LPP: pas question de payer plus pour toucher moins
Le compromis des partenaires sociaux a manqué son envol. La réforme LPP 21 a été adoptée la semaine dernière par une majorité des deux tiers du Conseil national, après qu’il a suivi les propositions de sa Commission de la sécurité sociale et de la santé publique dénaturant le projet. Ces modifications remettent en cause une forme de solidarité introduite dans le 2e pilier par le compromis. Elle aurait permis, selon les partenaires sociaux, d’améliorer quelque peu les rentes trop basses des femmes.
L’Union syndicale suisse (USS), à l’origine, avec Travail.Suisse et l’Union patronale, du projet repris par le gouvernement, a dénoncé la position de la Chambre basse du Parlement. «En fin de compte, les coûts de cette réforme resteront des plus élevés, pour des rentes qui baissent», note la faîtière syndicale dans un communiqué. Elle y rappelle que les rentes du 2e pilier ont diminué en termes réels de 8% depuis 2005, alors que les assurés n’ont jamais payé autant de cotisations aux caisses de pension.
Les suppléments de rentes, de l’ordre de 100 à 200 francs prévus pour compenser la baisse du taux de conversion de 6,8% à 6% (soit une diminution des pensions allant jusqu’à 12%), ont été réservés à certains travailleurs. Seuls 35% à 40% des assurés en bénéficieraient. Les femmes et les personnes à temps partiel ainsi que les petits revenus seront les grands perdants de la réforme. L’USS donne l’exemple d’une employée gagnant 15000 francs par année, qui devrait désormais cotiser au 2e pilier pour gagner, à l’heure de la retraite, une rente mensuelle d’à peine 60 francs…
«Dans l’ensemble, le modèle décidé par le Conseil national sera plus cher, pour les personnes dont le revenu est inférieur à 86040 francs, que la proposition faite par le Conseil fédéral et les partenaires sociaux. Parallèlement, les personnes à haut revenu et les employeurs des branches où les salaires sont élevés se voient déchargés de la responsabilité de participer financièrement à la réforme de la LPP», indique l’USS déplorant que le National refuse de voir la réalité historique en matière de retraites et de «donner forme à un projet de LPP qui fonctionne techniquement et soit en mesure de trouver une majorité». L’USS annonce d’ores et déjà qu’elle engagera toutes ses forces pour que le Conseil des Etats, qui discutera de LPP 21 dans une prochaine session, revienne au projet initial.