Les inégalités salariales progressent
Les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique montrent une hausse de la discrimination dans le secteur privé
Les inégalités salariales ne reculent pas. Au contraire. Selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), en 2016, les femmes ont gagné 19,6% de moins en moyenne arithmétique que leurs collègues masculins (19,5% en 2014). Si une part de l’écart salarial se justifie par des effets de structures liés au profil de la personne et au poste occupé, une autre partie est dite «inexpliquée» et constitue de la pure discrimination. Celle-ci a progressé dans le secteur privé, passant de 39,1% en 2014 à 42,9% deux ans plus tard, soit, respectivement, de 585 francs à 657 francs par mois ou 7884 francs par an. Cette différence varie en fonction de la branche économique. Elle correspond en moyenne à 327 francs par mois dans l’hôtellerie-restauration et monte à 702 francs dans le commerce de détail, à 964 francs dans l’industrie et jusqu’à 1297 francs dans la finance et les assurances. Meilleur élève, le secteur public (Confédération, cantons et communes) a vu la part inexpliquée diminuer de 41,7 à 34,8%, ce qui fait tout de même encore perdre 522 francs par mois en moyenne aux employées de la fonction publique et du secteur subventionné.
Relevons au passage que plus on avance en âge, plus la discrimination diminue: 58% pour les moins de 30 ans, 43,5% de 30 à 49 ans et 36,6% dès 50 ans. Notons aussi que les postes dans le privé dont le salaire est inférieur à 4000 francs pour un plein temps sont occupés majoritairement par les femmes (62,7%), tandis qu’elles se font plus rares lorsqu’on progresse dans la pyramide des rémunérations. Elles ne sont que 28,2% à plus de 8000 francs et 18% à plus de 16000 francs.
«Vol des salaires»
Cette nouvelle enquête sur les salaires donne du grain à moudre à la gauche, aux syndicats et aux féministes. «L’analyse volontaire des salaires a échoué», estime Unia dans un communiqué. La nouvelle Loi sur l’égalité n’impose en effet qu’aux entreprises de plus de 100 collaborateurs d’effectuer des contrôles salariaux. Et d’ailleurs aucune surveillance administrative de ces examens n’est prévue. Or, selon l’OFS, c’est dans les petites sociétés que les inégalités sont les plus marquées. La part inexpliquée atteint ainsi 60,9% dans les structures de moins de 20 emplois, contre 27,4% à partir de 1000. Pour le syndicat, qui dénonce un «vol des salaires des femmes», c’est l’ensemble des entreprises qui doit analyser les salaires et les ajuster en conséquence.
«Il est grand temps de prendre des mesures énergiques», juge l’Union syndicale suisse, qui, avec de nombreuses autres organisations et collectifs, appelle à participer à la grève des femmes du 14 juin prochain.
Voir également notre article Le long combat pour l'égalité de deux couturières.