Candidat pour les Jeunes Verts aux élections d’octobre, Oleg Gafner se bat… contre vents et marées
«L’écologie devrait être au centre des questions migratoires, sociales ou économiques.» Une thématique qui occupe une place prépondérante dans la vie d’Oleg Gafner, 18 ans, coprésident des Jeunes Verts suisses et membre chez les Verts. Ecologiste engagé, il présentera sa candidature aux élections fédérales d’octobre. Un militantisme qu’il envisage déjà au quotidien puisqu’il est, par exemple, devenu végétarien, favorise les trajets en train et évite d’acheter des vêtements de marque. Dans un autre registre, le Vaudois est également directeur du festival de musique classique 4 saisons, un événement trimestriel ouvert uniquement aux jeunes souhaitant se produire sur une scène professionnelle à Lausanne. «Je me suis lancé dans cette aventure sans trop me poser de questions. C’était fou et irresponsable mais ça a fonctionné. J’ai réalisé que l’âge n’était pas une barrière face à la volonté.» Gymnasien, Oleg Gafner jongle entre ses études, son implication politique et le festival. «Je sais que je dois être attentif en cours, ne rien louper. Je travaille dans les bus, les trains ou durant les pauses. C’est une optimisation permanente du temps. Il m’est arrivé d’être énervé ou déçu parce que les choses n’avançaient pas assez vite, mais le simple fait de voir des étoiles dans les yeux du public me suffit. Je me nourris de cette énergie.»
Un festival à quatre temps
A la différence de ce qu’on pourrait croire, Oleg Gafner écoute peu de musique durant son temps libre. «C’est assez paradoxal, mais je la vis tellement qu’il m’est impossible de faire autre chose quand j’entends une mélodie.» Une situation qui ne l’a pas empêché de se lancer dans la création du Festival 4 saisons, il y a cinq ans. Inexpérimenté, l’adolescent d’alors se heurte rapidement aux clichés attribués à son âge. Pas de quoi le décourager. Au contraire. Sa première motivation, il la puise dans son expérience de violoncelliste. «On nous pousse à être des prodiges, mais on a très peu l’occasion de jouer en public. Je trouvais intéressant d’offrir une étape intermédiaire aux jeunes musiciens, de leur donner la chance de s’essayer aux concerts avant de devenir des professionnels.» Fonctionnant au début sur le système du chapeau pour des questions logistiques, le festival attire un public varié. Le jeune directeur réalise le potentiel de cette politique tarifaire basse. Sa vision et ses objectifs évoluent alors vers un combat politique: rendre la culture accessible pour tous. Malgré la notoriété grandissante de l’événement, les concerts restent aujourd’hui tributaires des spectateurs et de leur générosité. Mais surtout des sponsors qu’Oleg Gafner doit trouver. Un défi d’autant plus grand que, l’année prochaine, la manifestation se déroulera au prestigieux Opéra de Lausanne. Cumulant les activités, le gymnasien a tout de même dû faire des concessions pour les mener toutes à bien, comme ses études de violoncelle qu’il a abandonnées avant l’entrée en préprofessionnel au Conservatoire de Lausanne. Sans regrets. Il considère que son engagement musical a simplement évolué et qu’il vit aujourd’hui la musique à travers les musiciens qu’il recrute.
Par monts et par vaux
Une création poétique à travers les montagnes. Une chasse aux mots, aux allitérations et au silence: voici le sujet qu’Oleg a choisi pour son travail de maturité. Pour le réaliser, le jeune homme est parti une semaine dans les montagnes marcher et écrire des poèmes. «Je fais déjà beaucoup de choses dans ma vie, alors, en dehors, j’aime la simplicité. La solitude en montagne permet de se déconnecter de la réalité et de s’émerveiller des choses simples.» Grand admirateur du philosophe Thoreau, il s’identifie souvent à cet auteur «écolo avant l’heure». Une sensibilité à l’environnement qui coule de source lorsqu’il en parle. Sa plus grande peur étant, notamment, le dérèglement climatique. Une des raisons pour lesquelles il s’est engagé, en 2015, chez les Jeunes Verts. «La rage et l’urgence de la question nourrissent ma volonté d’agir. Reste qu’on a tendance à culpabiliser de plus en plus les gens sur leur consommation. Je trouve ça inquiétant. Evidemment que l’action individuelle est importante, mais elle ne vaut pas grand-chose face à celle, attendue, des grosses entreprises.»
A contre-temps
A travers son festival et son implication politique, Oleg a appris à gérer des comptes, à s’exprimer en public ou encore à organiser et administrer divers événements ou équipes. «Tout le monde croit que j’ai un parcours tout tracé, mais c’est faux. La profession que j’envisage? Je ne sais pas encore. J’aimerais faire un travail qui me permette de garder ma liberté actuelle. C’est ma seule certitude.»
Passionné de cuisine, l’homme aux nombreuses casquettes révèle qu’il a passé plusieurs étés à travailler dans un restaurant de quartier à Lausanne. Les discussions sur la politique y étaient fréquentes et il considère ce bistrot comme le berceau de son militantisme.
Du cuistot et serveur au conseiller national potentiel, du directeur musical au militant en faveur de l’environnement, l’avenir d’Oleg Gafner interroge… Mais une chose est sûre, il n’a pas fini de nous surprendre.