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Macron sur un volcan

La colère gronde en France. Le feu bouronne. Demain, jeudi 5 décembre, risque d’être la première journée d’une grève s’inscrivant dans la durée. De partout monte la grogne. Depuis plus d’un an, les Gilets jaunes crient leur ras-le-bol sur les ronds-points du pays. Se font gazer, réprimer, mutiler par une police sous les ordres d’un gouvernement au service des puissants. Depuis neuf mois, les urgentistes, épuisés, font grève pour obtenir plus de moyens, une hausse des effectifs, l’arrêt de la fermeture de services et de lits, une augmentation des salaires. Le 13 septembre, ce sont les salariés de la RATP, la Régie autonome des transports parisiens (métros, bus, RER) qui cessaient massivement le travail pour protester contre la suppression de leur régime spécial de retraite, programmée par la réforme du président Macron. Un régime spécial leur permettant de compenser la pénibilité et les contraintes de leur emploi. Cette grève d’avertissement a été suivie d’un appel de cinq syndicats de la RATP à un mouvement de grève massif le 5 décembre contre la réforme des retraites du gouvernement.

Cette révision vise à remplacer le système actuel, fondé sur le nombre de trimestres cotisés et,  pour de nombreux salariés, sur des régimes spéciaux tels ceux existant dans les transports ou le personnel hospitalier. Un système universel à points serait mis en place, accordant un point pour 10 euros cotisés. Une forme de capitalisation prévoyant, au moment de la retraite, la conversion des points en rente. Les pensions ne seraient ainsi plus calculées sur les dernières années de service mais sur toute la vie laborieuse, ce qui impliquera une baisse drastique, de 10 à 30% selon les estimations de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. A cela s’ajoute l’introduction d’un «âge d’équilibre» de départ à la retraite à 64 ans, alors que l’âge légal actuel est à 62 ans.

Au rejet de la réforme de la RATP, s’est agrégée celle des cheminots de la SNCF, voulant défendre eux aussi leur régime spécial. Des employés échaudés de surcroît par le manque d’effectifs et un accident grave survenu le 16 octobre, qui a déclenché un vaste mouvement d’arrêts de travail. Face à l’absence de sécurité tant des passagers que des agents de train, les cheminots ont exercé massivement leur droit au retrait. Ces dernières semaines, les appels à la grève le 5 décembre se sont répandus comme une traînée de poudre.

Dans tous les secteurs, des hôpitaux aux enseignants, des transports à l’électricité, des raffineries à l’automobile, la mobilisation s’organise. Jeudi passé, plus de 1000 appels à la grève avaient été lancés dans le secteur privé. Partout, des assemblées générales se préparent à la reconduire dans un mouvement qui monte de la base. Les Gilets jaunes seront aussi présents, sur les ronds-points et leurs lieux de travail, comme ils l’ont décidé début novembre lors de leur Assemblée des assemblées. Les jeunes se joindront également à la lutte. Ces derniers temps, des milliers d’entre eux ont crié leur colère dans les rues ou les facs après l’immolation par le feu, le 8 novembre, d’un étudiant à Lyon, acculé par la précarité dans laquelle il ne pouvait survivre. Un acte politique et revendiqué, révélant l’état du pays. Une France au bord de l’explosion, qui pourrait basculer demain dans une grève générale illimitée. Une France où la convergence des luttes ne se décrète pas, mais se réalise dans l’action et le ras-le-bol partagé. Macron peut trembler.