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Unia vise à se développer dans les métiers des services

Les délégués genevois réunis dans une salle de conférence d’un hôtel.
© Thierry Porchet

Les délégués genevois réunis dans une salle de conférence d’un hôtel.

Une attention particulière sera donnée à la construction syndicale dans les professions des soins a décidé le Congrès en fixant les priorités stratégiques pour les quatre années à venir

Ces prochaines années, Unia ambitionne de se développer dans les métiers des services et, en particulier, dans la branche des soins. Cette priorité a été fixée au premier jour du Congrès, vendredi, consacré principalement à la stratégie de l’organisation pour les quatre ans qui viennent.

En préambule, les 350 syndicalistes participant à ce Congrès décentralisé tenu sur quinze sites par visioconférence dans une atmosphère studieuse ont écouté Vania Alleva présenter le rapport d’activité 2016-2020. Durant cette période, les salariés ont dû faire face à de nombreuses attaques, «mais nous pouvons nous défendre avec succès», a rappelé la présidente d’Unia, en citant les assauts repoussés contre la retraite anticipée des maçons, la loi sur le travail, la protection des salaires ou certaines conventions collectives de travail (CCT). Au travers de grèves, d’actions et de négociations dans les entreprises et entre partenaires sociaux, le syndicat s’est battu sur tous les fronts pour défendre de bonnes conditions de travail et d’engagement. Le succès de la grève des femmes en 2019 et d’autres mobilisations sont à porter à son actif. Si un énorme travail a été effectué, il ne s’est toutefois pas traduit sur le plan des effectifs. Entre 2016 et 2020, le nombre de membres a reculé de 201000 à 182000. «La pandémie a contrecarré nos plans de recrutement. Les pertes de ces dernières années ne doivent pas perdurer, c’est notre priorité de renverser la vapeur car sans les membres, Unia n’est rien», a relevé Vania Alleva.

Dans sa stratégie d’organisation, débattue et adoptée par le Congrès, le syndicat s’est fixé pour objectif de gagner chaque année au moins 1000 membres, notamment des femmes. Le syndicat veut croître non seulement dans les branches où il est actif, en renforçant ses réseaux militants et ses capacités de recrutement, mais aussi dans des secteurs des services qui affichent des potentiels de croissance. Une attention particulière sera ainsi portée aux professions des soins. «Près de 250000 personnes travaillent dans ce secteur, mais le taux de syndicalisation n’est que de 5%, c’est un désert syndical», a relevé Bruna Campanello au nom du comité central.

D’autres questions étaient au menu des discussions stratégiques des délégués, comme la volonté d’étendre les CCT et de faciliter leur exécution, d’améliorer l’encadrement des membres et l’efficacité de la caisse de chômage Unia ou encore d’accroître l’influence politique du syndicat.

Les jeunes pour la lutte

Certains points ont été débattus par écrans interposés. Ce fut le cas d’une proposition déposée par le groupe d’intérêt (GI) jeunesse, dont voici la teneur: «En cas de conflit, nous nous réservons la possibilité de recourir à la grève ou à d’autres mesures de lutte, même si un partenariat social ou une CCT sont en place. En particulier, nous ne tolérerons aucun licenciement sans lutter. Nous nous efforçons de créer avec les travailleurs une véritable conscience de classe et nous nous affranchissons du principe du partenariat social.» Pour le GI, Helin Genis a résumé la démarche: «Les jeunes d’Unia veulent un syndicat combatif.» Tour à tour, les interventions se sont succédé, dont celle de Nico Lutz du comité directeur: «Nous n’avons pas à choisir entre des CCT ou des grèves, les deux nous rendent service. Nous ne sommes pas contre la conscience de classe. La paix du travail ne nous a jamais empêchés de nous battre, surtout dans la construction.» Eric Voruz, du GI retraités, en apportant son appui aux jeunes, a, de son côté, accusé la droite patronale de violer constamment la paix du travail. «Le partenariat social ne doit pas être une chaîne à nos pieds, nous avons le droit de nous battre», a dit, pour sa part, Christian Berlemont d’Unia Genève, en encourageant le GI jeunesse. Au vote, la proposition a été acceptée par 148 voix, contre 108 pour un contre-projet moins radical présenté par le comité central.

Un autre amendement intéressant a été celui proposé par Unia Zurich-Schaffhouse consistant à ne plus conclure des CCT avec des salaires inférieurs à 4000 francs. Nettoyeuse, Ana Lucia Neuhold a expliqué devoir travailler du matin au soir pour ne gagner que 3700 francs bruts par mois. «Si je gagnais 23 francs de l’heure, je n’aurais pas besoin de travailler autant et pourrais me consacrer plus à ma famille.» Lui répondant, Giangiorgio Gargantini, secrétaire régional d’Unia Tessin, a plaidé pour des «objectifs réalistes»: «Cette proposition provoquerait la résiliation de certaines CCT et nous compliquerait la tâche.» Au vote, 62 délégués seulement ont soutenu la proposition, 191 syndicalistes ont préféré la contre-proposition du comité central donnant aux 4000 francs minimums accompagnés d’un treizième salaire le caractère d’un objectif et non d’une condition.

Relevons encore qu’une demande d’Unia Neuchâtel d’accorder «davantage de ressources humaines et financières dans les régions» a été acceptée par 129 suffrages contre 114. «C’est grâce à la proximité que nous pouvons inciter les membres à s’engager dans les réseaux militants», a soutenu le président de la région neuchâteloise, Christian Weber.

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