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Far west en Valais: des monteurs en constructions métalliques payés au lance-pierre

Les travailleurs intérimaires, venant de Pologne, de Slovénie, de Lettonie et des Pays-Bas, étaient payés 14,98 euros l’heure pour construire l’héliport de l’hôpital de Sion. La CCT de la branche prévoit le double. Leurs frais de repas étaient également réduits drastiquement.
© Thierry Porchet

Les travailleurs intérimaires, venant de Pologne, de Slovénie, de Lettonie et des Pays-Bas, étaient payés 14,98 euros l’heure pour construire l’héliport de l’hôpital de Sion. La CCT de la branche prévoit le double. Leurs frais de repas étaient également réduits drastiquement.

La semaine dernière, Unia a dénoncé un cas de dumping salarial sur le chantier de l’héliport de l’Hôpital de Sion. La direction des travaux a réagi le jour même

«Si tous les cas de dumping salarial étaient réglés aussi vite, ce serait génial!» Le responsable construction et artisanat d’Unia en Valais, Serge Aymon, ne cachait pas sa satisfaction la semaine dernière. A la suite de la dénonciation du syndicat, la direction des travaux de l’Hôpital de Sion a réagi immédiatement. Les travailleurs temporaires d’une entreprise de location de service hollandaise devront donc être payés au tarif exigé par la Convention collective de travail de la construction métallique. De surcroît, les activités illégales de cette société doivent également être réglées, car la Loi sur le service de l’emploi (LSE) interdit la location de services de l’étranger vers la Suisse. Or, l’entreprise hollandaise Bayards Aluminium Constructions a mandaté l’entreprise de location de service de son pays We Work Heart. Cette dernière a engagé des travailleurs de Pologne, de Slovénie, de Lettonie et des Pays-Bas.

Violation de la loi et de la CCT

Le communiqué d’Unia a été publié le matin du 9 novembre. Il dénonçait cette situation et précisait que les monteurs de l’héliport du nouvel hôpital de Sion n’étaient payés que 14,98 euros l’heure. «Selon la Convention collective de travail, ils auraient pourtant droit à 29,90 francs l’heure», indiquait le syndicat, en demandant à la direction de l’Hôpital de Sion «de mettre un terme à la violation de la loi sur son chantier et de veiller à ce que les employés reçoivent leur salaire complet».

Les monteurs étaient également lésés au niveau des frais en ne recevant que 10 francs par jour pour les repas, alors que la CCT prévoit 18 francs. «En tout, les travailleurs se font escroquer de quelque 3000 francs par mois. Au moins, car depuis le 22 octobre, ils n’ont plus reçu de salaire du tout, bien qu’un paiement hebdomadaire ait été convenu», s’est encore insurgé Unia.

«La direction de chantier a été très surprise par cette situation et a indiqué vouloir intervenir immédiatement auprès du mandataire pour corriger le tir», a confié Serge Aymon, l’après-midi même. Dans un communiqué, la direction de l’Hôpital du Valais a précisé vouloir «tout entreprendre pour faire respecter les conditions minimales en vigueur en Suisse»: «Cet engagement a été confirmé à la mi-journée au sortir d’une rencontre constructive avec les représentants du syndicat Unia». L’Hôpital du Valais a par ailleurs ajouté que les travaux d’extension de l’établissement ont été attribués «à des entreprises suisses et valaisannes dans 98% des cas».

Les travaux de construction métallique de l’héliport confiés à la société hollandaise ont eux commencé le 16 octobre et sont prévus jusqu’à fin décembre.

Plus largement, ce cas flagrant de dumping salarial démontre, selon le syndicat, «une fois de plus l’importance des mesures d’accompagnement en vigueur». Et de conclure: «Elles seules permettent de protéger tous les travailleuses et travailleurs en Suisse contre les abus et le dumping salarial, quelle que soit leur origine. Pour Unia, il n’est pas question de détériorer les mesures d’accompagnement, elles doivent au contraire être améliorées.»

 

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