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Notre humanité questionnée

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©COFODominikGruss

Des reproductions de l’œuvre du célèbre street artist Banksy sont à découvrir à Lausanne. Voyage au cœur d’un microcosme engagé et poétique.

Des anges évoluant sous des barbelés, un combattant armé d’un bouquet de fleurs, une fillette enlaçant une bombe atomique, une colombe au poitrail dessiné d’une cible, des gilets de sauvetage flottant dans la Méditerranée, une cabine téléphonique submergée, témoin d’un temps révolu... Lancée en 2021 à Munich, l’exposition itinérante intitulée «The Mystery of Banksy – A Genius Mind» fait aujourd’hui halte à Beaulieu, à Lausanne, avec quelque 200 reproductions de l’œuvre du street artist. Graffitis iconiques, sculptures évocatrices, installations vidéo immersives, dessins au pochoir sur différents matériaux tels que du plexiglas, de la toile, du tissu, de l’aluminium, etc. Le célèbre et talentueux peintre et graffeur – dont l’aura est encore renforcée par l’énigme entourant son identité – questionne notre humanité à travers son regard doux-amer sur une variété de supports. Et diffuse en filigrane ses messages anticapitalistes et antimilitaristes. Mais au-delà de savoir qui se profile derrière le pseudonyme Banksy – un natif originaire de Bristol, en Angleterre, selon toute vraisemblance – le travail de l’anonyme révèle une vision engagée et poétique sur les grands enjeux sociaux, politiques et environnementaux de notre époque. 

Gravité et ironie

Les guerres, la maltraitance animale, les atteintes à la nature, le consumérisme, la migration, etc. Autant de thématiques qui nourrissent le travail de Banksy. A la gravité des sujets abordés se mêlent critique politique et sociale, humour noir et ironie. Le créatif n’hésite pas non plus à détourner des images religieuses illustrant par exemple un Jésus, bras en croix, où pendent des sacs de courses. Ou réinterprétant la statue du David de Michel-Ange, transformée en kamikaze. Les têtes couronnées ne sont pas épargnées, à l’image de la famille royale britannique, aiguisant le regard moqueur de l’artiste... Largement documentée et immersive, l’exposition offre une vision élargie de l’approche de Banksy s’étalant sur une trentaine d’années. Une présentation qui n’a toutefois pas été autorisée par l’artiste, comme l’annonce du moins l’affiche promotionnelle.

Mystère orchestré?

«Banksy a affirmé que ses œuvres appartenaient à tous, refusant le principe du copyright. Il a été pris au pied de la lettre», réagit Jean-Rodolphe Petter, historien de l’art et commissaire d’exposition indépendant, interrogé sur la question du consentement de l’auteur. «La démarche entreprise ne me choque pas. Le fait qu’on se trouve face à des reproductions suscite néanmoins la réflexion, d’autant plus que les originaux n’existent plus forcément», ajoute-t-il, non sans préciser que le street art, à la différence du graffiti, est lié au site, au territoire où il est produit. Il devrait donc par définition rester hors des murs... Le spécialiste se demande par ailleurs dans la foulée si le mystère entourant l’artiste, le vol de ses œuvres, la large utilisation des réseaux sociaux, l’identité visuelle du vandale à capuche dans une version Robin des Bois... n’ont pas été plus ou moins orchestrés. Il s’interroge de savoir si, sur un marché de l’art soumis à la spéculation, avec un Banksy bénéficiant d’une cote marchande colossale, on a joué de part et d’autre le même jeu de la communication... «Il a peut-être donné son accord. Du gagnant-gagnant pour tous... Dans tous les cas, je pense que le pseudonyme Banksy désigne plutôt un groupe qu’une seule personne», poursuit Jean-Rodolphe Petter, qui ne boudera pas l’exposition. De son côté, un ancien graffeur, fan de l’artiste, estime dommage que ce dernier ne semble pas avoir de contrôle sur son travail: «Je n’ai pas d’avis très tranché sur le fait que les créations éphémères devraient ou non rester dans la rue. Mais c’est à l’auteur d’en décider.»

Quoi qu’il en soit, l’exposition poursuit aussi un but solidaire, soutenant le projet humanitaire du navire de sauvetage Louise Michel, acquis et personnalisé par Banksy pour secourir les migrants en Méditerranée. Une urne à dons permet aux visiteurs de contribuer à cette initiative. Les organisateurs annoncent qu’ils doubleront les fonds collectés pour les reverser intégralement à l’association gérant le bateau en question. Une autre raison encore, s’il le fallait, de s’immerger dans l’univers du Britannique et de soutenir ses desseins. 

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