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Smood et Syndicom négocient une CCT dans le dos d’Unia

Dépôt d'une requête aux Prud'hommes devant la presse.
© Olivier Vogelsang

L’irrespect de la direction de Smood vis-à-vis de ses livreurs continue. Le 11 mai, ces derniers déposaient des requêtes aux Prud’hommes dans quatre cantons romands. A peine huit jours plus tard, Smood annonçait avoir conclu une CCT avec Syndicom, excluant des discussions celles et ceux qui s’étaient engagés dans la grève en novembre dernier.

Les 1200 livreurs avaient deux jours pour se prononcer pour ou contre cette convention via leur application. Unia et ses membres, scandalisés par le contenu et la manière de faire, ont demandé à prolonger ce délai

Les grévistes de Smood qui se battent depuis des mois aux côtés d’Unia sont tout simplement sous le choc. Ils ont appris la nouvelle, tout comme Unia, par voie de presse, le 19 mai: Smood et Syndicom ont conclu une convention collective de travail qui doit entrer en vigueur en octobre prochain, après 18 mois de discussions, et les 1200 livreurs avaient jusqu’au lendemain, 18h, pour se prononcer pour ou contre cet accord, via leur application.

Pour Unia, il y a deux problèmes: le contenu de cette CCT et la manière de faire de Smood et de Syndicom. Les deux partenaires se félicitent d’avoir trouvé un accord sur un salaire horaire minimum de 23 francs, une garantie d’au moins 4 heures de travail par semaine, le versement d’une prime de 5% pour le travail du dimanche et une indemnisation des frais kilométriques.

«Quand on regarde ce texte, il est très difficile de saisir ce qui change vraiment, surtout pour les frais de voiture, c’est loin d’être clair, critique Roman Künzler, responsable de la logistique chez Unia. Les employés de Smood entrent dans le champ d’application de la Convention nationale de l’hôtellerie-restauration (CCNT), et cette nouvelle CCT négociée est clairement en dessous. On ne retrouve par exemple pas le 13e salaire ni la 5e semaine de vacances. De même, les dispositions de cette CCT sont loin des recommandations qu’avait émises la Chambre des relations collectives de travail (CRCT) du canton de Genève.»

Sur les problématiques qui étaient chères aux livreurs et pour lesquelles ils se battent, à savoir le défraiement de leurs frais professionnels et le paiement de toutes leurs heures de travail, «aucune solution ne semble être apportée», d’après Unia. «Quant aux 4 heures de travail garanties par semaine, cela ne résout pas le problème de la sécurité et de la précarité de l’emploi chez Smood...» souligne le responsable syndical.

Personnel devant le fait accompli

Sur la façon de faire, Unia est aussi très remonté. Alors que les syndicats s’étaient mis d’accord pour négocier ensemble, Syndicom plante un couteau dans le dos d’Unia. «Les grévistes et leur syndicat le plus représentatif ont été totalement écartés des négociations, c’est inacceptable!» s’indigne le syndicaliste. Pour rappel, pendant la grève, Unia avait rassemblé environ 160 travailleurs. «Ce qui est également gênant, c’est que Smood se présente comme un exemple dans le secteur à la suite de la conclusion de cette CCT, alors que les problématiques principales soulevées par les livreurs restent sans solution.»

Réuni en urgence le 19 mai dans l’après-midi, le comité des livreurs d’Unia s’est montré scandalisé. «Les livreurs étaient très fâchés d’être mis au pied du mur et de ne pas avoir pu déposer leurs revendications, rapporte Roman Künzler, qui dénonce un processus antidémocratique. Cette consultation individuelle de 48 heures via une application est contraire à tous les principes de la participation. Les employés n’ont pas le temps de se réunir pour échanger et leurs données personnelles ne sont pas protégées.»

Le comité a décidé de demander à Smood une prolongation du délai de consultation jusqu’à fin juin et a proposé aux collègues de ne pas participer à la consultation alibi de l’employeur.

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