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Une campagne lancée sur les chapeaux de roues

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© Olivier Vogelsang

Plusieurs centaines de personnes ont défilé samedi contre le projet d'extension des autoroutes à Lausanne. A Genève, simultanément, une manifestation avait lieu également.

Deux manifestations simultanées à Lausanne et à Genève ont vu plus d’un millier d’opposants aux projets autoroutiers se mobiliser en vue des votations du 24 novembre.

«Qui sème des routes, récolte du trafic.» «Les autoroutes, ça sert à aller dans le mur… plus vite!» Ou encore: «Alberation, démission!» Autant de messages qu’on pouvait lire sur des pancartes tenues à bout de bras à Lausanne, samedi 5 octobre. 

Vers 14h, le cortège de plusieurs centaines de personnes s’ébranle. Au micro, Steven Tamburini, membre de l’organisation Ag!ssons, co-organisatrice de la manifestation avec actif-trafiC et plus d’une vingtaine d’autres associations, la CGAS ou encore l’Alliance climatique suisse (dont fait partie l’Union syndicale suisse). En aparté, le militant souligne qu’au-delà des critères environnementaux, il s’agit aussi d’ «éviter le gaspillage de l’argent public». Car, aux coûts avancés de 5,3 milliards de francs, pour les six projets d’extension des autoroutes, s’ajoutent déjà des projets fédéraux à hauteur de 35 milliards de francs pour les décennies à venir. Or, un récent rapport, qui a mis du temps à être publié cette année, annonce que le trafic automobile génère environ 17 milliards de francs de coûts externes annuellement: atteintes à la santé (pollution, bruit), accidents et conséquences climatiques. 

La bataille des chiffres ne fait que commencer, puisque la faîtière EconomieSuisse en avance un certain nombre pour démontrer que l’élargissement des autoroutes serait bénéfique au climat, car éviterait les bouchons générant des gaz à effet de serre. Sauf que l’Office fédéral des routes (OFROU), lui-même, pronostique que les bouchons seront de retour,… moins de 10 ans après l’extension des nouvelles autoroutes; les voies supplémentaires attirant davantage de voitures. D’ailleurs, concernant le seul projet romand, 44'000 voitures supplémentaires par jour sont déjà attendues à l'échangeur du Vengeron (Genève), 8800 à Coppet et 7000 à Nyon.

«Du fric pour les transports publics»

Dans les rues lausannoises, résonne le slogan, datant de cinq ans déjà, des Jeunes pour le climat: «Et un, et deux, et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité!» Si les manifestants sont bien moins nombreux, et pour beaucoup plus âgés, ils ont toutefois des solutions: «Du fric, du fric, pour les transports publics!» Or le Conseil fédéral a décidé d’économiser 30 millions de subventionnement annuel pour les trains de nuit, faisant fi de la loi sur le C02, et mettant en péril les lignes jusqu’à Rome ou Barcelone. Un contre-sens de plus.

A mi-parcours, des musiciens de la fanfare anarchiste locale rejoignent le cortège déjà bien animé. Hasard (ou pas) du calendrier, ils viennent d’être dispersés par la police après avoir participé à une déambulation artistique en souvenir d’une action haute en couleurs contre la voiture. En 1976, des artistes du groupe Impact avaient envahi le palais de Rumine avec des coccinelles en carton. Un demi-siècle plus tard, les SUV ont remplacé les petites voitures, et les manifestations se doivent d’être annoncées en bonne et due forme.

A l’arrivée de la manifestation, sur la place des Pionnières (ancienne place Centrale), David Raedler, président de l’ATE Vaud, avocat et député, interroge: «Est-ce que cela va fluidifier le trafic?» Un grand «non» collectif lui répond. Et celui-ci de rappeler que l’OFROU lui-même est d’accord avec les opposants. «Après avoir dépensé des milliards, bitumé plusieurs dizaines d’hectares de forêts et de terres agricoles, on aura encore plus de bouchons! Ce qui veut dire que ça ne sert…» «A rien!», hurlent les manifestants. 

La députée verte Rebecca Joly explique que l’article 1 de la loi sur la protection du climat, votée en 2023, demande la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or ce projet est «climaticide», «à l’envers du futur» et «met en danger l’avenir de nos enfants». «C’est une aberration en termes de mobilité et de climat!» 

