Le 7 mars, les électeurs du canton de Berne devront se prononcer sur une extension des ouvertures dominicales des commerces, qu’Unia et une vaste coalition appellent à refuser
Le 7 mars prochain, les électeurs du canton de Berne sont appelés à se prononcer sur une révision de la Loi sur le commerce et l’industrie votée l’année dernière par une majorité du Grand Conseil et qui prévoit de faire passer de deux à quatre le nombre annuel d’ouvertures dominicales des magasins. Emmenée par les quatre régions d’Unia actives dans le canton, une vaste coalition a saisi le référendum, déposé 17400 signatures authentifiées récoltées en l’espace de trois mois et appelle à rejeter cette modification dans les urnes. Cela afin de protéger le personnel de vente et le commerce local, comme l’explique Rébecca Lena, secrétaire régionale d’Unia Transjurane. Interview.
Pourquoi vous opposez-vous à l’ouverture des commerces deux dimanches supplémentaires?
Le dimanche doit rester le jour non ouvrable de la semaine et on ne devrait y renoncer que dans certains cas, par exemple dans le cadre du service public. Il s’agit d’une journée de repos, de détente, de réflexion et qui permet les contacts sociaux.
Mais il y a sûrement des vendeurs et des vendeuses volontaires pour travailler le dimanche, pourquoi les en empêcher?...
Si cette votation a lieu, c’est parce qu’au départ, nous avons consulté nos membres de la branche du commerce de détail, les vendeurs et les vendeuses, et leur avons demandé si nous devions aller au référendum ou non. Leur réponse a été très claire: ils ne veulent pas plus d’ouvertures dominicales. Ils nous ont demandé de récolter les signatures nécessaires, ce que nous avons fait. Deux dimanches de vente en plus, c’est une charge supplémentaire importante, alors que les conditions de travail sont déjà difficiles avec des bas salaires et de longues heures de présence. Avec la crise du Covid-19, les vendeurs et les vendeuses ont, en outre, été très sollicités. On a dit qu’il fallait les remercier, mais deux dimanches de plus, ce n’est pas un remerciement, c’est une gifle! Un véritable remerciement aurait pris la forme d’une augmentation salariale.
Ces ouvertures ne créeront-elles pas de l’activité et des emplois? Dans cette période de marasme économique, ne faut-il pas favoriser au maximum les commerces?
On constate que, dans cette crise, les commerces qualifiés d’essentiels n’ont pas accusé de pertes, ils ont plutôt accumulé des gains, cela signifie que les magasins fermés le dimanche n’empêchent pas la consommation. Si on ne fait pas ses commissions le dimanche, on les fait les autres jours de la semaine, on a toujours la même somme d’argent dans son porte-monnaie. Quant aux petits commerçants, ils ne sont pas favorables du tout aux ouvertures dominicales, ils le disent dans le cadre de la campagne, cela ne leur rapporte pas plus. Les seuls gagnants sont les grandes chaînes.
Un autre argument, c’est la concurrence du commerce électronique.
La concurrence du commerce électronique est indéniable, mais encore une fois, qui en fait les frais? Ce sont souvent les petits commerçants. Les grandes chaînes sont, elles-mêmes, des acteurs importants du commerce en ligne. Elles se plaignent d’un côté et gagnent de l’autre, alors je trouve que l’argument n’est pas tellement valable. Les cantons pourraient aider les petits commerçants qui peinent à être présents sur internet, ça serait peut-être une solution, mais non des ouvertures dominicales. Les seules qui en profitent, je le répète, sont les grandes surfaces. Est-ce que nous voulons encore leur faire la part belle? Pour moi, ne pas ouvrir le dimanche, c’est favoriser le commerce local.