Réveil difficile pour tous ceux, et toutes celles, qui pensaient qu’en glissant dans l’urne un oui à la RFFA (Réforme fiscale et financement de l’AVS) le 19 mai, ils obtiendraient une trêve sur l’augmentation de l’âge de la retraite. Réveil difficile et indignation. Durant toute la campagne, le compromis historique entre une réforme de la fiscalité offrant un cadeau d’environ 2 milliards de francs aux entreprises et prévoyant un financement supplémentaire de l’AVS de 2 milliards, obtenus principalement par une hausse des cotisations, avait été promu par la gauche institutionnelle en prétendant que grâce à cette manne, les prestations actuelles de l’AVS seraient maintenues et que la menace de la hausse de l’âge de la retraite disparaîtrait pour longtemps. Une campagne cachant soigneusement que le nouveau projet du ministre socialiste Alain Berset, AVS 21, prévoit toujours le relèvement de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Dur réveil pour celles et ceux qui, en raison des deux problématiques bien distinctes réunies dans un seul paquet, ont voté oui à une hausse des cotisations pour l’AVS tout en étant contraints d’accepter une réforme fiscale qu’ils avaient probablement rejetée il y a deux ans…
Au lendemain du vote, les promesses et les illusions se sont vite effondrées. Le lundi 20 mai, les jeunes des partis bourgeois, Jeunes libéraux-radicaux et Jeunes Vert’libéraux, ouvraient les feux en dévoilant leurs propositions d’allonger l’âge de la retraite de tous à 66 ans pour les premiers, et à… 67 ans pour les seconds! Le mardi 21 mai, c’est l’Union patronale suisse qui y allait de son couplet, exigeant d’abord de passer rapidement, d’ici à 2025, l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, et dans un deuxième temps d’augmenter l’âge de départ pour tous.
Cette offensive vise à marteler, avant la présentation du message du Conseil fédéral sur AVS 21 prévue en août, qu’il n’y aura pas de salut sans travailler plus. Une hérésie pour les salariés soumis à toujours plus de pression au travail, et pour toutes celles et ceux qui, à 50 ans, ou même avant, sont déjà trop vieux sur un marché du travail hautement compétitif.
Une hérésie, et un nouvel affront pour les femmes. Les jeunes PLR et Vert’libéraux, comme les patrons, ont eu le culot de présenter leurs désirs moins d’un mois avant la grève du 14 juin, pour laquelle des milliers de femmes se mobilisent en Suisse afin de protester contre les inégalités et les discriminations qu’elles subissent… Une attitude arrogante alors que les femmes gagnent toujours 20% de moins que les hommes, effectuent des doubles journées de travail, et sont nombreuses à être frappées par la pauvreté au moment de la retraite.
Oui, il y a urgence à changer les rapports sociaux, à récupérer la richesse produite par les femmes et les hommes qui travaillent et qui est subtilisée par une petite élite de privilégiés. Le 14 juin sera l’occasion de le dire haut et fort!