Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Radioscopie d’un scandale étouffé: l’affaire Léon Maître

L’ouvrage «C’est le curé qui m’a perdue»: L’affaire Léon Maître, un scandale dans le Jura à la Belle Epoque est le récit d’une histoire découverte par hasard aux Archives de l’Etat à Berne par son auteur, Jean-Claude Prince1. Publié à la mi-octobre, ce livre évoque la vie du petit village jurassien de Courfaivre, «sur fond d'intrigues politiciennes qui déboucheront sur une affaire de mœurs», précise l’auteur.

Dans une atmosphère délétère, deux clans attisent la haine en s’affrontant à coup de dénonciations et de plaintes. Comble de l’ironie, les adversaires sont tous de fervents conservateurs-catholiques, dits des Noirs2, devenus frères ennemis. Des événements qui pourraient prêter à rire, explique Jean-Claude Prince, «mais le comique a tôt fait de céder le pas à un drame digne des romans d’Emile Zola, la dispute étant causée par le sort du curé du lieu accusé d’outrage public et aux mœurs». Cabale ou faits réels? Embarrassée, la hiérarchie ecclésiastique réagit mollement aux protestations qui lui sont adressées. Malgré les témoignages des victimes présumées du prêtre mis en cause, l’Eglise couvre dans un premier temps le scandale, insultant d’une certaine manière les prêtres qui exercent convenablement leur ministère. L’Evêché finit par se laver les mains du sort du curé en laissant à l’Etat le soin de statuer.

«Plus de cent ans après le déroulement des faits, note l’auteur, ce scandale qui a mis Courfaivre en ébullition constitue un formidable révélateur des abus de prélats qui, usurpant le pouvoir spirituel qui leur a été conféré, ont souillé leurs victimes en se livrant à des pratiques abominables et au mensonge. Le livre décrypte l’enquête qui fut menée, la réaction des paroissiens, des citoyens du village, de la hiérarchie épiscopale, du clergé et des autorités politiques et judiciaires bernoises.»A l’heure où de nombreux témoignages similaires affectent l’Eglise catholique, l’affaire Léon Maître reste d’une brûlante actualité. «Elle pose une fois de plus l’équation chère à Georges Bernanos: celle des rapports toujours étroits entre la grâce et la tentation de la chair. Elle constitue aussi un formidable révélateur de la bassesse d’âme de certains individus qui, dans leur chasse au pouvoir, sont prêts à tout pour assouvir leur soif de domination», précise Jean-Claude Prince.


1 Militant puis secrétaire de la FTMH du Jura jusqu’en 2000, ensuite secrétaire central de l’Union syndicale suisse jusqu’en 2007.

2 Fidèles à l’autorité pontificale et partisans du fédéralisme auxquels s’opposent les Rouges, libéraux-radicaux partisans des principes de laïcité et de centralisation du pouvoir.

Couverture.

«C’est le curé qui m’a perdue»: L’affaire Léon Maître, un scandale dans le Jura à la Belle Epoque, Jean-Claude Prince, Alphil, 2019.

Commandes en librairie, sur le site alphil.ch ou par téléphone au 032 724 35 65. 29 fr. Frais de port gratuits dans le monde entier.

Pour aller plus loin

Sur les pas des saisonniers 

Un guide donne des explications devant un ancien baraquement de saisonniers en bois.

A Genève, deux parcours guidés permettent de se plonger dans l'histoire et les difficiles conditions de vie de ces travailleurs qui ont construit la Suisse d'aujourd'hui. Reportage.

Témoignage d'un apprenti

«Pour la bourgeoisie, ce fut un cauchemar!»

Le Portugal a célébré le 25 avril le 50e anniversaire de la Révolution des Œillets, intervenue à la suite d’un coup d’Etat militaire. Un putsch qui a entraîné de vastes mouvements sociaux réclamant davantage qu’une démocratie bourgeoise. Photo: manifestation organisée le 1er Mai 1974 à Lisbonne.

La Révolution des œillets a été bien plus qu’un génial coup d’Etat militaire en faveur de la démocratie. Raquel Varela, professeure d’histoire, parle même de la révolution sociale la plus audacieuse survenue dans l’Europe de l’après-guerre. Elle explique pourquoi on ne parle plus guère aujourd’hui de ces faits, et ce que révèle la récente victoire aux urnes de l’extrême droite

Regard posé sur les corps et les âmes

radiographie

Une exposition présentée aux Arsenaux à Sion jusqu’au 5 avril permet de découvrir une dimension méconnue et inquiétante des contrôles médicaux à la frontière suisse dans la seconde moitié du XXe siècle