Non à une restructuration sur le dos des travailleurs!
L’entreprise Tesa Technology, fabriquant des instruments de mesure de précision à Renens, veut supprimer 62 emplois sur 282, soit plus de 20% de son effectif
«C’est scandaleux, Tesa se restructure sur le dos des travailleurs et avec l’argent du chômage partiel pour lequel nous cotisons tous et dont le but est de préserver les emplois!» Abdeslam Landry, secrétaire syndical d’Unia Vaud, peine à retenir sa colère après l’annonce faite le 6 mai dernier par la direction de l’entreprise de l’Ouest lausannois de supprimer 62 emplois sur les 282 que compte la société, spécialisée dans la fabrication d’instruments de mesure de précision.
Tesa Technology, fondée et basée à Renens, connaît des difficultés depuis 2019. Une partie du personnel avait déjà été mise en réduction d’horaire de travail (RHT) dans son secteur PMI (instruments de mesure de précision tels que micromètres ou pieds à coulisse). Le chômage partiel y est toujours en vigueur aujourd’hui, la production étant quasi à l’arrêt. L’entreprise explique que la crise liée au Covid-19 a accéléré sa décision de restructurer ce secteur.
Délai de consultation trop bref
Comme elle emploie plus de 250 collaborateurs, la société, qui appartient depuis 2001 au groupe suédois Hexagon, présent dans plus de 35 pays, est obligée de non seulement consulter les travailleurs afin d’envisager toutes les possibilités de maintenir les emplois, mais aussi de négocier obligatoirement, le cas échéant, un plan social. Or Tesa passe allégrement par-dessus la demande des syndicats d’allonger la procédure de consultation, officiellement ouverte du 4 mai au 25 mai. Une période de 18 jours jugée insuffisante par Unia pour étudier en profondeur la situation, et éviter une possible deuxième vague de licenciements cet été. Selon la direction, la commission d’entreprise ne serait pas favorable à une telle prolongation. Par ailleurs, Tesa a déjà fait un appel aux employés souhaitant partir volontairement, un processus ayant lieu habituellement une fois la période de consultation terminée. Or ces «volontaires» ont jusqu’au 22 mai pour s’annoncer.
«La consultation doit d’abord permettre le maintien des places de travail, avant même de discuter d’un plan social. Cet appel au départ volontaire est prématuré et illégal», s’indigne Abdeslam Landry qui précise qu’au vu du soi-disant accord des représentants du personnel, la direction refuse à Unia de prendre part aux négociations. «Pour le plan social annoncé, Tesa reprend un plan négocié en 2009. Il n’est plus du tout en phase avec la valeur actuelle des plans sociaux pratiqués dans la région lémanique et ne dispose d’aucune mesure de préretraite pour les travailleurs plus âgés, alors que plus de 20% du personnel est proche de la soixantaine. Nous exigeons que les départs volontaires ne soient effectués que dans la mesure où le plan social garantit des préretraites.»
Les travailleurs n’ont pas à payer la crise
Unia appelle les salariés de Tesa à ne pas accepter cette restructuration. «L’entreprise profite de la situation et de la crise du coronavirus pour remédier à un problème structurel de production. Elle le fait en utilisant l’argent public, par le biais de la RHT et donc sur le dos de ses employés. C’est inadmissible! Derrière tout ça, il y a aussi la question des dividendes, mais quand on lui demande si la société en a versé l’an passé ou récemment, la direction nous répond que c’est Hexagon qui gère la question…» poursuit Abdelsam Landry, qui craint pour l’avenir: «De nombreuses entreprises profitent de la situation pour restructurer, comme chez Electro Medical Systems à Nyon qui va procéder à neuf licenciements. Des boîtes temporaires licencient, d’autres sociétés piquent des heures supplémentaires, des jours de vacances, ou imposent des congés pour faire payer la crise aux travailleurs…»