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Marée verte historique dans les rues de Berne

Manifestation dans les rues de Berne.
© Neil Labrador

De jamais vu à Berne! Quelque 100 000 personnes ont manifesté pour crier leur colère face à l’inaction des élus sur la question de l’urgence climatique. Un cortège bigarré et compact, déjà à la sortie de la gare. Beaucoup n’arriveront pas jusqu’à la place Fédérale où plusieurs orateurs se sont succédé, dont Vania Alleva, présidente d’Unia, et le prix Nobel de chimie Jacques Dubochet.

Près de 100 000 personnes ont demandé des actions écologiques fortes et immédiates de la part des élus pour sauver l’avenir de la planète, et donc celui de nos enfants

Du jamais vu. Entre 60 000 et 100 000 personnes se sont rassemblées samedi 28 septembre à Berne à l’occasion de la première manifestation nationale «Cl!mat de changement» organisée par l’Alliance climatique, soit plus de 80 organisations luttant pour les droits humains et environnementaux. L’ampleur du mouvement est difficile à chiffrer, puisque nombre de manifestants n’ont pu atteindre la place Fédérale où se déroulaient discours et chants en fin de cortège. Dans les rues bondées de la capitale, un serpent coloré: fumigènes verts, mains rouges (rappel des actions contre Credit Suisse, qui investit massivement dans les énergies fossiles), panneaux multicolores. Des slogans: en suisse-allemand, en anglais, en français, en italien, reprenant largement ceux des jeunes de la Grève du climat – «On est plus chaud, plus chaud que le climat!», «Et un, et deux, et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité!» ou encore «A ceux qui veulent dominer le monde, le monde répond résistance!» Des pancartes: «Ohne Bäume, keine Träume!», «Trop de pingouins au Parlement, pas assez sur la banquise!», «Moins de riches, plus de ruches!», «Ni les femmes ni la terre ne sont des territoires de conquêtes». Autant de signes de l’émergence d’une convergence des luttes entre la Grève du climat des étudiants, la Grève féministe, et les syndicats.

En tête du cortège, des enfants, dont l’une tenant un ours blanc en peluche sur ses épaules, et des femmes et des hommes de tous âges, unis pour demander, trois semaines avant les élections nationales, une politique climatique cohérente protégeant «le fondement de notre vie!» et, par conséquent, la sortie des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), également pour la place financière suisse, ainsi que la justice climatique afin d’assurer «une vie digne pour toutes et tous dans le monde entier!»

«Une autre voie est possible»

Le scientifique, prix Nobel de chimie, présent dans toutes les mobilisations depuis le début de l’année, Jacques Dubochet a pris en premier le micro sur la place Fédérale: «La vie se meurt et le climat est en folie. Grands singes, lions, éléphants, tous les grands mammifères sont en voie d’extinction, sauf ceux que l’on mange (4% seulement des mammifères sont sauvages, 60% sont du bétail, 36% des humains, ndlr). Les insectes meurent aussi. Et la température monte: 1 degré déjà depuis le début de l’ère industrielle. Mon petit-fils aura 81 ans à la fin du siècle. La terre aura alors pris 3, 5, 7 degrés et je n’ose pas penser aux conditions qui régneront alors. C’est impossible, on ne peut pas continuer ainsi!» Hurlements d’approbation de la foule. Jacques Dubochet continue: «Mais une autre voie est possible. Elle est facile. Pourquoi payer très cher pour aller chercher très loin des combustibles fossiles qui nous tuent alors que le soleil est là, abondant, gratuit. Techniquement il n’y a pas de vrais problèmes à prendre la nouvelle voie. La difficulté est de rompre avec les vieilles habitudes et de nous lancer courageusement. Nous exigeons ici que chacune de nos communes, de nos cantons et notre Parlement fédéral déclare l’urgence climatique et agisse en conséquence.» Applaudissements. Vania Alleva, présidente d’Unia, a appelé ensuite à une transformation écologique et sociale de l’économie et de la société: «Les 26 milliardaires les plus riches – une élite d’hommes – détiennent autant que les 4 milliards les plus pauvres, la moitié de l’humanité. Vingt-cinq entreprises représentent plus de la moitié des émissions industrielles de CO2. Aujourd’hui, nous en avons assez de cette exploitation de l’humain et de la nature! Ensemble nous briserons leur pouvoir indécent! Ensemble nous ramènerons les émissions de CO2 à zéro net d’ici 10 ans. Ensemble nous défendons une réduction indispensable du temps de travail et créons une justice sociale et climatique. Et pour cela, Messieurs les plus riches, payez!» Entre chants écologiques et discours, sont intervenus encore le président du WWF, un paroissien parmi les 150 églises présentes, des jeunes de la Grève du climat ou encore un militant indigène de Bornéo ainsi que d’autres représentants de pays où les dérèglements climatiques se font déjà durement sentir.

Pour connaître la sensibilité écologique des candidats au Parlement: ecorating.ch

Pour plus d’informations, la feuille du climat distribué à 1 million d’exemplaires: klimablatt.ch

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