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«L’économie neuchâteloise ne s’est jamais si bien portée»

Tracts en faveur du salaire minimum.
© Pierre Noverraz/archives

Le salaire minimum a été introduit à Genève,  au Tessin, à Neuchâtel, dans le Jura et à Bâle-Ville.

La menace qui pèse sur les salaires minimums cantonaux fait réagir Silvia Locatelli, secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel. Son canton a été pionnier dans le domaine

Les salaires minimums cantonaux sont clairement menacés. Le 14 juin dernier, le Conseil des Etats a avalisé une motion d’Erich Ettlin dont l’objectif est de laisser tomber le salaire minimum fixé par le Canton au profit des salaires conventionnels lorsqu’il existe une convention collective de travail nationale pour le secteur (voir L’ES du 29 juin). Cette mesure, rappelons-le, pourrait porter préjudice à bon nombre de travailleurs à Genève,  au Tessin, à Neuchâtel, dans le Jura et à Bâle-Ville, dans des secteurs comme le nettoyage, l’hôtellerie-restauration ou la coiffure.

Pour les partis de gauche et les syndicats, qui ont durement lutté afin de mettre en place ces salaires minimums au niveau des cantons, il s’agit d’une négation des principes démocratiques, du fédéralisme et surtout de la réalité des travailleurs aux plus bas salaires. Entretien avec Silvia Locatelli, secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel, où le premier salaire minimum de Suisse est entré en vigueur en 2017 et dont près de 2700 travailleurs ont pu bénéficier.


Quelle a été votre réaction à la suite de cette motion?

L’indignation. Cette décision est incompréhensible. Elle bafoue à la fois la volonté populaire qui s’est clairement exprimée en faveur de la mise en place d’un salaire minimum neuchâtelois, mais aussi les prérogatives cantonales. C’est une bien étrange manière de respecter les institutions et la population pour des partis dits de la majorité!

Le salaire minimum neuchâtelois est construit sur la base d’un minimum social. Avec cette décision, le Conseil des Etats part du principe que des travailleuses et des travailleurs de certaines branches ont un besoin social inférieur aux autres, c’est une aberration uniquement dictée par des intérêts économiques. Depuis l’entrée en vigueur du salaire minimum à Neuchâtel en 2017, l’économie neuchâteloise ne s’est jamais aussi bien portée! Aucun effet négatif n’a été constaté et les rapports de la commission tripartite démontrent que, globalement, c’est bien appliqué. Nous avons donc du mal à comprendre le sens de cette fronde si ce n’est la volonté de laisser à certains le loisir de payer des salaires de misère!

Quel serait l’impact pour les travailleurs?

La décision doit être également prise par le Conseil national, puis le Conseil fédéral doit proposer une loi d’application en principe soumise à référendum. Mais si toutes les étapes étaient passées alors ce serait un retour en arrière dans la lutte contre les salaires de misère. Les travailleurs et les travailleuses des branches les plus précarisées pourraient de nouveau se retrouver avec des revenus qui ne suffiraient pas pour vivre. Même si le fait que cela ne concerne que les Conventions collectives de travail avec force obligatoire, n’oublions pas que deux grands secteurs sont potentiellement touchés: l’hôtellerie-restauration et le nettoyage. Deux secteurs par ailleurs à prédominance féminine: penser que cette motion a été votée le 14 juin rend tout cela d’autant plus cynique…

Comment allez-vous riposter face à cette attaque?

En communiquant sur les conséquences et l’aberration de cette décision que nous ne cesserons de dénoncer jusqu’à ce que le Parlement l’enterre. L’Union syndicale suisse doit aussi se mobiliser.

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