Professeure, entre autres, de yoga-danse et de musique, pratiquant le rééquilibrage énergétique via différentes techniques, Thalia Perry cultive la joie de vivre
C’est une personne hors du commun qui se distingue par son exubérance et son insatiable curiosité. Ses passions plurielles et son plaisir de la transmission. Et un cheminement spirituel ancré dans son quotidien. L’agenda de Thalia Perry donne, à lui seul, quelques indices révélateurs de son approche de l’existence. Dans son mémento de papier, sur la première page destinée généralement à identifier le détenteur, pas d’informations classiques. Sous le registre profession, elle a inscrit: «Aime cultiver les graines de joie de vivre». Le lieu d’origine est complété par un: «La lumière». Quant à son adresse, elle l’a résumée à un «Ici et maintenant». Des données plus essentielles pour cette native de Grèce qu’une déclinaison d’éléments administratifs. Durant l’entretien, elle laissera d’ailleurs souvent de côté les aspects formels de son parcours. Autrefois danseuse professionnelle et virtuose de piano, disciplines auxquelles elle s’est formée dès son plus jeune âge, Thalia Perry a effectué parallèlement des études d’histoire de l’art. «Mes parents étaient de grands musiciens. Enfant, la musique était à la maison aussi présente que l’air ainsi que le sens de la beauté. J’ai grandi dans cette ambiance», indique Thalia Perry arborant un T-shirt pastel rappelant un tableau de Claude Monet. Originaire de Crète, l’artiste, adulte, quitte son île, animée par une envie de voyager et d’aiguiser ses connaissances dans ses domaines de prédilection.
Guidée par ses intuitions
«Je suis partie sac à dos, avec mes chaussons de ballerine et mes partitions.» Au terme d’un tour en Europe, «guidée par ses intuitions», l’artiste pose ses valises à Lausanne où elle suit le Conservatoire. «C’est mon cœur qui m’a dirigée dans cette ville. J’avais besoin de montagne, d’eau et de langue française», raconte, joyeuse et volubile, Thalia Perry, son flot de paroles modulé par l’accent de ses origines. Et tout en précisant encore que sa famille avait noué des contacts avec des musiciens dans la capitale vaudoise. Donnant des cours de piano et se produisant régulièrement en concert et dans des spectacles de danse, la Crétoise s’épanouit alors dans ce monde avant qu’un accident de parcours ne vienne, en 2001, chambouler son quotidien. «J’ai brisé malencontreusement un vase et me suis blessée. Mon pouce a été sectionné jusqu'à l’os. Moi qui étais très autonome, j’ai fait l’apprentissage de l’interdépendance.» Ce dommage met un terme à la carrière de pianiste professionnelle de Thalia Perry. Mais elle saura rebondir. Pour elle, tout a un sens dans la vie. La synchronicité appartient à ses expériences. Elle raconte d’ailleurs que, dans la salle d’attente en vue de son opération de la main, patientant avec un livre, elle tombe sur une phrase qui a particulièrement résonné dans son cœur. «Elle disait: “L’aidant est le pont entre l’aidé et l’aide éternelle”. Cet accident a été un cadeau, certes avec un emballage bizarre, mais il m’a offert une chance d’éveil», affirme cette femme qui, peu de temps avant ce coup d’arrêt, avait rencontré un acupuncteur japonais...
En chantier...
«J’étais venue pour un traitement. Il m’a ensuite prise comme élève et m’a initiée durant six ans à sa pratique, jusqu’à sa mort.» Thalia Perry va alors à son tour élargir ses prestations, ajoutant à ses cours de yoga-danse, de yoga acrobatique, de musique et autres enseignements, le rééquilibrage énergétique appris auprès de son mentor et encore enrichi par des techniques ayurvédiques et des massages. «Je dispose de plusieurs outils différents. Mon chemin se fonde sur la quête de l’harmonie, de l’unité de la diversité. Quand je rencontre une personne, je préfère d’ailleurs remplacer le mot “enchanté ” par “en chantier ”. Et finalement, je n’ai qu’une passion, celle de la vie. Je suis amoureuse de la vie», poursuit la Vaudoise d’adoption à grand renfort de gestes. Vivre, aimer, apprendre et savourer, voilà ce qui la motive, elle qui apprécie les défis et craint seulement «les apparences erronées semblant réelles, l’illusion qu’une chose est fausse». «On croit à tort être dissocié du tout. Je m’étonne souvent de la résistance que nous opposons aux événements nous poussant à évoluer. A grandir en conscience.» Un dernier point sur lequel insistera souvent Thalia Perry, précisant œuvrer «à éliminer toute ombre avant le départ final».
Vers les étoiles
«Je travaille à lutter contre l’absence d’éveil. Nous entrons dans l’existence avec un bagage renfermant des dispositions de base et notre libre arbitre. Naissance et mort n’existent pas. La vie seulement se transforme.» Une approche donnant la tonalité au quotidien de la professeure et thérapeute qui, questionnée sur sa définition du bonheur, prendra le temps de la réflexion avant de répondre: «Je parlerais plutôt de béatitude. D’une forme de retrouvailles avec l’unité qu’on n’a jamais quittée. Une aptitude innée qu’on a oubliée.» Heureuse, Thalia Perry l’est aussi quand elle pratique la plongée sous-marine. «J’aime cet état méditatif, cette union avec l’eau d’où l’on vient», note la Crétoise, confiant encore sa fascination pour les dauphins – symboles de la culture minoenne – et sa préférence pour la couleur bleu turquoise, «celui de la mer». Son remède quand tout va mal? «Me souvenir que les courants contraires sont juste un examen de vie, mettre en pratique mes connaissances et élargir mon point de vue», indique cette optimiste «dans le cœur» qui partage depuis 17 ans sa vie avec un homme habitant... aux Pays-Bas. «On se voit régulièrement – hors crise de la pandémie, il va de soi. Chacun gardant son indépendance, la relation est idéale et peut fleurir sans étouffements mutuels. Oser être différente, c’est ma nature», souligne cette native du Sagittaire qui bande son arc vers les étoiles...