«Le télétravail doit être limité et volontaire»
«Le télétravail n’est pas possible dans tous les secteurs, réagit Christine Michel, spécialiste de la santé au travail à Unia. Pour la grande majorité de nos membres leur présence physique est demandée sur les lieux de travail. Or, nous ne souhaitons pas deux classes d’employés.» Si l’experte n’est pas fondamentalement opposée au home office, elle reste critique. Entretien.
Quels sont les éléments essentiels à la mise en place du télétravail?
Le télétravail doit être limité et volontaire, et non pas imposé par l’employeur pour diminuer ses charges. D’ailleurs, les coûts liés au travail à la maison doivent être impérativement remboursés. Le télétravail ne devrait pas excéder un jour par semaine, voire deux, afin d’éviter la perte de contact avec l’entreprise, entre collègues. Il doit être encadré par des règlementations dans les conventions collectives de travail. La saisie du temps de travail, le droit à la déconnexion, l’importance du temps de repos, les conditions ergonomiques du bureau sont des critères essentiels à prendre en compte. Alors que l’employeur reste garant de la santé de ses employés, le télétravail repose encore trop sur la responsabilité individuelle.
Dans le sondage de Syndicom, 61% des participants estiment pouvoir mieux concilier vie professionnelle et éducation des enfants…
A mon avis, on peut plutôt parler d’un exercice de jonglage astreignant dans cette situation exceptionnelle liée au Covid-19. Et si le sondage de Syndicom montre que davantage d’hommes ont eu moins de peine à concilier enfants et travail, cela prouve une fois de plus que les femmes prennent davantage en charge la famille. Le télétravail permet d’être présent à la pause de midi par exemple, mais il est impossible de garder les enfants et de se consacrer à son activité professionnelle en même temps.
Une majorité de personnes interrogées estiment aussi que leur niveau de stress a baissé et apprécient la diminution de leur temps de trajet…
Du côté d’Unia, nous souhaitons privilégier plutôt le recours à des espaces de coworking (proche des domiciles des collaborateurs, ndlr) qui favorisent le maintien d’un rythme social tout en évitant les trop longs déplacements. Cela permet aussi de prévenir l’éparpillement des heures de travail. Car des journées trop longues accentuent le stress. Plusieurs études montrent de surcroît que les gens travaillent généralement davantage à la maison.