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Edifea s’engage à assumer ses responsabilités

Syndicalistes d'Unia et du Sit.
© Neil Labrador

Les syndicalistes d’Unia et du Sit ont chiffré les arriérés de salaires à 130'000 francs, sans compter les heures supplémentaires non-payées.

A la suite de la visite des syndicats Unia et Sit, l’entreprise générale genevoise a promis qu’elle assumerait ce qu’elle doit aux travailleurs lésés d’Alpes Bâti, l’un de ses sous-traitants

Début juillet, les neuf employés de l’entreprise de construction Alpes Bâti Sàrl apprennent que l’entreprise ferme: ils sont licenciés avec effet immédiat. «Les deux mois de préavis auxquels ils avaient droit restent impayés à ce jour», précise Camille Layat, secrétaire syndicale au Sit. On arrive à des arriérés de salaires d’environ 130000 francs, sans compter les heures supplémentaires non payées. La société est, d’après le Registre du commerce, toujours active mais n’a plus de chantier en cours. «Alpes Bâti Sàrl a plus de 1,3 million de francs de poursuites, continue la syndicaliste. Elle fait notamment l’objet de poursuites auprès de la Suva, de la Caisse genevoise de compensation, de l’administration fiscale et de la Fondation pour la retraite anticipée de la construction.» Le gérant, quant à lui, reste injoignable et aurait, selon les syndicats, lancé d’autres affaires. «Une simple recherche sur le Registre du commerce permet de voir qu’il est, ou a été, actif dans neuf entreprises, dont deux qui ont fait faillite…»

Engagement pris

Les syndicats ont donc traîné l’entreprise devant les prud’hommes, mais sans grand espoir, le risque étant qu’Alpes Bâti tombe en faillite et échappe à ses obligations. «C’est pourquoi nous demandons à Edifea, entreprise générale pour qui Alpes Bâti travaillait principalement, de prendre ses responsabilités et d’assumer les créances salariales», revendique José Sebastiao, secrétaire syndical chez Unia. A la suite de plusieurs courriers envoyés à l’entreprise générale, restés lettres mortes, Unia et le Sit ont décidé de convoquer les médias devant les locaux d’Edifea au Lignon le 31 octobre, où ils ont pu être reçus. Après un échange peu satisfaisant selon les syndicalistes avec la juriste de l’entreprise, Bertrand Duckert, directeur général, s’est invité dans la conférence de presse. «C’est la première fois que nous sommes confrontés à ce genre d’incident», a assuré ce dernier. Sommé par les syndicats, au nom de la responsabilité solidaire, de prendre en charge les 130000 francs d’arriérés de salaires, Bertrand Duckert s’est engagé à «assumer, comme Edifea l’a toujours fait». «Nous sommes prêts à étudier les montants que vous nous soumettrez et à payer à hauteur de ce qu’il nous revient.»

Syndicats vigilants

Pour les syndicats, c’est un pas en avant. Les détails des créances ont été adressés à Edifea, et une discussion lors d’une prochaine séance doit s’engager. «A présent, on attend que les choses avancent rapidement pour que les travailleurs puissent être indemnisés, réagit José Sebastiao. Et si Edifea n’assume pas, nous remettrons le sujet sur la place publique.»

Plus généralement, ils demandent à Edifea de mettre un terme à ces pratiques. «Les entreprises générales sont un acteur de plus dans la sous-traitance, s’insurge le secrétaire syndical. Elles décrochent les marchés mais n’ont pas de personnel pour effectuer le travail: elles vont donc sous-traiter auprès d’autres entreprises.» Et Camille Layat d’ajouter. «En mandatant des entreprises sous-traitantes plus que douteuses comme Alpes Bâti, Edifea continue à faire baisser les prix de la construction tout en s’assurant de bonnes marges, et ce sur le dos des salariés en bout de chaîne.»

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