*Pour plus d’informations, voir sur: canons-a-neige.ch
Alors que la canicule menace, des canons à neige font débat en plein été. La mise à l’enquête d’un projet d’enneigement mécanique sur les communes de Leysin et d’Ormont-Dessous avait pourtant été déposée discrètement début juillet, comme pour éviter un trop grand afflux d’oppositions, vacances obligent. Mais c’était compter sans la réactivité de quelques âmes éclairées, soucieuses de la planète comme de leur région. Pour celles et ceux qui n’auraient pas eu vent de ce projet, peut-être pris dans la tempête chaux-de-fonnière et locloise, dans les incendies grecs ou les chaleurs intenses du sud de l’Europe, récapitulons: d’ici à 2026, 177 canons à neige seront installés aux Mosses et à Leysin, alimentés grâce à l’eau du lac de l’Hongrin. Ce projet nécessite d’enterrer 22 kilomètres de conduite au travers des alpages pour une consommation annuelle de 200000 m3 d'eau et plus de 684000 kWh. Coût estimé de l’opération: 20 millions de francs dont une bonne moitié à la charge des citoyens vaudois. Objectif: assurer l’ouverture des pistes de ski. Cela quel que soit le coût écologique.
Un collectif d’opposition a donc alerté, mi-juillet, l’opinion publique en soulignant l’hérésie d’un tel projet. Parmi eux, des paysans, des résidents, des naturalistes, des biologistes, des députés de gauche, Pro Natura, le collectif Grondements des terres, les jeunes Verts, les Verts du Chablais et des Alpes vaudoises. Mais aussi un professeur de ski ou encore un ancien directeur de l’Office du tourisme de Leysin. «Ce projet est présenté comme une solution au manque de neige. Paradoxalement, il contribue aux causes du réchauffement climatique, à savoir une consommation immodérée d’énergie», soulignent-ils. Une fuite en avant? Un serpent qui se mord la queue? Même les tenants de ce projet confient qu’il n’a pas d’avenir à long terme, mais qu’il est nécessaire pour laisser le temps aux stations de ski de se réinventer. Sauf que le dérèglement climatique n’attend pas. Le collectif pose le débat de manière plus large: «Il est temps de ne plus baser le tourisme sur des infrastructures toujours plus grandes et toujours plus gourmandes en énergies, mais sur ce que nous avons déjà, à savoir: une nature préservée, un paysage magnifique, le calme, le frais l’été et le soleil l’hiver.»
Le projet initial remonte à une dizaine d’années. En 2019, il était validé par le Grand Conseil. Or, depuis, les consciences se sont éveillées. Pour les opposants, il est contraire à la Loi fédérale sur la protection de la nature, à la Loi cantonale sur la protection du patrimoine naturel et paysager, et à l’article 6 de la Constitution cantonale vaudoise qui oblige l’Etat à «la préservation des bases physiques de la vie et de la conservation durable des ressources naturelles», ainsi qu’à «la sauvegarde des intérêts des générations futures». L’alerte émise par une poignée de personnes semble avoir fait boule de neige. Car, début août, plus d’un millier d’oppositions auraient été déposées…