Un documentaire, Samos, the Faces of our Border (Samos, les visages de notre frontière), du jeune réalisateur valaisan Shams Abou El Enein, donne la parole à des migrants, des bénévoles, des habitants, des médecins, des gardes-frontières… Au moment du tournage à Samos, en juin 2019, plus de 4000 personnes demandeuses d’asile, d’Afghanistan, de Syrie, d’Erythrée et d’ailleurs, vivaient dans le camp de cette île grecque (l’un des hotspots proche de la Turquie) prévu pour en «accueillir» 700. Leurs histoires, poignantes, rappellent une fois encore l’inhumanité de la politique migratoire de l’Union européenne. Hommes, femmes et enfants fuient les guerres, les tortures, les viols. Aux portes de l’Europe, ils se retrouvent dans une prison à ciel ouvert, dans l’attente d’une décision, si lente à arriver, dans l’espoir de rejoindre le continent. Entassées, ces milliers de personnes, malgré la légalité de leur statut, survivent sous des tentes de fortune même en plein hiver, au milieu de détritus, de rats et de serpents, se partageant deux toilettes, faisant la queue dès 3 heures du matin pour espérer un maigre repas… Dans ce long métrage, écœurée, une bénévole humanitaire renvoie à notre responsabilité collective, notamment celle d’élire des représentants qui cautionnent ces camps de la honte. Elle assène, en gardant espoir: «J’espère qu’on sera jugé un jour.»