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Les employés des shops tessinois discriminés

Le 5 juin dernier, une délégation d’Unia a interpellé les parlementaires à l’entrée du Palais fédéral.
© Unia

Les shops des stations-service du Tessin n’ont pas à appliquer le salaire minimum de la CCT. Une exception décidée par le Conseil fédéral. Unia dénonce

Le 1er février, la nouvelle Convention collective de travail (CCT) des shops de stations-service, de force obligatoire est entrée en vigueur pour les quelque 13000 salariés du secteur. Sauf que le Conseil fédéral a décidé d’exclure le canton du Tessin du salaire minimum négocié par les partenaires sociaux.

L’association des exploitants de shops de stations-service suisses (AESS), les syndicats Unia et Syna ainsi que la Société suisse des employés de commerce s’étaient pourtant accordés sur un salaire minimum de 3600 francs par mois au Tessin, en Valais, au Jura, aux Grisons, à Soleure, en Thurgovie, à Saint-Gall, et de 3700 francs dans le reste de la Suisse. Face à cette injustice, plus d’une centaine de salariés tessinois du secteur ont signé une pétition lancée par Unia pour demander que le salaire minimum de la nouvelle CCT soit aussi appliqué au Tessin. «Les travailleurs sont extrêmement fâchés de cette discrimination, car bien conscients qu’ils font le même travail que les autres et que les marges pour les patrons seront les mêmes partout!» souligne Giangiorgio Gargantini, responsable du secteur tertiaire d’Unia Tessin. «Aujourd’hui les salaires pratiqués au Tessin sont de 3000 francs brut par mois environ, mais nous avons aussi des exemples en-dessous. Nous demandons donc que le salaire minimum de 3600 francs soit appliqué au Tessin. Et nous faisons un pas en proposant une entrée en vigueur progressive jusqu’à fin 2020.» Soit la date du renouvellement de la CCT. A noter que les autres mesures telles que la durée de travail et les prestations sociales, comme le maintien du salaire en cas de maladie ou de maternité par exemple, seront introduites.

Dumping salarial

Le Conseil fédéral motive sa décision par le fait que les salaires coutumiers dans la branche sont beaucoup plus faibles au Tessin. «Un autre motif évoqué est qu’une CCT cantonale pour le commerce de détail a été discutée, et que celle-ci prévoit des salaires beaucoup plus bas, soit 3200 francs. C’est aussi pour cette raison qu’Unia n’a pas signé cette CCT, qui n’est par ailleurs pas encore entrée en vigueur faute de quorum valable», souligne Caroline Ayer, responsable nationale Unia pour les shops de stations-service, qui relève que, depuis la conclusion de la convention des shops fin 2015 par les partenaires sociaux, le lobby des patrons tessinois a été féroce. Des recours ont été déposés, et les patrons tessinois ont démissionné de l’AESS.

«Ils ont créé une nouvelle association, l’Associazione Ticinese Stazioni di Servizio, pour contrer la CCT. L’un d’eux, le patron d’Ecsa, a déclaré que des salaires à 3600 francs étaient une folie. C’est osé pour un millionnaire!» relève Giangiorgio Gargantini.

Dans son tract distribué aux députés lors de l’action d’Unia devant le Palais fédéral le 5 juin dernier, le syndicat s’insurge contre la décision du Conseil fédéral: «D’une part, elle est mauvaise, car fondée sur des chiffres non pertinents. D’autre part, elle est grave, puisqu’en la prenant, le Conseil fédéral remet en cause la validité du choix effectué par les partenaires sociaux, contestant par là même le rôle historique qui leur revient dans la définition des conditions cadres applicables sur le marché du travail par le biais de l’instrument CCT.» Et Giangiorgio Gargantini d’ajouter: «Refuser le caractère obligatoire des salaires minimums dans un seul canton est une première! C’est extrêmement grave pour le Tessin et pour le syndicat!»

«Aux questions des conseillers d’Etat tessinois sur ce sujet, il y a quelques semaines, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a répondu que c’était une affaire de partenariat social. Or, c’est le Conseil fédéral qui a exclu le Tessin!» relève Caroline Ayer. A la suite de l’intervention d’Unia, des parlementaires tessinois ont donc demandé au Gouvernement de justifier sa décision, d’expliquer comment celle-ci ne va pas encore augmenter le dumping salarial au Tessin, et ce qu’il va faire pour rectifier la situation? Une réponse devait être donnée lundi passé, au moment du bouclage de ce journal.

 

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