Témoignages
Antonio Iria, président du comité du gros œuvre d'Unia Genève
«Nous sommes là pour revendiquer le maintien de la retraite anticipée à 60 ans que le patronat tente de nous retirer, pour demander une augmentation salariale de 150 francs et pour s'opposer à ces 300 heures flexibles. Sans oublier le scandale des licenciements des travailleurs âgés, réengagés en tant que temporaires. Je suis très content de cette manifestation: cette forte mobilisation montre que la colère est très étendue dans nos métiers.»
José Andion, préretraité
«Ça suffit! On ne peut pas continuer comme cela. Aujourd'hui, nous disons aux patrons que nous ne sommes pas d'accord avec ce qu'ils préparent. Nous refusons de revenir sur nos acquis durement obtenus. Ils doivent se rasseoir à la table des négociations et entendre nos revendications. J'ai travaillé pendant 32 ans pour la même entreprise, et les dernières années avant ma retraite anticipée, j'ai senti la pression monter et j'ai vu les accidents se multiplier sur les chantiers. Les employeurs sont en train de faire des ouvriers du bâtiment des esclaves. Cette manifestation est l'occasion pour moi de retomber sur des anciens collègues qui me disent que l'explosion de travailleurs temporaires est catastrophique. On ne peut pas travailler correctement dans ces conditions.»
Julien*, grutier depuis 10 ans
«Les employeurs essaient de faire passer des semaines de travail à 50 heures: qu'ils viennent déjà voir ce que cela représente de bosser 45 heures hebdomadaires sur les chantiers en été... Les métiers du gros œuvre sont pénibles et très difficiles. Arrivés à 50 ans, les maçons sont usés. Malgré tout, les employeurs parlent de remettre en cause la retraite à 60 ans, c'est inacceptable!
C'est surtout pour lutter contre ça que je trouve important de se mobiliser. On nous demande d'aller toujours plus vite, ce qui cause de plus en plus d'accidents. Quant aux temporaires, je n'ai rien contre eux, car nous en avons besoin pour nous adapter aux fluctuations du volume de travail, mais il ne faut pas en abuser.»
*Prénom d’emprunt
Photos Thierry Porchet