A Moutier, la majorité des quelque 300 salariés du fabricant de machines-outils sont au chômage technique à mi-temps
A Moutier, la majorité des quelque 300 salariés de Tornos sont au chômage partiel à un taux de 50% depuis le 1er mars. La mesure, qui concerne tous les départements, à l’exception de la vente, est prévue jusqu’au mois d’avril, mais pourrait être reconduite le cas échéant. L’annonce a été faite par la direction le 9 mars à l’occasion de la conférence annuelle du groupe. En 2019, le chiffre d’affaires du fabricant de machines-outils s’est tassé de 214,9 millions à 205,3 millions de francs; plus inquiétant: le carnet de commandes a reculé de 45%, de 245 à 135,5 millions. La réduction de l’horaire de travail n’est pas liée à la crise du coronavirus, ont assuré les patrons de Tornos. «Les résultats de l’industrie des machines ne sont pas bons et les chiffres de Tornos s’en ressentent. La RHT est un levier permettant de préserver l’emploi et les compétences, un outil qu’il faut utiliser, tout ce qui est en faveur de l’emploi est bon à prendre, surtout lorsque les cycles économiques se raccourcissent. Si le chômage partiel est accordé, c’est plutôt un signe positif, cela veut dire que les carnets ne sont pas vides et qu’il existe des perspectives», commente Patrick Cerf, responsable du secteur industrie d’Unia Transjurane.
Travailleurs âgés licenciés
Toutefois, pour le secrétaire syndical, tous les indicateurs sociaux ne sont pas au vert chez Tornos: «Il ne fait pas bon devenir un travailleur âgé dans cette entreprise. Sur ma table, les dossiers de salariés qui se sont fait mettre dehors après 20, 30 ou 40 ans de boîte se multiplient. C’est proprement scandaleux, indigne, un manque de respect inouï à l’égard de personnes qui ont œuvré si longtemps en faveur de cette grande marque. Même si on parle de préretraites et de quelques avantages, dans les faits, ces salariés sont jetés aux oubliettes, ils peinent à décrocher un nouvel emploi et se retrouvent au chômage avec un revenu réduit», tonne Patrick Cerf, qui se dit touché à titre personnel: «Certains ont pleuré devant moi. De l’avis général, dans les ateliers et les bistrots, on ne trouve pas ça normal, cela ne fait pas de pub à ce qu’on appelle en Prévôté la Grande Maison. Mais il faut que ça se sache. Je travaille sur ces dossiers et j’attends des réponses.»
Dans ces circonstances, le syndicaliste juge «assez déments» les montants des rémunérations de la direction publiés dans le rapport annuel: «Cela devient même intolérable.» Michael Hauser, CEO du groupe, a ainsi touché 1,03 million en 2018, sans parler des menus bienfaits accordés par le conseil d’administration.