Président du Groupement des taxis yverdonnois, Blazo Damjanovic témoigne de la situation prévalant dans sa profession en miroir avec la crise sanitaire
«Au cours de ces dernières semaines, nous avons perdu plus de 80% de notre clientèle.» Président du Groupement des taxis yverdonnois et chauffeur depuis cinq ans, Blazo Damjanovic dresse un bilan sombre de la situation prévalant dans sa profession. Bien qu’autorisés à travailler malgré la pandémie de coronavirus, les professionnels de la branche ont vu le nombre de leurs courses diminuer drastiquement. L’homme de 53 ans, marié et père de deux enfants, n’en a pas pour autant déserté son poste. Aux côtés de ses cinq collègues – dont deux, figurant parmi les personnes vulnérables, ont dû renoncer à leur travail –, il continue à offrir une prestation toujours largement boudée dans le contexte actuel de crise sanitaire. «On essaie quand même de gagner quelque chose... même un tout petit peu... toujours mieux que rien. Et puis, on s’est engagé à assurer ce service 24 heures sur 24», précise le chauffeur qui passe des heures et des heures à attendre à la gare d’Yverdon un éventuel client. «C’est long. On ne bouge guère. Je travaille parfois pour deux francs l’heure, comme la nuit passée où, de piquet, j’ai touché entre minuit et 6 heures du matin, 12 francs», se désole Blazo Damjanovic, qui a accueilli avec soulagement la décision du Conseil fédéral de soutenir aussi les indépendants. «J’ai été très content. J’ai fait la démarche pour toucher l’allocation perte de gain, mais je n’ai pas encore reçu de réponse. Je ne sais pas cependant si cela suffira», lance le chauffeur, malgré tout plutôt pessimiste quant à l’avenir. «Même quand tous les commerces seront de nouveau ouverts, on n’aura pas énormément de demandes. Les personnes auront moins d’argent. Et il faudra du temps pour que les gens reprennent une vie normale. La méfiance restera de mise», note le quinquagénaire soulignant la peur des clients, la distance sociale ne pouvant être respectée dans la voiture. Craintes que partagent aussi les chauffeurs quand bien même ils portent des masques et désinfectent constamment leur véhicule. «Nous travaillons avec l’hôpital d’Yverdon. Nous sommes surtout inquiets quand nous transportons des patients. On nous demande toutefois de continuer. Nous prenons d’énormes risques pour gagner trois fois rien», soupire Blazo Damjanovic, qui pourrait imaginer, sans véritable reprise, changer de métier. «Mais à mon âge, ce ne sera pas facile. Et, en temps normal, j’aime bien mon travail, le contact avec les gens.»