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«Le travail temporaire génère de la précarité»

Une banderole Unia disant stop au travail intérimaire sur les chantiers déroulée devant un bâtiment en construction.
© Thierry Porchet

Unia Genève se bat depuis longtemps contre l’explosion du travail temporaire dans la construction. Le syndicat a mené plusieurs actions, notamment durant l’hiver 2017-2018. En janvier de l’année dernière, Marti Construction était épinglé sur ce chantier, la société y occupait 66% d’intérimaires.

Alors que Swissstaffing a réussi à contrer la limitation du travail temporaire sur les chantiers publics genevois, le Conseil d’Etat entend procéder à une révision légale. Unia réagit

En 2017, le canton de Genève revoyait son Règlement sur la passation des marchés publics (RMP) et limitait le taux de travailleurs temporaires sur ses chantiers à 20%. A l’époque, Unia, qui préconisait une limitation à 10%, ne trouvait toujours pas assez sévère le règlement, vu les nombreuses exceptions qu’il prévoyait. De son côté, Swissstaffing, l’association faîtière des agences d’emploi intérimaire, invoque la restriction de la liberté économique de ses entreprises et dépose un recours. Le règlement est suspendu en octobre 2017. Un peu plus d’une année après, en décembre 2018, la Chambre constitutionnelle de la Cour de justice du canton de Genève donne raison à Swissstaffing et annule toutes les dispositions du règlement en question. Un mois plus tard, dans un communiqué, cette dernière se réjouit qu’aucun recours auprès du Tribunal fédéral n’ait été formulé par le Conseil d’Etat genevois.

Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia Genève, a appris la nouvelle avec surprise à travers le communiqué de presse de Swissstaffing. «La manière dont l’association patronale crie victoire est scandaleuse. Il faut arrêter de faire croire que les jeunes veulent de la flexibilité et trouvent leur compte dans le travail temporaire. En tant que syndicat, nous voyons tous les jours que ce dernier est une contrainte, faute de trouver mieux. Et il est avéré que les risques liés à la sécurité au travail sont plus élevés auprès des temporaires. Dans ses prises de position qui figurent dans le jugement, le Conseil d’Etat genevois se prononce d’ailleurs clairement sur les risques que génère le travail temporaire et conclut sur l’urgence de le limiter.»

Modification législative à venir

Dans l’arrêt, la Chambre constitutionnelle de la Cour de justice stipule que le canton ne dispose pas de base légale suffisante. «Cela a été jugé sur la forme, pas sur le fond», constate le syndicaliste.

De son côté, le Conseil d’Etat a annoncé sa volonté de procéder à une révision légale. «La conclusion tirée par le canton est la bonne, et nous la saluons, poursuit Alessandro Pelizzari. Si on ne peut pas changer le règlement, on change la loi.»

Pour le moment, aucun calendrier n’a été fixé, mais Unia prend les choses très au sérieux. «Nous avons sans tarder commencé à travailler sur nos revendications en matière de limitation du travail temporaire et nous interviendrons activement dans le processus législatif. Il est également important que nous impliquions nos membres dès maintenant, sachant que beaucoup de maçons intérimaires étaient engagés dans les mobilisations de cet automne.»

En parallèle, les syndicats genevois continuent de se battre pour négocier avec les patrons de la construction une limitation du travail temporaire sur tous les chantiers du canton au sein des différentes CCT locales du secteur.

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