La seconde vague de Covid-19 frappe violemment résidents et soignants entraînant, outre le risque d’infection, une surcharge de travail et un manque de personnel. Unia exige la protection accrue des employés
Stéphanie* est aide-soignante dans un établissement médico-social (EMS) genevois, et ces derniers jours, c’est la boule au ventre qu’elle va travailler. «En très peu de temps, 25 résidents ont été testés positifs au coronavirus, soit un tiers d’entre eux. Du côté du personnel, 15 collègues ont été touchés, dont une partie est en arrêt maladie. Toute l’organisation de travail est chamboulée, les consignes ne sont pas claires, même pour nous qui avons de l’expérience et, en plus de cela, chaque jour ce sont de nouveaux intérimaires qui ne connaissent pas les lieux qui remplacent le personnel absent.» Stéphanie se dit épuisée: «Le travail est plus stressant, sans oublier la peur d’être contaminée et de ramener le virus à la maison. Certains collègues en attente des résultats de leur test de dépistage ou testés positifs mais asymptomatiques ont été appelés à continuer le travail...»
Le cas exposé n’est hélas pas isolé. Partout en Suisse, la deuxième vague de Covid-19 touche beaucoup plus lourdement les résidents et le personnel des EMS. Les cas de contamination explosent de jours en jours. Un communiqué de presse d’Unia du 12 novembre fait notamment état de 14 établissements concernés sur 54 dans le canton de Neuchâtel, plus de 350 résidents infectés dans le canton de Vaud, plusieurs centaines au Tessin et quelque 600 employés de maisons de retraite en quarantaine ou en isolement à la suite d’une infection avérée au coronavirus dans le canton de Berne.
Craintes
Les soignants, en première ligne, sont non seulement exposés au risque d’infection mais aussi à une surcharge de travail. Inquiets, des membres d’Unia ont signalé de graves pénuries de personnel dans certaines institutions et des appels à venir au travail, même en cas de suspicion de contamination au coronavirus. Pour le syndicat, il est urgent de protéger le personnel de santé. Dans un texte d’orientation, ce dernier exige des mesures immédiates de la part des autorités cantonales compétentes. «Alors que les autorités et les politiques se concentrent sur les capacités des unités de soins intensifs et sur la situation dans les hôpitaux, les EMS semblent de nouveau oubliés», déplore Yolande Peisl-Gaillet, coresponsable de la branche des soins d’Unia. Non seulement les résidents, mais aussi les soignants doivent être mieux protégés!»
Revendications
Dans un premier temps, Unia demande que la quarantaine ordonnée soit respectée. «Nous nous opposons aux autorisations établies pour les EMS permettant une affectation au travail malgré l’obligation de quarantaine, poursuit la syndicaliste. Les employés qui présentent des symptômes, qui sont en attente de passer un test ou du résultat et, bien entendu, qui sont en isolement à la suite d’une infection avérée au Covid-19, ne doivent en aucun cas être appelés à travailler.»
Par ailleurs, Unia appelle à renoncer aux transferts des patients Covid-19 des hôpitaux vers les homes. «Ils ne sont pas conçus, aussi bien en termes de structure du personnel que d’infrastructure, pour dispenser des soins palliatifs à des patients en phase terminale, insiste Yolande Peisl-Gaillet. Un tel transfert est d’autant plus imprudent que les résidents des homes font partie du groupe à haut risque.»
Enfin, le syndicat exige des autorités cantonales et des employeurs qu’ils préviennent par tous les moyens la surcharge en travail des employés, par exemple en assurant une coordination des ressources en personnel par le biais de pools. «Les dispositions minimales de la Loi sur le travail doivent être respectées en tout temps et ne doivent pas être assouplies ou suspendues à l’avenir», conclut-il.
*Prénom connu de la rédaction.
Lien ver le texte d'orientation: unia.ch