Témoignages
Ils sont jeunes, européens et nomades. Tous travaillent au rythme des saisons. Portrait de cinq saisonniers rencontrés dans la station de Verbier.
Natalia, 34 ans, Espagne, serveuse
«C’est ma 5e saison d’hiver à Verbier et désormais, je travaille ici aussi l’été. J’adore la montagne et le ski. J’ai trois à quatre mois de vacances par année et j’en profite pour voyager et rendre visite à ma famille. Ce printemps, je partirai deux mois, probablement en Indonésie. J’aime ce style de vie excitant. Depuis cette année, je loue une chambre à l’année dans une colocation de trois personnes, soit 800 francs par mois. On va voir si c’est avantageux, car je devrai payer même quand je ne travaille pas. Mes conditions de travail, je sais qu’elles sont bonnes ici parce qu’on discute beaucoup entre saisonniers. On sait quels établissements sont corrects. Le futur? Je fonctionne au jour le jour. La société ne pousse pas dans ce sens, mais on verra.»
Yoann, 33 ans, France, régleur de skis et serveur
«J’ai fait ma première saison d’hiver en 2007, à La Plagne, en France, puis j’ai continué à Verbier. Depuis deux ans, je travaille ici aussi l’été. Avec mon amie, on est parents depuis un an et demi, ce qui a bien changé la donne. Il faut dire qu’avant, je travaillais cinq mois par an et voyageais beaucoup. Maintenant, je suis plutôt à huit mois de travail et quatre mois de vacances. Normalement, je suis dans la restauration, mais mon employeur précédent ne m’offrait pas des conditions de travail adaptées à mon nouveau statut. Pour l’hiver prochain, j’ai trouvé une place dans un établissement qui offre de super conditions respectant la convention collective. Ce mode de vie me convient et je ne me vois pas le changer. Signer pour cinq semaines de vacances par an, non merci!»
Henry, 27 ans, Grande-Bretagne, régleur de skis
«C’est ma première saison à Verbier. Les autres hivers, j’ai travaillé en France, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Je suis passionné de snowboard et je l’enseigne en parallèle de mon job de régleur au shop. En été, je travaille comme paysagiste chez moi, en Angleterre. Le job n’est jamais un souci, j’en trouve toujours. J’apprécie le côté excitant de ce mode de vie. Le seul point négatif, c’est l’impossibilité de nouer des relations suivies.»
Charline, 32 ans, France, serveuse
«Le travail saisonnier, j’y suis arrivée par hasard. Depuis sept ans, je travaille l’été dans une agence qui organise des sorties nature en Ardèche. Là, c’est ma 3e saison d’hiver, mais ma première en Suisse. Le reste du temps, je m’adonne à ma passion: les voyages. A vrai dire, j’avais été engagée il y a trois ans à Verbier, mais j’avais dû renoncer, faute de logement. Là, je partage avec une amie un deux-pièces d’environ 40 m2 à 2000 francs. L’agence demandait l’entier de la location, soit 11500 francs, heureusement, mon patron s’est porté cautionnaire. J’apprécie de travailler dans un cadre agréable, l’été au soleil, l’hiver à la neige. Mais lorsqu’on travaille à fond pendant six mois, on a peu de temps pour soi. Cette année, je souhaite entamer une formation en langue des signes française et changer d’orientation. J’ai envie de m’engager dans autre chose et de faire des activités sur l’année.»
Ted, 23 ans, Suède, régleur de skis
«C’est ma première saison à Verbier mais j’ai exercé ce job ailleurs avant. En été, je travaille dans la restauration chez moi, en Suède. Le reste du temps, je voyage. J’ai passé le dernier automne en France pour étudier et, l’année précédente, j’étais au Canada. Ici, mon but est de pratiquer mon français et de skier. La grosse difficulté à Verbier, c’est le prix des logements et de la nourriture. Là, je partage un appartement avec cinq autres personnes. Je peux malgré tout mettre de l’argent de côté, à condition de ne pas sortir trop dans les bars!»