La convention collective de travail de la branche industrielle a été renouvelée, avec des améliorations à la clé, tandis que les salaires minimums sont augmentés de 4,5%
A Genève, la branche de la mécatronique dispose depuis le début de l’année d’une nouvelle convention collective de travail (CCT). Négocié par les partenaires sociaux, l’Union industrielle genevoise, d’un côté, et, de l’autre, Unia, le nouveau texte précise certaines dispositions et apporte quelques améliorations. Nous avons rencontré deux militants qui ont participé aux négociations pour le renouvellement.
«Nous avons donné un petit coup de jeune à la CCT et l’avons rendue plus précise», indique Charles-Henri Martin. Président du comité des métaux et de la mécatronique d’Unia Genève, ce mécanicien de machines travaille depuis 27 ans chez Niklaus LNI, la société connue pour fabriquer des accessoires pour l’industrie du luxe. L’article concernant les obligations de l’employeur a ainsi été passablement remanié. «Nous avons créé deux paragraphes consacrés à la protection de la santé et la sécurité au travail, ainsi qu’à la protection de la personnalité», explique Jean-Marc Boisson. Ce technicien méthodes chez le concepteur de capteurs LEM affiche, lui, 36 ans de boîte au compteur. Il a réalisé une synthèse des changements de la CCT qu’il a diffusée dans son entreprise.
«Un autre point important, c’est que nous avons pu étendre la protection des salariés les plus âgés. En cas de licenciement, les travailleurs à partir de 50 ans, au lieu de 55 ans, obtiennent un mois supplémentaire de délai de résiliation. J’ai un collègue en janvier qui a déjà été concerné.» Une disposition saluée par le secrétaire syndical d’Unia Genève en charge de l’industrie, Alejo Patiño: «Dans l’industrie, nous sommes de plus en plus confrontés aux licenciements des employés de plus de 50 ans, un mois supplémentaire, même si cela reste modeste, est un signal intéressant.»
Prise en compte des diplômes français
Toutes les revendications élaborées par le comité des métaux n’ont cependant pas passé la rampe. «Nous avions demandé un jour de congé supplémentaire, mais cela a été niet d’entrée. L’adaptation automatique des salaires a également été refusée. Et en 2023, nous avons eu zéro augmentation des salaires minimums», regrette Charles-Henri Martin.
Faute d’accord salarial avec les employeurs, Unia avait toutefois saisi la Chambre des relations collectives de travail (CRCT), car celle-ci avait imposé à la branche, après des cas de dumping salarial graves, un contrat-type de travail avec des salaires minimums impératifs. Ceux-ci ont été augmentés de 4,51% dès le 1er janvier 2024, un joli rattrapage.
«La grille des salaires minimums de la mécatronique est remarquable et unique en Suisse à ma connaissance avec une prise en compte de l’ancienneté et des diplômes français. Sur les parkings des entreprises, on voit que deux tiers des véhicules sont immatriculés en France, cette reconnaissance des certificats français permet d’améliorer les salaires des collègues frontaliers et de lutter contre le dumping», indique Alejo Patiño.
Charles-Henri Martin a participé à six négociations de CCT. «C’est toujours positif, même si on n’obtient pas tout ce qu’on veut», estime le mécanicien. «Sans CCT, nous travaillerions 45 heures et le samedi matin, je le dis parfois à des collègues pour les réveiller», souligne Jean-Marc Boisson. «Malgré une situation difficile, cette CCT continue à vivre et à s’améliorer, elle permet de maintenir un cadre correct pour les salariés de la branche et de combattre la sous-enchère», conclut Alejo Patiño. Pour la présenter aux salariés, le syndicat va organiser des tractages dans les entreprises et des réunions dans les quartiers en fin de journée.