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Payer plus pour gagner moins à la retraite: non!

Le référendum contre la révision du 2e pilier a abouti avec un nombre record de signatures. Elles ont été déposées le 27 juin dernier à la Chancellerie fédérale
© Lucas Dubuis

Le référendum contre la révision du 2e pilier a abouti avec un nombre record de signatures. Elles ont été déposées le 27 juin 2023 à la Chancellerie fédérale

LPP

Un récent rapport de la Commission de haute surveillance du 2e pilier confirme que les caisses de pension se portent à merveille. L’USS réitère son opposition à la réforme de la LPP qui va dans le mauvais sens

Début mai, la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle a rendu son rapport, et les constats sont sans appel: la situation financière des caisses de pension est très bonne, voire même excellente. En effet, les placements des institutions de prévoyance ont affiché une performance nette moyenne de +5,2% en 2023.

«Elles sont plus stables que jamais, commente l’Union syndicale suisse (USS) dans un communiqué de presse. Au cours des douze dernières années, elles ont accumulé des réserves et pris des mesures qui leur ont permis non seulement de financer les pensions actuelles, mais aussi de pouvoir assurer les pensions futures. Les caisses de pension ont accumulé des réserves supplémentaires afin de compenser les évolutions incertaines des marchés financiers.» 

Ce que ce rapport ne dit pas, par contre, ce sont les conséquences pour les assurés, qui perçoivent de moins en moins d’argent, soulignent les syndicats. Pour preuve, les cotisations salariales ont augmenté de 14% au cours des quinze dernières années alors que les nouvelles rentes sont en moyenne inférieures de 300 francs par mois à ce qu'elles étaient il y a quinze ans... 

«La Commission de surveillance en est consciente puisqu’elle demande aux caisses de pension de restaurer un équilibre et d'instaurer la confiance. Après avoir affirmé pendant des années que les retraités recevaient trop, elle exige maintenant des contre-mesures pour les retraités, sans quoi une génération entière risque d’être victime des taux très bas.»

Non à la réforme LPP!

Payer toujours plus pour avoir une rente toujours moins élevée: l’USS dit non! Et pourtant, c’est ce qui se profile à l’horizon. «Au lieu de veiller à l'équilibre et à l'augmentation des garanties de prestations, la réforme de la LPP qui sera prochainement soumise en votation menace de réduire les rentes de montants pouvant aller jusqu'à 3200 francs par an, souligne la faîtière syndicale. Il est pourtant clair qu'au lieu de nouvelles détériorations des prestations, il faut augmenter les rentes du 2e pilier et compenser le renchérissement.»

L’USS rappelle qu’elle se battra bec et ongles contre cette réforme, qui prévoit notamment une baisse du taux de conversion, qu’elle qualifie d’«arnaque». «La réforme ignore que les caisses de pension accumulent de plus en plus de réserves inutiles au détriment des assurés. Le problème de l'augmentation des frais de gestion n'est pas non plus résolu, ce qui fait que moins d'argent parvient aux assurés. Au contraire, elle entraînera une bureaucratie supplémentaire et donnera lieu à des décisions arbitraires en matière de rentes.» Les électeurs devront se positionner sur la réforme et le référendum des syndicats et du Parti socialiste le 22 septembre prochain. 

Les institutions de prévoyance rappelées à l’ordre par Unia

La réforme de la LPP, attaquée par référendum par les syndicats et la gauche, est pour le moins clivante. Ces derniers, dont Unia, considèrent que cette réforme est une «arnaque», car les assurés cotiseront plus pour des rentes, au final, moindres.

A quelques mois de la votation, l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP) – qui est donc l’association faîtière de quelque 900 caisses de pension – s’est positionnée en faveur de la réforme, aux côtés de partis politiques et d’organisations patronales. Une pilule qui a du mal à passer auprès d’Unia…

Dans une lettre ouverte à l’ASIP, Aldo Ferrari, syndicaliste d’Unia et membre et président de plusieurs conseils de fondation de caisses de pension, s’est dit pour le moins surpris. «La mesure, ou du moins l’honnêteté intellectuelle, aurait voulu qu’au moment où le souverain est appelé à se prononcer, vous conserviez la réserve qui devrait être la vôtre; si ce n’est par respect de la parité employeurs et employés des organes des institutions que vous êtes censés représenter, ce devrait au moins l’être pour celui des droits démocratiques.»

Le responsable syndical ajoute que la gestion paritaire de la prévoyance professionnelle devrait être l’expression du partenariat social. «Par votre parti pris affiché dans cette votation, vous démontrez le peu d’égard que vous avez pour celui-ci. Vous portez atteinte par votre attitude au système de prévoyance vieillesse et vous ne faites que donner un peu plus raison à celles et ceux qui doutent de plus en plus du 2e pilier.» Les choses sont dites! 

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