«Un espoir pour les travailleurs du monde entier»
Des fédérations syndicales internationales soutiennent l’initiative pour des multinationales responsables soumise au vote le 29 novembre
«Les travailleurs de LafargeHolcim du monde entier, notamment d'Algérie, du Brésil, de Belgique, de Colombie, du Salvador, d'Inde, du Liban, de Maurice, de Jordanie, des Philippines, de Suisse et de bien d'autres pays, soutiennent l'initiative suisse pour des entreprises responsables.» Réunis à la mi-octobre par visioconférence, une quarantaine de délégués syndicaux du réseau mondial du ciment de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) ont débattu au sujet de l’initiative sur laquelle le peuple suisse se prononcera à la fin du mois. Pour l’IBB, ce texte «représente un espoir pour les travailleurs du monde entier».
Invité à présenter l’initiative, Laurent Matile d’Alliance Sud a rappelé son objectif et l’effet préventif qu’elle introduira, en particulier sur les multinationales sans scrupule qui devront répondre de leurs actes si le texte est adopté. Secrétaire général du syndicat belge CSC bâtiment - industrie & énergie, Pierre Cuppens a souligné qu’en cas d’acceptation, la Suisse et la France, qui dispose depuis 2017 d’une loi sur le devoir de vigilance, «pourront travailler conjointement afin de mettre encore davantage de pression sur les multinationales en unissant leurs forces sur la question des droits humains et la question environnementale». Une nouvelle directive européenne est aussi prévue pour 2021. Elle devrait inclure un principe de responsabilité civile comme le demande le texte helvétique, note l’IBB dans son communiqué. Elle y souligne que, selon une étude européenne, seule une entreprise de l’UE sur trois fait aujourd’hui preuve de «diligence raisonnable».
La pandémie actuelle renforce encore la nécessité d’une forte réglementation des multinationales, estime pour sa part Ambet Yuson, secrétaire général de l’IBB: «Il est inacceptable que de nombreuses multinationales profitent de la crise pour augmenter leur production de ciment au détriment des droits des travailleurs.» Alors qu’en Grande-Bretagne, au Canada ou encore aux Pays-Bas, les victimes peuvent déjà, comme le demande l’initiative suisse, saisir les tribunaux pour obtenir une indemnisation, il appelle à ce que l’IBB continue «à encourager ses affiliés à être à l'origine et au centre de ces initiatives pour forcer les multinationales à respecter les droits de l'homme et la protection de l'environnement au niveau international».
«Nous sommes sur vos traces»
Autre soutien de poids, celui d’Industriall Global Union, la fédération mondiale des syndicats de la métallurgie, de la chimie, de l’énergie, des mines ou encore du textile. Industriall s’est impliqué en faveur de l’initiative en accueillant en Suisse, en 2018, des syndicalistes de Glencore venus d’Australie, de Colombie et de la République démocratique du Congo «pour parler du comportement de l’entreprise à l’étranger», indique un communiqué du syndicat mondial. Son secrétaire général, Valter Sanches, y déclare: «Trop longtemps, les multinationales ont pu dissimuler leurs abus derrière un vernis de respectabilité, en niant de manière plausible chaque mauvais comportement mis en évidence. L’initiative pour des multinationales responsables s’inscrit dans un mouvement mondial des syndicats et des organisations de la société civile visant à tenir les entreprises responsables de leur comportement. Notre message est le suivant: nous sommes sur vos traces, il n’y a nulle part où se cacher, nous vous tiendrons pour responsables.»
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