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Discrimination salariale, violences sexistes et sexuelles: ces dernières semaines ont mis en lumière les combats récurrents que doivent encore et toujours mener les femmes et, plus largement, l’ensemble de la société. Sur le front de l’emploi d’abord où les rémunérations continuent d’avoir un sexe, les compétences de s’apprécier différemment selon le genre, comme l’a révélé la dernière enquête sur la structure des salaires de l’Office fédéral de la statistique (OFS). En 2020, les travailleuses ont gagné 18% de moins que leurs homologues masculins pour un même job contre... 19% deux ans auparavant. Bonjour le progrès. Une amélioration qui n’en est toutefois même pas une puisque les discriminations sont, elles, à la hausse. La part inexpliquée des disparités a en effet augmenté, constituant quasi la moitié de celles-ci. En d’autres termes, si des facteurs objectifs peuvent justifier certaines inégalités comme la formation ou l’ancienneté, il reste une large zone d’ombre, en progression constante depuis 2014, basée sur aucun fondement hormis le seul fait d’être une femme. Exprimée en valeur monétaire, cette différence gratuite – mais particulièrement coûteuse pour celles qui en font les frais – s’élève en moyenne à 717 francs brut par mois. La part inexpliquée des inégalités salariales est plus marquée dans les petites entreprises. De quoi mesurer la pertinence de la révision minimaliste de la Loi fédérale sur l’égalité entre les hommes et les femmes (LEg) entrée en vigueur en 2020. Pour mémoire, ce tigre de papier demande uniquement aux sociétés employant 100 collaborateurs et plus de procéder à des analyses de salaires. Et ne prévoit aucune sanction pour celles violant la législation supposée garantir, depuis 1996 déjà, une égalité de traitement entre les sexes.

Les statistiques de l’OFS illustrent une fois de plus la faiblesse, largement critiquée par les syndicats, de la LEg. Elles projettent une lumière crue sur ce jeu pitoyable du «Hâte-toi lentement» où paroles et belles promesses ont supplanté l’introduction de règles intransigeantes efficaces. Et prennent de nouveau en défaut le gouvernement et sa majorité bourgeoise qui ont défendu, droits dans leurs bottes, l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes – acceptée du bout des lèvres le 25 septembre dernier en votation populaire – au nom d’une égalité parfaitement virtuelle. Un laisser-faire qui, bien sûr, profite aux milieux patronaux économisant des milliards sur le dos de salariées...

Discriminées au travail, les femmes ne sont par ailleurs guère protégées dans la sphère privée. Une situation qu’elles ont dénoncée le 25 novembre, lors de la Journée internationale contre les violences sexistes et sexuelles. L’occasion de rappeler quelques chiffres effroyables: en Suisse, selon l’association Stop Féminicide, une femme meurt tous les quinze jours tuée par son mari, son ex-partenaire, son frère ou son fils et parfois par un inconnu. Chaque semaine, une victime survit à une tentative de féminicide.

Dans un registre comparable, la bataille en faveur de l’introduction de la notion de consentement dans la révision du droit pénal en matière sexuelle a aussi mobilisé les troupes. Une pétition allant dans ce sens munie de plus de 40000 signatures et soutenue par 50 organisations a été remise le 21 novembre à la Chancellerie fédérale. Avec l’idée d’influer sur le débat au Conseil national appelé à trancher cette question en gardant en tête que «Seul un oui est un oui».

Autant d’exemples d’injustices, voire de drames, découlant d’un patriarcat condamné à se dissoudre dans une organisation sociétale dépoussiérée garantissant les mêmes droits pour chaque personne. Et une invite à poursuivre la lutte et à réserver d’ores et déjà la date du 14 juin consacrée à la Grève féministe et à ses enjeux pluriels.