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«Une déclaration de guerre aux travailleurs»

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© Thierry Porchet

José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia, ici lors d’une récente tournée des chantiers genevois, exprime la colère des maçons face à la non augmentation des salaires et face à l’initiative des Jeunes PLR qui veulent repousser l’âge de la retraite.

Ulcérés par la position de la Société des entrepreneurs sur l’initiative des Jeunes PLR, les maçons genevois ont donné mandat aux syndicats de préparer la lutte

Les maçons genevois ne sont pas contents du tout et ils tiennent à le faire savoir. Réunis en assemblée générale le 9 février, les travailleurs du gros œuvre ont dénoncé l’attitude de la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Celle-ci avait refusé l’année dernière de négocier des augmentations de salaires avec les syndicats. Unia Genève, Syna et le Sit s’étaient alors tournés vers la section cantonale de la SSE. «Genève est une des villes les plus chères du monde, entre les augmentations qui n’ont pas été accordées, la perte de pouvoir d’achat, la hausse des assurances et des loyers, il faudrait au moins 5% en plus. Nous avons sollicité à plusieurs reprises la SSE Genève, mais elle a refusé d’entrer en matière», déplore José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia Genève en charge du bâtiment. La section genevoise a préféré suivre le mot d’ordre national d’accorder des revalorisations individuelles au mérite. «Nous nous sommes rendu compte qu’il n’y a pas eu d’augmentation pour tout le monde. Ceux qui n’ont rien se demandent si on les juge peu compétents ou pas motivés. Et il y a des entreprises qui se contentent de verser une prime, par exemple de 500 francs, ce qui ne représente que 40 francs par mois, soit des cacahouètes!»

«Ces Jeunes libéraux n’ont jamais travaillé»

Autre objet de courroux, les votations du 3 mars. Il est reproché à la SSE d’avoir pris position en faveur de «l’initiative sur les rentes» des Jeunes PLR qui demande l’augmentation de l’âge de la retraite. «Comment peuvent-ils appeler à voter oui en sachant les conséquences terribles et immédiates pour les travailleurs qu’aurait un relèvement de l’âge de la retraite!?» s’indigne le syndicaliste. Rappelons que les salariés du secteur principal de la construction bénéficient d’une retraite anticipée à 60 ans pour laquelle ils se sont beaucoup battus. Repousser l’âge de référence repousserait mécaniquement l’âge de départ à la retraite des maçons. «Cela fait plusieurs années que nous disons que, pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, il faut améliorer l’attractivité du métier et donc augmenter les salaires, mais la SSE ne l’entend pas de cette oreille, la seule mesure qu’elle a trouvée, c’est d’empêcher les travailleurs de partir en préretraite.»

«Bien évidemment, ces Jeunes libéraux n’ont jamais travaillé de leur vie et il est évident qu’ils veulent voir crever les travailleurs au boulot», rapporte la résolution votée dans la foulée par l’assemblée. Le texte critique le «mépris total pour la délégation ouvrière» de la part de la SSE, reproche à l’antenne genevoise de ne pas se distancier de cette «vision cynique» et considère que ce refus d’augmenter les salaires et la campagne pour l’initiative sur les rentes constituent «une déclaration de guerre aux travailleurs». Mandat est donné aux syndicats de «tout mettre en œuvre pour répondre fermement à cette déclaration de guerre et organiser la lutte afin que, lors du prochain renouvellement conventionnel, non seulement soit empêché le démantèlement de la Convention nationale par le patronat, mais encore soient obtenues de véritables améliorations des conditions de travail».

«Il faut s’attendre à une attaque massive lors du renouvellement conventionnel en 2025 et se préparer dès cette année à la lutte», souligne José Sebastiao.

Notons pour finir, qu’à la suite de cette réunion des maçons, des assemblées tenues par les salariés genevois du second œuvre et des parcs et jardins ont donné aux syndicats mandat d’interpeller les faîtières patronales de ces branches et des courriers ont été expédiés au sujet de leur position sur l’initiative sur les rentes: «Est-ce que les associations patronales soutiennent l’initiative des Jeunes PLR? Les travailleurs veulent savoir.»

 

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