Une clinique lucernoise, spécialisée dans l'orthopédie et appartenant au groupe Hirslanden, propose un coupe-file nommé «Priority Service», révèle le magazine Der Beobachter. Pour la «modique» somme de 300 francs, il est possible d’obtenir plus rapidement un rendez-vous et, pour «seulement» 500 francs, de se faire opérer plus vite. «Vous voulez savoir à quoi ressembleraient les soins livrés en pâture au libre marché comme l'exigent le PLR et l’UDC? Eh bien, à ça», a réagi sur Twitter l’ancien conseiller national socialiste Jean Christophe Schwaab. «Mais c’est quoi le problème?» a répliqué Philippe Nantermod, vice-président du PLR. Interrogé par Blick, le conseiller national s’explique: «Pourquoi interdire à un patient de payer pour être traité plus rapidement que la norme?» Et l’avocat valaisan d’aller plus loin: «Si un hôpital public équilibrait ses comptes en offrant ce genre de prestations plutôt qu’en prélevant encore de l’argent aux contribuables, je ne m’en plaindrais pas.» C’est simple, tu paies, tu passes avant les autres. D’ailleurs, pourquoi ne pas instaurer des coupe-files pour les Urgences où, on le sait, l’attente peut être longue? Pour un petit supplément, on pourrait ainsi dépasser les autres blessés et malades agonisant dans la salle d’attente, même si c’est pour un petit bobo. Il est où le problème? Et pour la police? Pourquoi ne pas envisager de passer en premier lorsqu’on téléphone au 117? Au secours, venez vite, j’ai le Priority Service! Les pompiers? Y a le feu, vite, Priority Service! Pas de problème.
Est-ce un vice de la gauche de voir des problèmes là où il n’y en a pas? Prenons la conseillère d’Etat Valérie Dittli. En charge des Finances, elle n’a jamais payé ses impôts dans le canton de Vaud ayant conservé jusqu’il y a peu son domicile fiscal à Zoug. Ce qui a permis à la démocrate-chrétienne d’économiser, selon les calculs de la RTS, quelque 20000 francs. La droite a dénoncé un «procès d’intention» de la part de la gauche. Aucun problème, en effet, son prédécesseur, Pascal Broulis, avait montré l’exemple. Durant neuf ans, le PLR n’a payé aucun impôt communal à Lausanne. Auteur d’un livre intitulé L’impôt heureux (cela ne s’invente pas), il avait ses papiers déposés à Sainte-Croix. Avant de devenir conseiller fédéral et responsable de l’Economie, Johann Schneider-Ammann avait, lui, on le sait, pratiqué de l’«optimisation fiscale» en faveur de son groupe par l’intermédiaire de sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux. Kein Problem. Quant au Genevois Pierre Maudet, on se souvient qu’il s’est fait inviter dans un palace d’Abu Dhabi, qu’il a menti, reçu des fonds du groupe Manotel, fait la fête à l’Escobar, un établissement ayant reçu un passe-droit de ses services, ou encore laissé le champ libre à Uber… et il se représente le 2 avril. No problemo?
Plus sérieusement, un système de santé à deux ou à trois vitesses, avec des coupe-files à la EasyJet, est l’antithèse d’un service public. Nous ne voulons pas de passe-droits profitant aux plus aisés. Et nous sommes persuadés que les élus se doivent d’être exemplaires. Notre problème, c’est peut-être vous, la droite.