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Epinglée par le Canton de Genève, la société Simple Pay ferme boutique

Action de livreurs. Une pancarte: "Smood, c'est simple, paie!"
© Olivier Vogelsang

L’incertitude règne chez les livreurs de Smood engagés par la société Simple Pay, épinglée pour ses conditions de travail irrespectueuses de la CCT Location de services. A Genève, comme ailleurs en Suisse, ils se sont battus pour que toutes les heures travaillées soient payées.

Les livreurs licenciés seront-ils repris par Smood? Rien n’est moins sûr. La période de consultation court jusqu’au vendredi 26 août

«Ça va d’exploitation en exploitation, mais le combat continue. La vérité sera de notre côté, on va finir par triompher.» Ces mots sont ceux d’un conducteur licencié par Simple Pay. Membre d’Unia, il participe à l’assemblée générale qui donne le mandat au syndicat d’accompagner les travailleuses et les travailleurs durant la période de consultation. Epinglée par l’Office cantonal de l’emploi de Genève, la société Simple Pay, active dans plusieurs cantons (surtout à Genève et, dans une moindre mesure, dans les cantons de Vaud et Zurich notamment) est dans l’obligation de se mettre en conformité avec la CCT Location de services qui interdit le paiement à la minute. Ce qu’elle n’a pas les moyens de faire, affirme-t-elle. De surcroît, Smood, dont dépend l’entreprise à plus de 95%, ne veut pas assumer les charges supplémentaires inhérentes. Simple Pay a donc annoncé, le 5 août, devoir fermer boutique. Résultat: 218 personnes seront licenciées à la fin du mois d’août. Le délai de congé se monte à 30 jours. La période de consultation court jusqu’au 26 août, avec la possibilité pour les livreurs sous contrat Simple Pay de formuler des propositions pour éviter les licenciements ou, du moins, en atténuer les conséquences.

«L’employeur est tenu de collaborer dans le cadre d’une procédure de consultation et le fait actuellement, relate Arnaud Bouverat, secrétaire régional d’Unia Vaud. A l’heure actuelle, de nombreuses questions restent ouvertes, et pas des moindres: quels seront les conditions et les délais de transferts et de replacement des salariées et des salariés licenciés? Et avec quel soutien de la part de Simple Pay? Quelles sont les garanties que l’entreprise peut donner pour tous les salaires et les frais non payés par Simple Pay jusqu’ici?»

Des promesses

Dans la presse, le directeur de Smood, Marc Aeschlimann, a promis début août de réengager jusqu’à 150 personnes. Selon un communiqué de Syndicom, Smood allait faire une offre d’emploi aux livreurs, ce qui leur permettrait «de profiter de la CCT Smood»: «Celle-ci comprend par exemple une durée minimale d'engagement de 2 heures, au lieu d'engagements à la minute comme chez Simple Pay, une garantie d’engagements d’au moins 4 heures par semaine et une réglementation claire pour le remboursement des frais.» Syndicom attend des deux sociétés qu'elles aident les employés à changer de poste, qu'elles les soutiennent dans cette démarche et qu'elles assument leurs responsabilités. «Cela implique à la fois que les postes soient effectivement proposés et qu'il n'y ait pas d'interruption de l'emploi. Les droits du passé doivent également être réglés. Cela nécessitera probablement des provisions de la part de Simple Pay», explique David Roth, secrétaire central du secteur logistique. Celui-ci ajoute: «Smood et Simple Pay partagent cette responsabilité. Nous demandons une solution de raccordement pour tous, sans période de transition et avec le même volume de travail. Simple Pay doit aussi soutenir les personnes qui cherchent une autre perspective qu'un travail chez Smood.»

Au moment de la rédaction de cet article, aucune garantie n’était donnée. Du reste, l’affaire rappelle le licenciement collectif qui avait eu lieu, au printemps dernier, chez Allô Service qui offrait ses prestations à Smood. Sur environ 250 personnes mises à la porte, quelques dizaines seulement avaient été engagées. Roman Künzler, responsable transport et logistique d’Unia ne se dit pas surpris par cette cessation d’activités. «Le scénario était attendu. Smood, qui était la raison de la création de Simple Pay, est maintenant en train de tuer cette société. Smood (et Migros) essaient ainsi de se débarrasser de leurs responsabilités envers leurs livreurs. On assiste actuellement au même modèle entre Uber et MITC, à la différence que cette dernière ne s’est pas annoncée comme société de location de services, alors que c’en est une!»

Quid des arriérés?

D’autres questions restent en suspens, dont une est clairement posée par un travailleur lors de l’assemblée organisée par Unia: «Comment récupérer les milliers de francs que Simple Pay nous doit?» Et une ancienne employée de lancer: «On peut toujours rêver, on nous a tous volés! La faillite de la boîte nous pend au nez…»

Pour mémoire, le 2 novembre 2021, les livreurs de Smood avaient entamé une grève avec Unia, d’abord à Yverdon, puis partout en Suisse romande, pour dénoncer des conditions de travail délétères dont des frais non payés. En mai 2022, des plaintes ont été déposées auprès des Tribunaux de prud’hommes de quatre cantons. Quelques jours plus tard, une convention collective de travail très critiquée avait été conclue entre Syndicom et Smood, sans une réelle consultation des travailleurs. Son entrée en vigueur est fixée au 1er octobre. «Cela ne va pas changer grand-chose à la situation des travailleurs, car y figurent en très grande partie les conditions déjà en application obtenues pendant la grève, assène Roman Künzler. Le paiement des frais, notamment de voiture, n’est pas clair. Elle ne règle pas les enjeux clés comme le calcul de la distance faite pour l’employeur avec sa voiture privée.» A noter encore qu’il n’y a ni 13e salaire ni 5e semaine de vacances pourtant prévus dans la CCNT de l’hôtellerie-restauration déjà obligatoire pour Smood, mais qui refuse de l’appliquer.

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