Dans le canton de Vaud, jeunes et syndicats dessinent les contours de la mobilisation du 15 mai prochain
Une petite centaine de personnes ont répondu à l’appel de l’Union syndicale vaudoise (USV) et de la Grève du climat Vaud. En cette soirée du 27 février, des travailleurs, des étudiants, des permanents et militants syndicaux, des retraités ont planché sur différents thèmes, tels que bâtiments et énergie, travail, reconversion, santé, mobilité, retraites, agriculture, éducation, avant d’esquisser les diverses possibilités de mobilisation le 15 mai prochain, date de la Grève pour l’avenir. Dans la salle Jean-Villard-Gilles de la Maison du peuple à Lausanne, en préambule, la Grève du climat rappelle les revendications d’une jeunesse déterminée: la déclaration de l’état d’urgence climatique, le bilan net d’émissions de CO2 en 2030 et la justice climatique. «Ce dernier point, encore trop peu médiatisé, doit être construit avec les syndicats et avec le monde paysan. Cette écologie sociale ne doit pas être celle des taxes et des discours libéraux, explique Mathilde Marendaz, de la Grève du climat. Cette crise touche tout le monde, et pas seulement les étudiants. D’où l’importance d’étendre notre mouvement social, avec les enseignants et sur tous les lieux de travail, pour que le 15 mai soit une grève qui touche le plus possible l’économie.»
Bâtiments et énergie
Pour faciliter les échanges horizontaux, collaboratifs, plusieurs groupes se forment, en cercle. «Les jeunes bousculent nos habitudes de travail», sourit Valérie Borloz, secrétaire de l’USV.
Dans le groupe intitulé «Bâtiments et Energie», le délabrement des bâtiments scolaires, et avec lui la déperdition d’énergie, est évoqué par une militante du syndicat Sud. Un jeune architecte «frustré» souligne le caractère obsolète de bâtiments neufs. Pietro Carobbio, responsable de la construction à Unia Vaud, relate les récriminations des ouvriers: «Sur les chantiers, les ouvriers se plaignent de devoir faire du mauvais travail, car les plans sont faux, l’organisation impossible, les délais intenables. Tout le monde est sous pression. A cela s’ajoutent les déplacements. Des entreprises de Lausanne vont à Fribourg et vice-versa. La seule loi pour les adjudications des travaux, c’est le prix. Or, les critères doivent intégrer la durabilité, les émissions de CO2…» Le secrétaire syndical insiste encore sur l’importance de protéger les travailleurs lors des canicules – de plus en plus fréquentes et intenses – par une instance, tel le médecin cantonal par exemple, qui pourrait interdire le travail. «Les entreprises devraient être indemnisées. Il s’agirait donc de changer la Loi sur l’assurance chômage intempéries», appuie-t-il en aparté.
Sensibilisation essentielle
Après une restitution des différents groupes de réflexion, de nouvelles discussions s’engagent, notamment sur les modes d’action et l’avancée de la sensibilisation des salariés, ainsi que dans les assemblées de branche en ce qui concerne Unia Vaud. Un ergothérapeute, militant d’Extinction Rebellion, propose d’organiser des conférences pour conscientiser les personnes directement sur leur lieu de travail. Des secrétaires syndicaux du SSP indiquent, entre autres, l’organisation d’une assemblée le 19 mars à midi au Chuv et l’élaboration d’un cahier de revendications dans l’enseignement. Yves Sancey, chargé de communication au SEV, spécifie pour l’heure que «l’idée générale est que le SEV soit audible et visible durant cette journée, car les transports publics sont une partie de la solution».
«La crise climatique, c’est l’occasion de remettre en question tout un système d’exploitation de l’humain et de la planète. Le discours de la croissance infinie, credo capitaliste, n’est plus tenable. Pour les syndicats, c’est une opportunité de soulever des problématiques. Cela passe par une réflexion à mener avec leurs membres sur une transition nécessaire», souligne Valérie Borloz, avant de résumer les discussions ainsi: «La mission des syndicats est aujourd’hui de faciliter l’organisation du 15 mai, par un appui logistique, mais aussi d’impulser la mobilisation.»
Prochaines dates: le 15 mars, des assemblées populaires seront organisées un peu partout en Suisse. Des mobilisations auront lieu le 24 avril, ainsi que du 1er au 3 mai. Le 15 mai, un maximum de bruit à 11h59 et de grandes manifestations en fin d’après-midi sont d’ores et déjà prévus un peu partout en Suisse. Et comme l’explique le site de la Grève pour l’avenir: «Les crises et les luttes étant liées, chacune et chacun, chaque groupe, chaque collectif, chaque organisation peut se mettre en grève pour des motifs et des revendications qui lui sont propres.»