Thibault Gruaz, pour les Vert’libéraux vaudois, souligne aussi cette aberration de donner «5,3 milliards, sans compter les coûts cachés, pour la bagnole, en pleine crise climatique». «Alors qu’on coupe dans les budgets des crèches et de l’éducation. Si le Conseil fédéral a besoin de 4 milliards, on vient de lui en trouver 5!», lance-t-il sous les applaudissements. Romain Pilloud, député socialiste, avance le manque d’alternatives à la voiture pour certaines personnes, d’où l’importance de développer les dessertes de transports publics et leur accessibilité en terme de prix. Angela Zimmermann, d’actif-trafiC, à l’initiative du référendum avec l’ATE, abonde sur l’importance d’augmenter la cadence des trains, et de réduire les prix des billets des transports publics, ainsi que de diminuer la vitesse de la circulation pour fluidifier le trafic, «sans dépenser un seul centime». 

Table-ronde

Du budget carbone de nos routes

Dans le cadre de sa série de conférence sur le secteur de la construction en Suisse, l'association les Artisans de la transition réunissent plusieurs acteurs à Genève, le 7 novembre prochain, sur le thème de l’urbanisme bas carbone dans le canton. L’association souligne: «Les parkings en sous-sol génèrent 20% des émissions grises d’un bâtiment. Et la moitié du béton utilisé dans le monde sert à construire des infrastructures, souvent routières. Respecter le budget carbone de la construction exige de revoir la place de la voiture individuelle.» La table ronde réunira Ariane Widmer, urbaniste cantonale; Franco Tufo, ingénieur transports et enseignant; Daniela Liengme, architecte; Thibault Schneeberger, coordinateur romand d’actif-trafiC; Benoît Molineaux, représentant de la coopérative Equilibre; Antonin Calderon, membre de la coordination du Réseau de l’économie sociale et solidaire.

Table ronde «Concevoir l’urbanisme bas carbone dans le canton de Genève», Aula de l’Hepia, rue de la Prairie 4, Genève, jeudi 7 novembre à 19h.

 

Les pneus, sources de pollution

«Les nombreux additifs contenus dans les poussières de pneus font partie du cocktail de particules fines que la population respire et ingère quotidiennement. Leur diffusion dans l’air et les eaux de ruissellement pose un risque pour la santé et l’environnement.» Dans une nouvelle étude, Greenpeace avance ainsi une raison supplémentaire de réduire le trafic motorisé. Car la présence de certaines substances toxiques pourrait provoquer des cancers. En Suisse, les poussières de pneus représentent jusqu’à 93% des microplastiques diffusées dans l’environnement. Entre 13’000 et 21’000 tonnes de ces particules fines se répandent chaque année sur les routes du pays. Et les voitures électriques n’y changeront rien...

Plus d’informations: https://www.greenpeace.ch/fr/publication/113212/abrasion-des-pneus-donne-nous-aujourdhui-notre-poison-quotidien

Des morts lentes au cœur des villes

Le week-end passé, trois «die-in» ont été organisés à Genève, Fribourg et Bâle par l’organisation Act Now!, à l’origine des campagnes Renovate et Liberate Switzerland. Des dizaines de citoyennes et de citoyens se sont allongés pendant une trentaine de minutes dans l’espace public. Dans un communiqué, l’organisation souligne: «Ces die-in symbolisent l’hécatombe qui nous attend si nous continuons sur cette trajectoire climatique. Chaleur étouffante, coulées de boue, crues soudaines, intempéries dévastatrices: cet été, comme jamais, les catastrophes climatiques ont tué de nombreuses personnes en Suisse et ailleurs dans le monde. Participer à cette vague d’actions non violentes, c’est refuser d’accepter ce statu quo mortifère, dire non à l’impuissance et agir ici, maintenant, ensemble.» D’autres actions sont prévues, le 11 octobre à Lucerne, le 12 à Lausanne, le 18 à Zurich et le 25 à Berne.

Pour s’inscrire aux prochains die-in: https://actionnetwork.org/forms/nous-ne-mourrons-pas-en-silence

A Fribourg, samedi 5 octobre, plusieurs activistes ont fait les morts. © Act Now!

© Act Now! 

À Fribourg, samedi 5 octobre, des activistes ont fait les morts pour alerter sur l'urgence climatique.

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