Solidarité avec les exilés érythréens
Une pétition munie de près de 4000 signatures a été remise aux autorités genevoises réclamant que les exilés érythréens menacés de renvoi puissent rester dans nos frontières
Le 10 avril dernier, la Coordination asile.ge a remis aux autorités du canton une pétition munie de quelque 4000 signatures réclamant pour les requérants d’asile érythréens le droit de rester dans nos frontières. A cette occasion, une manifestation – organisée par des exilés, bénévoles et représentants d’associations – a rassemblé à proximité de la salle de réunion du Grand Conseil environ 250 personnes venues soutenir cette requête. Aujourd’hui, selon la Coordination, une soixantaine de jeunes Erythréens se retrouvent confrontés, dans la ville du bout du lac, à des décisions de renvois qui ne seront pas exécutées, la Suisse n’ayant pas signé d’accord de réadmission avec le pays d’origine de ces ressortissants. Cette situation, en revanche, condamne ces jeunes à l’exclusion sociale et à la précarité, à l’angoisse générée par l’absence de statut et de perspectives. «Tous les efforts d’intégration sont anéantis», dénoncent les associations rappelant que nombre d’Erythréens sont le plus souvent arrivés mineurs sur le sol helvétique. Dans ce contexte, les signataires demandent aux élus de ne pas soumettre ces exilés au régime d’aide d’urgence, réservé aux requérants déboutés, quelle que soit l’issue de leur procédure. Pour les pétitionnaires, ces personnes doivent être autorisées à poursuivre leur formation dans le canton ou à exercer une activité professionnelle rémunérée. Ils attendent par ailleurs que les autorités politiques s’engagent auprès du Secrétariat aux migrations pour qu’il suspende les levées d’admissions provisoires et accorde aux Erythréens un permis F ou B avec effet immédiat et rétroactif. Une action de régularisation extraordinaire est aussi réclamée.
Ces revendications se fondent également sur les positions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et d’autres organisations internationales. Se référant à ces sources, la Coordination asile.ge liste dans sa pétition les violations des droits humains suivantes: «Service militaire de durée indéfinie avec travaux forcés, rafles d’hommes, de femmes et d’enfants jugés aptes au service, lourdes répressions contre les récalcitrants, viol de femmes par des soldats, arrestations et détentions arbitraires, torture, conditions carcérales inhumaines. Le service militaire illimité peut être qualifié de travail forcé, interdit par la Convention européenne des droits de l’homme.»
A noter qu’avec sa pratique, la Suisse est le seul pays européen prenant des décisions de renvoi pour les Erythréens. Les autres Etats leur octroient tous une protection, conformément aux recommandations du HCR.