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Pour de meilleures conditions dans les soins, et vite!

Distribution de tracts.
© Thierry Porchet

Des distributions de tracts comme ici à Neuchâtel, des stands, des défilés et des débats dans une dizaine de villes à travers le pays ont ponctué la Journée internationale des soins infirmiers.

A l’occasion de la Journée internationale des soins infirmiers du 12 mai, le personnel a demandé la mise en œuvre rapide de l’initiative votée en novembre dernier

Une amélioration des conditions de travail dans la santé est indispensable. Et ça urge. C’est le message principal délivré jeudi dernier à l’occasion de la Journée internationale des soins. Des distributions de tracts, des stands, des défilés et des débats dans une dizaine de villes à travers le pays ont ponctué cette journée animée par Unia, le Syndicat des services publics et l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI). «Il y a une dynamique, une volonté du côté des soignantes de s’engager, de se battre et de poser la problématique de l’amélioration des conditions de travail au niveau de l’opinion publique et dans les entreprises», se félicite Enrico Borelli, coresponsable de la branche des soins d’Unia.

En novembre dernier, l’initiative de l’ASI «pour des soins infirmiers forts», soutenue par Unia a été acceptée à 61% des suffrages. Vice-présidente d’Unia, Véronique Polito constate que «le peuple a ainsi montré qu’il soutient le personnel soignant et qu’il souhaite avant tout de bonnes conditions de travail qui permettent des soins de qualité. Ce n’est qu’ainsi que les soignants pourront s’occuper correctement de nous et de nos proches. La population l’a compris. C’est maintenant au Parlement et aux employeurs de mettre en œuvre cette volonté.» Or, le Conseil fédéral a décidé, en janvier dernier, d’une mise en place en deux étapes. La première concerne l’offensive de formation et la facturation, déjà prévues dans le contre-projet indirect de 2021, qui devrait être discuté rapidement par le Parlement. Par contre, l’amélioration des conditions de travail et le financement des soins sont remis aux calendes grecques, alors que, chaque mois, 300 soignants quittent leur emploi et que l’on dénombre plus de 13200 places vacantes.

Une conférence et un débat organisés par le syndicat à Neuchâtel et à Delémont ont bien fait ressortir la problématique. Invité à Neuchâtel, Frédéric Favraud, président du syndicat international Unicare Europe, a présenté le récent accord conclu entre Uni Global Union et Orpea visant à faire respecter les droits des 70000 employés du groupe. «Le scandale Orpea a bien mis en exergue que le sous-effectif chronique pour réaliser des bénéfices empêchent les soignants de s’occuper correctement des résidents», explique Alexandre Porret, secrétaire syndical d’Unia Neuchâtel.

Vers un crash?

Les effectifs dans les soins font penser à «une baignoire qu’on remplit mais dont nous n’avons pas fermé le trou d’évacuation», a déploré Isabelle Gindrat, présidente d’ASI Neuchâtel-Jura, au cours du débat mené à Delémont. «Chaque semaine, j’ai une infirmière épuisée qui me contacte», a avoué, de son côté, Anne Guyot, secrétaire générale d’ASI Neuchâtel-Jura. «Nous allons, je pense, vers un crash dans les soins», a dit, pour sa part, Pierre-Alain Fridez, médecin et conseiller national, avant de s’adresser directement aux soignants présents dans le public: «Votre défaut, c’est certainement d’avoir fait votre boulot jusqu’à l’épuisement durant la crise Covid. Si, à un moment donné, vous n’aviez plus été là, on se serait vraiment rendu compte du problème. Vous avez fait simplement votre job et on oublie assez vite l’urgence. C’est pour cela que vous devez vous battre.» Secrétaire régionale d’Unia Transjurane, Rébecca Lena a plaidé pour des contrôles en matière de conditions de travail, de santé et de sécurité au travail sur le modèle de ceux pratiqués par la Suva sur les chantiers: «Nous sommes régulièrement confrontés à des soignantes qui manquent de matériel. Lorsqu’il n’y a qu’un seul élévateur, qu’il se trouve à l’étage du dessous et qu’on n’a pas le temps d’aller le chercher, eh bien, on va s’en passer pour soulever le patient.»

Tout le monde devrait jouer la même partition...

«Au niveau des conditions de travail, les cantons devraient tout de suite jouer un rôle», estime Enrico Borelli. En plus du renforcement de l’inspection du travail, le responsable syndical appelle à la couverture des déficits liés à la pandémie et à la revalorisation des salaires. Pour les EMS, il cite notamment l’augmentation du nombre d’emplois et des indemnités pour le travail de nuit et du week-end. «Il faut concrétiser rapidement l’initiative sans perdre des mois.»

«La leçon à tirer de la journée, conclut le syndicaliste, est qu’il faut poursuivre ce travail de construction syndicale avec nos convictions et notre enthousiasme. Nous sommes au début d’un processus. Dans l’intérêt des soignants et, finalement, de toute la société, je pense que nous devrions renforcer les liens avec tous ceux qui se battent pour l’amélioration des soins – patients, retraités ou universitaires –, et la synergie des organisations syndicales et professionnelles. Tout le monde devrait jouer la même partition. Avec une collaboration accrue, nous pourrions renforcer la dynamique et entrer en contact avec un nombre plus important de soignants.»

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