de la mixité de ses origines esprit d’ouverture et adaptabilité. «Je me sens bien partout dans le monde.» Reste qu’adolescente, elle aura aussi dû s’affranchir de certaines attentes de ses parents, rompant avec le rôle de l’enfant docile et malléable qu’elle avait endossé jusque-là, pour pouvoir s’affirmer. Pour jouer sa partition. Et après avoir dû lutter au sens propre pour survivre.
Rage de vivre
Née avec une malformation, Patrizia Monastra passe une partie de sa jeunesse dans les hôpitaux, subissant nombre d’opérations, confrontée à un cortège de médecins dont elle devient «l’objet». «Je me suis battue pour exister», souffle la Jurassienne qui, pudique, ne s’étalera toutefois pas sur le sujet. Cette situation va néanmoins influer sur sa trajectoire. Hyperactive, la combative a développé une rage de vivre, pratiquant plusieurs sports, s’adonnant à la peinture abstraite et thérapeutique ̶ «Un moyen de se retrouver avec soi-même» ̶ se montrant d’une insatiable curiosité. A ses centres d’intérêts s’ajoutent encore la préparation de tisanes et la création de bijoux réalisés avec des pierres dont elle ne doute pas de leurs vertus. «Je suis à fond», sourit la passionnée. Une énergie et un mental d’acier auxquels elle devra aussi recourir en 2006, au décès de son mari. «J’ai mis sept ans pour m’en remettre. Mais je sens qu’il est toujours à mes côtés. Différemment. Dans une autre dimension. Sa présence m’émeut», confie-t-elle, essuyant d’irrépressibles larmes. Un deuil long et douloureux, mais Patrizia Monastra a choisi là encore de se battre, de se relever, d’écouter les réponses qu’elle dit avoir en elle, persuadée que rien n’arrive par hasard, qu’il n’y a ni vie ni mort. «Le monde est énergie. Nous faisons partie d’un tout. Et ce tout est en nous», précise la magnétiseuse initiée à cette pratique depuis cinq ans. Et affirmant sans hésiter être heureuse. «Car je me trouve où je dois être. En conscience. Sans faux-semblants.» Et avec cette certitude que son rôle consiste à aider les autres et à créer.
La force des liens
En dépit de son formidable entrain, Patrizia Monastra admet aussi connaître des coups de mou. Alors, quand tout va mal, elle laisse ses émotions s’exprimer. Elle attend que l’orage passe, en pleurant, en marchant ou en regardant des séries. Des moments sans... mais, en revanche, pas de peur. Un sentiment que Patrizia Monastra affirme ne pas ressentir. Avec un bémol. «J’ai eu autrefois souvent peur, mais c’est fini. Je m’inquiète seulement pour mes enfants. S’il devait leur arriver quelque chose de grave, je ne suis pas sûre que j’arriverais à le gérer», admet cette maman, qui reviendra plusieurs fois sur la force des liens qui unissent le trio.
Aujourd’hui, l’indépendante rêve de voir «Chez Saty» décoller. «Bien sûr, cela va prendre plus de temps que si nous nous trouvions au centre-ville. Mais ça doit fonctionner. Et dans le cas contraire, on aura appris quelque chose.» Toujours cette vision positive que rien ne semble pouvoir ébranler à l’exception, peut-être, de la définition de l’enfer de la thérapeute: «C’est quand on n’a plus envie de donner, de s’investir.» Risque limité pour Patrizia Monastra qui puise dans le courage d’être elle-même sa capacité à réenchanter la vie...
«Chez Saty», Aloys-Fauquez 124, Lausanne.