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«Ikea méprise les travailleurs»

Pour livrer sa marchandise, le magasin Ikea de Vernier près de Genève veut travailler avec une entreprise française offrant des salaires de 1680 euros par mois (1900 francs)
© Thierry Porchet

Pour livrer sa marchandise, le magasin Ikea de Vernier près de Genève veut travailler avec une entreprise française offrant des salaires de 1680 euros par mois (1900 francs). Soit 50% de moins qu’un travailleur suisse… 

Trusk est sur le point de lancer un service de livraison pour le géant suédois à Genève et entend payer des salaires français. Unia dénonce un scandale. Les autorités réagissent

Des offres d’emploi pour le moins surprenantes circulent depuis peu sur les réseaux sociaux. Des missions temporaires de 35 heures par semaine dans le transport, rémunérées 1680 euros par mois, avec 50% des frais de déplacement pris en charge par l’entreprise. Sauf que, comme le révèle le 20 minutesdu 29 janvier, le poste à pourvoir est à Genève… Derrière cette annonce, la start-up française Trusk, active dans le service de livraison, qui travaille déjà avec Ikea en France et qui souhaite expérimenter un partenariat avec Ikea à Vernier. Selon nos confrères, Trusk aurait ouvert une filiale à Genève, mais étant «en phase de test», ils s’autorisent à recruter des Français, payés en euros sur la base de salaires français. «Si l’essai est validé, on basculera très vite sur une équipe suisse avec des contrats suisses», promet Trusk dans les colonnes du 20 minutes. Interrogé, le magasin de meubles estime que les salaires français ne sont «pas idéaux», mais «acceptables vu qu’il s’agit d’une phase transitoire». 

Provocation

Pour Umberto Bandiera, en charge du secteur des transports en Romandie pour Unia, on nage en plein délire. «C’est de la provocation, on ne peut pas sérieusement tenir de tels propos. Il s’agit d’expérimenter un système sur le dos des travailleurs: en plus d’être tout à fait illégal et scandaleux, c’est un mépris total pour les travailleurs de la branche.» 

Certes, la livraison à domicile, de plus en plus prisée, devient une plus-value importante sur le marché et Ikea fait face à une forte concurrence dans ce domaine. «La démarche d’Ikea n’est pas surprenante, mais ce qui dérange, c’est la façon de procéder. L’intégralité du travail étant à Genève, Trusk doit respecter les usages, les conditions de travail et les salaires en vigueur genevois.» 

Concrètement, les livreurs, obligatoirement soumis au contrat-type de travail des déménageurs, doivent être rémunérés entre 3780 et 4140 francs par mois. «Nous sommes bien loin des 1680 euros par mois, soit environ 1900 francs.» Pour le syndicaliste, il est insupportable que des multinationales de cette envergure cautionnent ce genre de pratiques, dans le seul but d’augmenter leurs marges. «Ikea doit tenir ses engagements et prendre ses responsabilités afin que le partenariat commercial avec Trusk se fasse dans les règles de l’art.»

Réactions vives

Par ailleurs, Unia, qui n’exclut pas de faire des actions publiques si rien ne bouge, somme les autorités de réagir vite pour contrer ce phénomène. Sitôt l’article paru, le maire de Vernier, Pierre Ronget, a déclaré lors du Conseil municipal du même jour qu’une demande de rencontre avec Ikea allait être formulée pour y remédier. «La lettre est partie mercredi, confirme Pierre Ronget. Cette situation est gênante et nous le disons. Cette façon de faire rompt avec l’esprit et les principes existants au moment où nous avions octroyé le droit de superficie à Ikea. Pour nous, il est fondamental d’avoir une gestion exemplaire.»

De son côté, le Conseil d’Etat genevois assure suivre le dossier avec la plus grande attention. «L’économie évolue mais le cadre légal ainsi que la paix sociale doivent être respectés», souligne Laurent Paoliello, porte-parole du Département de l’emploi, contacté par nos soins. «Nous devons répondre à la problématique globale de l’intégration des nouvelles formes d’économie dans notre cadre juridique. Une réflexion profonde sur l’uberisation de notre économie est en cours. Nous avons consulté toutes les parties concernées à plusieurs reprises, les syndicats, Uber, les services cantonaux de l’emploi ou encore l’inspection du travail afin d’avoir une vision la plus complète possible.» Mauro Poggia, conseiller d’Etat en charge du dossier, devrait officiellement prendre position sur le sujet dans les jours à venir…

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