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Libérer les peuples du fardeau de la dette

Le FMI et la Banque mondiale se réunissent à Washington pour leur assemblée annuelle cette semaine. L’occasion pour le mouvement international Debt for Climate d’exiger l’annulation de la dette des pays du Sud en vertu de la justice climatique et sociale. Fin juin déjà, des blocages avaient eu lieu pour rappeler que les pays du G7 portent la lourde responsabilité du réchauffement de la planète. Il ne s’agit donc aucunement de charité, mais bien de justice. De surcroît, de nombreuses dettes illégitimes ont déjà été remboursées maintes fois par le biais du versement d’intérêts indécemment élevés. Et ce, au détriment de l’alimentation, de la santé et de l’éducation des populations d’Amérique du Sud, d’Asie mais surtout d’Afrique. Ce sont également ces dernières qui ont subi de plein fouet la flambée des prix des denrées alimentaires liée au Covid et, aujourd’hui, à la guerre en Ukraine, sans oublier les sécheresses et les inondations. A Genève, cette revendication résonnera sur la plaine de Plainpalais le 15 octobre*, jour qui marque les 35 ans de l’assassinat de Thomas Sankara, alors président du Burkina Faso.

Son discours pour l’annulation de la dette, le 29 juillet 1987, lors de la 25e conférence des pays membres de l’OUA (Organisation de l’union africaine) à Addis-Abeba, n’a rien perdu de son acuité. Il avait rappelé le lien intrinsèque de la dette avec le colonialisme: «Ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. (...) La dette c’est encore le néo-colonialisme ou les colonialistes qui se sont transformés en “assistants techniques”. En fait, nous devrions dire en assassins techniques. (…) On nous a présenté des dossiers et des montages financiers alléchants. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus.»

Une manière de garder l’Afrique sous le joug occidental, et aujourd’hui chinois et russe, mais aussi sous la mainmise des multinationales, des banques, des puissants qui continuent de s’enrichir sur le dos des plus démunis. Car un prêt est toujours accompagné d’injonctions du FMI, qui empêchent bon nombre de pays de choisir leur destin et de sortir de la surexploitation des ressources fossiles et minières. Dans son discours, Sankara a rappelé que «les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique. Ceux qui veulent exploiter l’Afrique sont les mêmes qui exploitent l’Europe.» Les plans d’austérité imposés à la Grèce en sont un exemple flagrant, tout comme les inégalités croissantes. Le président anti-impérialiste en appelait alors à l’OUA de s’ériger contre la dette ensemble. «Cela, pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence!» Une diatribe tristement prémonitoire.