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Stop à l’arrogance des actionnaires!

Voracité, avidité, indécence. Les mots d’Unia sont forts. Mais ils frappent juste. Ils sont à la hauteur de la démesure des gains des grands patrons des sociétés helvétiques et de leurs actionnaires. Et à la hauteur du cynisme incommensurable de certaines d’entre elles…

La voracité, c’est cette volonté de gagner toujours plus au mépris du travail effectué par les employés. Comme le montre la récente étude d’Unia sur les écarts salariaux (voir en page 3), l’année dernière, 33 sociétés cotées en bourse ont reversé 63 milliards de francs à leurs actionnaires. Un peu plus que le train de mesures pris par le Conseil fédéral pour permettre aux entreprises de faire face à la crise du coronavirus et sauvegarder les emplois.

L’avidité, c’est celle de ces top managers qui ont touché en 2019 l’équivalent de plusieurs centaines d’années de travail de leur salarié le moins bien payé… Des montants hallucinants, avec, en tête de liste, les CEO de Roche, d’UBS, de Credit suisse, de Novartis et de Nestlé, disposant de revenus annuels dépassant les 10 millions, suivis de près par ceux d’autres entreprises, telles que le groupe horloger Richemont et ABB, dont les plans de restructuration et de licenciements ont affecté nombre d’employés ces dernières années.

L’indécence, c’est aussi ces grandes entreprises bénéficiant du chômage partiel en raison du Covid-19 qui ont décidé du versement, en pleine crise sanitaire, de millions de francs à leurs actionnaires! Sept sont mentionnées par Unia: LafargeHolcim, Lindt & Sprüngli, Sika, Straumann, Adecco, ABB et Swatch. Ensemble, elles totalisent des dividendes pour près de 4 milliards de francs. Comble de l’arrogance, l’une d’elle, Straumann, a annoncé à la mi-mai la suppression de 660 emplois à l’échelle mondiale, soit 9% de son personnel, dont 60 à Bâle où la société, spécialisée dans les implants et instruments dentaires, compte près de 600 salariés.

Ces écarts qui se creusent – et les chiffres se basent sur les résultats obtenus avant l’entrée en vigueur des cadeaux de la réforme fiscale fédérale –, comme le cynisme des grandes entreprises et des multinationales, mettent en lumière un système où, crise du coronavirus ou pas, les inégalités s’accroissent. Et explosent aujourd’hui dans un monde où le Covid-19 sème le trouble et au nom duquel on devrait se taire, ne pas se battre contre les attaques annoncées par le patronat, ne pas revendiquer des hausses de salaire et encore moins un changement du système économique.

Aujourd’hui, de très nombreuses personnes ont basculé dans la précarité et la pauvreté. Or la richesse est là. Elle pourrait éviter des drames humains. Unia a fait le calcul. Les 63 milliards de dividendes des 33 sociétés cotées en bourse permettraient de créer 1,2 million d’emplois au salaire minimum de 4000 francs. A la place, ces milliards retournent alimenter les marchés financiers qui détruisent le travail, et la planète dans la foulée. Il est temps de prendre les devants, de résister à cette spirale destructrice et d’imposer une juste répartition des richesses!